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Digression sur Izetbegovic

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Nicolas
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Rantanplan
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Message par Invité Mer 3 Oct 2007 - 1:53

Rantanplan a écrit:Simple éventualité, soutenue par un incident qu'on n'a pas tiré au clair. En revanche, l'insinuation implicite comme quoi on aurait le "droit" d'assassiner quelqu'un pour la seule raison qu'il serait "musulman", je connais. C'est même ce qui m'a convaincu qu'il n'y avait aucune bonne raison de ne pas étendre la qualification de "nazi" au-delà de sa définition conventionnelle.

Peut-être faut-il aussi équitablement rappeler que pour certains musulmans tout européen est un "croisé", que la lettre du Coran intime l'ordre de tuer tout qui n'est pas musulman pour ce seul motif, et qu'il est loisible à chaque musulman — du moins à chaque sectateur de cette chose désolante et obscurantiste qu'est le sunnisme — de revenir à cette lettre autant qu'il veut.

Il y a donc des "nazis" partout. (Rappelons incidemment le cas de ce cher Izetbegovic, par ailleurs auteur d'un désagréable manuel du petit totalitaire fou-furieux avec son Manifeste islamique.)

Cela posé, on a le droit de préférer certains nazis à d'autres si on est collectionneur nationalsocialistophile. Ou de n'en préférer aucun si on est nazistophobe. Et accessoirement de préférer à tout prendre les nazis francs du collier à ceux qui en plus d'être nazis posent en perpétuelles victimes alors qu'un simple état des lieux prouve que là où ils s'installent sans résistance ils éliminent ce qui ne leur plaît pas au moins autant que les autres nazis.

Bref, et c'est là que l'argument est faible je crois, on a rarement vu des Juifs manifester violemment un antinazisme virulent qui serait allé jusqu'au génocide des Allemands. Ni même des Bavarois ; ou disons des Schleswigiens. Si bien que si l'on pouvait résister à la tentation d'appliquer le terme nazi hors d'un contexte très déséquilibré et particulier, où les uns tuent les autres en masse sans que les autres manifestent seulement la volonté du symétrique, le débat y gagnerait sans doute ce qu'il y perdrait de caricatural.
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Message par Rantanplan Mer 3 Oct 2007 - 5:20

Il y a des nazis musulmans, il y a des nazis anti-musumans ; et tous les nazis sont des criminels puisqu'ils nient le Droit des autres sous prétexte qu'ils auraient la mauvaise race ou la mauvaise religion.
Il y a aussi des gens que la lecture de la Loi islamique, de la Sunna et des Hadiths, conduit à penser que les musulmans qui ne sont pas des nazis ne sont pas de vrais musulmans, mais dans ce cas Alija Izetbegovic n'était pas un vrai musulman.

auteur d'un désagréable manuel du petit totalitaire fou-furieux avec son Manifeste islamique
[La fable de l'islamisme bosniaque
par Noel Malcolm :

Extraits de Noel Malcolm : "Bosnia, A Short History". 2ème édition mise à jour, Londres-Basingstoke, Papermac, 1996, pp. 207-210.[...]
Le Président de Bosnie Alija Izetbegovic n'a jamais eu l'intention d'instaurer un état "islamiste" en Bosnie (qui n'a d'ailleurs jamais connu ne serait-ce qu'un semblant de réalisation).]


Le procès de 1983 et la "déclaration islamique"

Avec [le] climat qui se développait dans l'opinion serbe au cours des années 1970 et du début des années 1980, les autorités de Bosnie étaient sur leurs gardes face à toute expression d'un renouveau religieux musulman qui puisse avoir des implications politiques.

Le gouvernement républicain de Bosnie n'était pas inspiré, il faut le préciser, par l'hostilité anti-Musulmans du récent nationalisme serbe.
Bien au contraire, sa politique était de préserver la politique communiste officielle d'extinction progressive de tout élément religieux dans les identités nationales. Il était donc tout autant alarmé par toute apparence de politique inspirée par la religion chez les Musulmans qu'il pouvait l'être par le renouveau de l'alliance entre le nationalisme et l'Orthodoxie chez les Serbes : il pouvait bien voir que tout développement du premier fournirait des munitions au second.
Les membres du clergé musulman devenaient de plus en plus ouverts dans leur critique du système communiste ; et après la révolution iranienne de 1979, il y eut des histoires de portraits de l'Ayatollah Khomeini apposées sur des fenêtres bosniennes, qui causèrent un frisson d'inquiétude supplémentaire. Alors que c'était leur propre politique de "non-alignement" qui avait tiré l'Islam de son marasme en Bosnie et développé ses contacts avec le reste du monde musulman les autorités décidèrent d'agir à l'encontre de tout accroissement de popularité de la foi islamique. En 1979, on invita un communiste Musulman, Dervis Susic, à publier dans le journal Oslobodjenje de Sarajevo une série d'articles extraits d'un ouvrage qui exposait la collaboration de dirigeants du clergé musulman avec les Oustachis et les Allemands pendant la seconde Guerre mondiale. Quand Susic fut attaqué pour cela dans Preporod ["renaissance"], publication officielle de la communauté musulmane, il fut publiquement défendu par le représentant le plus en vue de la politique officielle en matière de religion, le Professeur Fuad Muhic de l'Université de Sarajevo. Le plus puissant des Musulmans communistes, Hamdija Pozderac, se joignit aussi à la bande, lançant des attaques publiques contre ce qu'il appelait le "panislamisme" [A.
Popovic, L'Islam balkanique: les musulmans du sud-est européen dans la période post-ottomane, Osteuropa-Institut an der freien Universität Berlin: balkanologische Veröffentlichungen, vol. 11, Berlin, 1986, p. 355 ; Z. T. Irwin, "The Islamic Revival and the Muslims of Bosnia-Herzegovina", East European Quarterly, vol. 17, 1984, pp. 448-51].

C'est dans ce contexte que se produisit la plus connue des répressions contre des militants musulmans de Bosnie : le procès à Sarajevo en 1983 de treize personnes accusées d'"actes hostiles et contre-révolutionnaires inspirés par le nationalisme musulman".
L'accusé principal était Alija Izetbegovic, fonctionnaire administratif des chemins de fer de Bosnie, qui avait rédigé sa "Déclaration islamique" treize ans auparavant. Lui-même et trois autres accusés avaient fait partie de l'organisations des "Jeunes Musulmans" qui avait protesté contre les attaques communistes contre l'islam à la fin de la seconde guerre mondiale. On avait rassemblé contre eux ces faits-là, les accusant de ressusciter les projets d'une organisation "terroriste".
Izetbegovic fut aussi accusé, pour faire bonne mesure, de prôner la mise en place d'une démocratie parlementaire à l'occidentale.
La principale pièce à conviction était le texte de la "Déclaration islamique", qui à en croire l'accusation était un manifeste pour la création d'un état bosnien musulman ethniquement pur. Izetbegovic eut beau faire valoir que le document ne parlait pas du tout de faire de la Bosnie un pays ethniquement pur, et qu'en fait, elle ne contenait absolument aucune allusion à ladite Bosnie, le tribunal n'allait pas s'arrêter à de tels détails : il le condamna à quatorze ans d'emprisonnement, réduits à onze années en appel [Adil Zulfikarpasic, Sarajevski proces: sudjenje muslimanskim intelektualcima 1983. godine, Zurich, 1987, partic. pp. 240-1 ; H. Poulton, The Balkans: Minorities and States in Conflict, Londres, 1991, pp. 41-3].

La répression eut pour effet d'intimider les militants religieux Musulmans de Bosnie, et de renforcer pour quelque temps la position des communistes Musulmans les plus en vue, tels que Hamdija Pozderac, qui pouvaient se satisfaire d'une identité nationale Musulmane aussi longtemps que celle-ci demeurait essentiellement laïque. Mais il ne fallut guère de temps pour que cette forme-là de politique Musulmane soit aussi mise en cause, par un scandale financier spectaculaire, qui amena la chute du même Pozderac. Le scandale mettait en cause une entreprise du coin Nord-Ouest de la Bosnie, du nom d'Agrokomerc, qui avait débuté comme une entreprise d'élevage des volailles dans les années 1960 et s'était ensuite développée. En fait, sous la direction de Fikret Abdic, son directeur charismatique, elle s'était tellement développée qu'en 1987 [date du scandale] elle employait 13 000 personnes dans la région et faisait partie des trente plus grandes entreprises de Yougoslavie. Le secret de sa croissance était qu'elle avait émis des effets de commerce, à des taux d'intérêt élevés, sans la moindre garantie - chose qui n'était possible qu'aussi longtemps que les titres étaient endossés par le tampon officiel de la banque du cru (il semble queeee l'on avait apporté le tampon chez Agrokomerc, pour économiser la peine d'avoir à porter les titres à la banque). Ce n'était pas un exemple exceptionnel de la manière dont les choses se faisaient en Yougoslavie : le seul aspect peu ordinaire de la chose était l'ampleur même de l'opération, qui impliquait quand même des engagements pour plus de 500 millions de dollars. Comme le dit l'un des plus grands banquiers de Belgrade,

    "il est impossible de croire que les dirigeants des banques et les politiciens aient ignoré qu'Agrokomerc vivait au-dessus de ses moyens. Ce qu'a fait Abdic, cela se fait aussi ailleurs. Sa seule erreur est d'être allé trop loin."
De même, tout le monde savait que les plus hauts dirigeants du gouvernement de Bosnie avaient des liens avec l'entreprise, Pozderac inclus, dont le frère Hakija y touchait sa paie comme "consultant".
Abdic lui-même était membre du Comité central de Bosnie ; on dut le démissionner. Pozderac avait un poste bien plus prestigieux, celui de Vice-Président de la Yougoslavie ; il finit par donner sa démission, quoique continuant à protester de son innocence [La meilleure relation de cette affaire, dont je me suis servi ici, est celle de H. Lydall, Yugoslavia in Crisis, Oxford, 1989, pp. 168-71 (citation en p. 171) ; cf. aussi B. McFarlane, Yugoslavia: Politics, Economics and Society, Londres, 1988, pp. 171-2, et Branko Magas, Destruction of Yugoslavia: Tracking the Break-up, 1980-1992, Londres, 1993, pp. 111-12].

Abdic en particulier demeura un personnage très populaire auprès des Musulmans ordinaires, qui trouvaient qu'il s'était donné beaucoup de mal pour apporter emploi et prospérité à une région très pauvre de la Bosnie. Beaucoup étaient convaincus que toute l'affaire avait été manipulée depuis Belgrade comme moyen de dégommer quelques-uns des politiciens Musulmans les plus en vue. Pozderac lui-même avait été candidat à la Présidence de la Yougoslavie ; il avait aussi présidé le Comité Constitutionnel qui travaillait à une nouvelle mouture de la Constitution qui, croyait-on à Belgrade, allait être "anti-serbe" dans les changements proposés. C'était certainement la pression des journaux serbes, notamment "Borba", qui avait forcé Pozderac à démissionner. Les conséquences de cette affaire étaient catastrophiques pour toute l'économie de la région Nord-Ouest de la Bosnie, avec sa population principalement musulmane.

Cet épisode symbolisait de deux manières le malaise qui frappait la Bosnie et l'ensemble de la Yougoslavie au milieu des années 1980 : tout d'abord c'était l'effondrement général d'un système économique fait de bric et de broc qui n'avait réussi à maintenir sa lancée qu'avec de l'argent emprunté. Le pays était couvert d'usines géantes qui auraient fonctionné à perte même sans les versements d'intérêts sur les prêts qui avaient financé leur création [...]

la deuxième manière dont l'affaire Agrokomerc symbolisait l'état général de la Yougoslavie tenait à ce qu'elle révélait sur toute la classe dirigeante des politiciens communistes. Pendant des décennies, le pays avait été dirigé par des dynasties locales de potentats qui avaient tiré leur épingle du jeu pendant la guerre et s'étaient très tôt propulsées à des postes où elles avaient pu développer des réseaux de pouvoir et de clientélisme. Ceux qui avaient combattu aux côtés des Partisans pouvaient s'attendre à partager avec Tito les prébendes du pouvoir pour le reste de leur existence (comme le disait une blague yougoslave :

    [Question :] "-Quelle est la différence entre la Yougoslavie et les Etats-Unis ?"

    Réponse : "- aux États-Unis vous travaillez quarante ans et vous devenez président pour quatre ans ; en Yougoslavie vous vous battez pendant quatre ans et vous devenez Président pour quarante ans").


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Message par Rantanplan Mer 3 Oct 2007 - 6:04

[L'"islamisme" d'Izetbegovic, interprétation fallacieuse de ses écrits]

[...] jusqu'alors [la fin de 1989, Milosevic] avait suivi sa préférence première, qui était de prendre le pouvoir sur toute la Yougoslavie en se servant des structures existantes du Parti Communiste et du gouvernement fédéral.
Mais cette option lui avait désormais échappé, avec la désintégration du Parti communiste et la division "verticale" de la politique yougoslave en des ensembles de partis nationaux dans les diverses républiques.

Cela ne lui avait laissé que la seconde option : si la Yougoslavie ne voulait pas se laisser dominer en tant qu'entité unique, alors il y découperait une nouvelle, un territoire serbe agrandi, qui serait à lui et à lui tout seul. Les hommes politiques slovènes et croates passèrent une bonne partie de l'année 1990 à plaider pour une transformation pacifique et négociée de la Yougoslavie d'un état fédéral en un état confédéral -c'est-à-dire d'un état où les institutions et la loi fédérales ont le pas en un autre où ce sont les Républiques qui ont le vrai pouvoir, et où les institutions fédérées ne sont que leurs mandataires communs. Mais Milosevic ne manifesta nul intérêt pour aucun des projets de ce genre.

Le premier signe patent de la nouvelle stratégie de Milosevic apparut dans la région de Knin en Croatie - une partie de l'ancienne frontière militaire ou "Krajina" à la lisière Nord-Ouest de la Bosnie [inexact : Knin se trouve en Dalmatie du Nord,qui faisait partie des possessions vénitiennes en 1630, lorsque cette "Militärgrenze" a été instituée, et que l'Autriche n'a annexée qu'en 1815 à l'issue du Congrès de Vienne : Knin n'en a donc jamais fait partie], et qui avait une population majoritairement serbe.

Aux élections d'avril 1990 en Croatie, ces Serbes s'étaient organisés en un "Parti Démocratique Serbe" (SDS) ; Milosevic s'était probablement intéressé dès le départ à cet événement, mais il semble avoir été une initiative essentiellement locale, exprimant les craintes des Serbes locaux de perdre leur identité culturelle dans la nouvelle Croatie nationaliste. Certains des membres les plus extrémistes de ce parti, reflétant la propagande de Belgrade, déclaraient qu'il leur fallait se défendre contre un "état oustachi"
-d'abord une allusion à la réapparition du drapeau croate à damier, qui avait bien sûr été un symbole oustachi, mais était aussi le drapeau croate depuis des centaines d'années. Après l'élection, quand le nouveau gouvernement commença à licencier les fonctionnaires communistes, on prétendit aussi que les Serbes se faisaient expulser en masse de leurs postes de travail. Comme les Serbes étaient lourdement sur-représentés dans l'appareil d'état de Croatie (représentant quelque 40 % des membres du Parti Communiste et 67 % de forces de police [pour 12 % de la population ; il est vrai que les Serbes ne savaient pas toujours faire autre chose]), ils devaient nécessairement être aussi sur-représentés dans les licenciements ; et bien sûr qu'il y eut aussi quelques injustices et règlements de comptes.

Cependant, à l'été 1990, le SDS de Knin fut capté par un chef extrémiste qui semble avoir eu des contacts étroits avec Milosevic. Il tint un référendum local en août sur l'"autonomie" des Serbes, bafouant l'autorité du gouvernement croate, qui l'avait déclaré illégal. Une milice serbe armée apparut dans les rues de Knin, apparemment avec l'aide d'officiers de la garnison de l'armée fédérale (dont le commandant fut ensuite Ratko Mladic) ; les autorités croates tentèrent de confisquer les stocks d'armes des unités de réserve de la police locale ; et les Serbes, à qui leurs chefs et les médias de Belgrade racontaient que les "Oustachis" complotaient de les massacrer, réclamèrent la protection de l'armée fédérale. Des émeutes eurent lieu, et des policiers croates furent abattus. à partir de janvier 1991 les chefs serbes du cru décrivaient leur région comme la "Région Autonome Serbe de Krajina", et formaient leur propre "parlement". Deux mois plus tard, des hommes armés de cette même "Krajina" tentèrent de s'emparer du Parc national de Plitvice, le plus important centre touristique de la Croatie intérieure : c'était défier directement et délibérément le gouvernement croate. Une fusillade eut lieu avec la police croate, et la présidence fédérale ordonna à l'armée (malgré les protestations croates) d'occuper le parc pour "rétablir la paix" [Sur tous ces événements, cf. Poulton, Balkans, pp. 24-7. Magas, "Destruction of Yugoslavia", p. 293 ; 313; M. Glenny, Fall of Yugoslavia: the Third Balkan War, Londres, 1992, pp. 13-19].

Ces événements, qui se produisaient de l'autre côté de la frontière nord-ouest de la Bosnie, méritent qu'on les étudie un peu en détail, parce qu'ils constituent le modèle de ce qui fut fait plus tard en Bosnie elle-même. Trois techniques étaient employées, une générale et deux particulières.
La méthode générale consistait à radicaliser la population serbe par un bombardement incessant de désinformation à travers les médias et les politiciens locaux, afin de créer l'affolement : on présentait tous les actes du gouvernement Tudjman comme des exemples de "terreur" oustachie. (On doit souligner que certaines des mesures du gouvernement croate étaient grossièrement provocantes, comme d'ordonner le retrait des panneaux de signalisation en cyrillique ; alors que le gouvernement bosnien se pliait en quatre pour apaiser sa propre population serbe).
La seconde méthode était une technique classique que l'on peut trouver dans les manuels de guérilla : celle de "compromettre les villages", employée par la Résistance française, le Viêt-cong et d'innombrables autres mouvements semblables : cette technique consiste à créer un incident -par exemple mitrailler un car de policiers croates à proximité d'un village particulier - pour provoquer une répression ou des représailles, pour distribuer ensuite des armes aux villageois en leur racontant que la police complote de les attaquer. Quand la police en armes arrive effectivement, il est facile de déclencher une fusillade ; et voilà qu'un village, auparavant neutre, se trouve maintenant du côté des insurgés.
Et la troisième technique est un truc simple et parfaitement transparent : créer des incidents violents et ensuite demander à l'armée d'intervenir en "arbitre impartial", alors qu'il était parfaitement clair que l'armée, obéissant à Belgrade et son corps d'officiers dominé par des Serbes, agissait pour le compte de Milosevic et de la Serbie.

Cette manière de dépecer le territoire croate, qui avait donc commencé un an avant la déclaration d'indépendance de la Croatie en juillet 1991, reposait très lourdement sur l'affirmation suivant laquelle les Serbes de Croatie auraient été menacés par un régime "oustachi". En Bosnie il n'y avait aucune possibilité de faire tenir une telle duperie ; aussi fallait-il imaginer une nouvelle menace pour les Serbes. à la place des "hordes oustachies", on raconta aux Serbes qu'ils étaient menacés par des "intégristes islamiques".
Il est nécessaire de comprendre ce qui a permis de rendre plausible une invention de ce genre, et pourquoi celle-ci est fausse.
En Bosnie, comme dans la plupart des autres Républiques, le Parti Communiste s'était désintégré au début de 1990 et un ensemble de partis nationaux ou nationalistes s'était formé. à partir de 1989, les nationalismes voisins de Serbie et de Croatie s'étaient faites des présences menaçantes, les ambitions ultimes de Milosevic et Tudjman se cachant à peine. Milosevic était ouvertement associé aux projets politiques pan-serbes de Cosic et de l'Académie serbe. On savait que Tudjman était persuadé que la plupart des Musulmans de Bosnie étaient "indiscutablement d'origine croate" et que la Bosnie et la Croatie "formaient une entité géographique et économique indivisible [Z. T. Irwin, 'The Fate of Islam in the Balkans: A Comparison of Four State Policies' in P. Ramet, ed., Religion and Nationalism in Soviet and East European Politics, revised edn., Durham, North Carolina, 1989, p. 392]". Pendant l'automne et l'hiver 1989-1990, de hauts dirigeants de Bosnie s'inquiétaient de l'éventualité que la Serbie ou la Croatie ne cherchent à redessiner la carte, et en mars 1990, les chambres de l'assemblée bosnienne tinrent un congrès spécial en commun pour dénoncer l'idée d'apporter quelque changement que ce soit aux frontières de la Bosnie. Cependant, la situation n'était pas tout à fait symétrique entre les Serbes et les Croates : il était évident que c'était Milosevic qui menait le jeu, et la politique officielle du parti de Tudjman, la HDZ, était de s'opposer à toute altération des frontières - parce qu'elle savait que si on admettait le moindre changement, les frontières de la Croatie seraient les premières à souffrir. Le bombardement de la propagande belgradoise sur le "danger" que couraient les Serbes en Bosnie, qui avait déjà commencé à l'été de 1989, eut l'effet de rassembler les Croates et les Musulmans de Bosnie d'un côté de la querelle et les Serbes de l'autre.
Quand un parti croate fut fondé en Bosnie au début de 1990 c'était une filiale de la HDZ de Tudjman, et sa politique officielle était de maintenir inviolées les frontières de la Bosnie. Mais quand en juillet un parti serbe fut créé en Bosnie, il s'appelait la SDS, le même nom que celui du parti qui faisait de l'agitation pour l'"autonomie" de la Krajina croate et se trouverait bientôt en état de rébellion ouverte [S. P. Ramet, Nationalism and Federalism in Yugoslavia, 1962-1991, 2nd edn., Bloomington, Indiana, 1992, pp. 233, 243].

Le principal parti des Musulmans en Bosnie, qui s'appelait le "Parti de l'Action Démocratique" (SDA) fut fondé en mai 1990. Il était dirigé par Alija Izetbegovic, qu'on avait libéré de prison en 1988 ; en tant que premier accusé du plus fameux procès de la décennie, il était un choix naturel pour le premier parti Musulman post-communiste qui ne fût pas communiste (en fait, quand il finit par devenir chef de l'état il était le seul chef d'état de toutes les républiques yougoslaves post-communistes qui n'avait jamais été lui-même membre de la Nomenklatura).
Placés entre le marteau et l'enclume des nationalismes serbe et croate, les Musulmans de Bosnie réagirent de deux manières : ils renforcèrent leur propre nationalisme de "Musulmans" en mettant davantage l'accent sur sa composante la plus caractéristique, c'est-à-dire religieuse, et en même temps ils réaffirmèrent leur souhait que la Bosnie conserve son caractère unique de république multinationale et multi-confessionnelle.
L'élément religieux s'exprimait dans le symbolisme public du SDA avec ses drapeaux et ses croissants verts ; et son élément pluraliste s'exprimait dans son programme. Qu'il existât une tension réelle entre ces deux éléments, c'est ce qui apparut en septembre 1990, trois mois avant les élections en Bosnie, lorsqu'un des chefs du SDA, l'émigré multimillionnaire Adil Zulfikarpasic, fit défection pour fonder son propre parti, l'Organisation Musulmane de Bosnie" (MBO), avec un programme expressément non religieux. Malgré le nom même de son nouveau parti, Zulfikarpasic essayait de jeter les fondations d'une politique échappant aux factions, où les gens voteraient pour un programme politique de leur choix (libéral, socialiste, etc.) au lieu de se borner à voter pour affirmer leur identité nationale. Comme Izetbegovic lui-même le fit remarquer, c'était alors une ambition irréaliste. C'est ce qu'il dit à un journaliste :

    "Avec leur oppression, les communistes ont créé chez les gens ce besoin d'affirmer leur identité nationale. Peut-être que dans quatre ou cinq ans, nous aurons traversé le champ de mines pour atteindre l'horizon de la société civile. Pour l'instant, malheureusement, notre parti est forcé d'être national. Les partis qui essaient de représenter tout le monde sont petits et faibles. Nous avons un vrai risque de guerre civile ; notre but principal en tant que parti est de maintenir l'unité de la Bosnie-Herzégovine [M. Thompson, Paper House: The Ending of Yugoslavia, Londres, 1992, p. 99]."
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Message par Rantanplan Mer 3 Oct 2007 - 6:04

Cependant Izetbegovic lui-même, bien entendu, était personnellement identifié avec l'élément religieux de l'"identité religieuse et nationale".
Le document que l'on avait utilisé comme fondement des accusations portées contre lui en 1983, la "Déclaration islamique", fut rééditée à Sarajevo en 1990. Quelques-uns de ceux qui l'ont lu ont pu penser qu'il s'agissait d'une sorte de manifeste personnel pour les élections de Bosnie, et les propagandistes serbes l'ont souvent représenté comme un projet de transformation de la Bosnie en état islamique intégriste.
Cependant, il n'y avait aucun plan de ce genre ni dans le programme du SDA, ni dans le texte de la "Déclaration islamique" elle-même.
C'était, écrit à la fin des années 1960, un traité général sur la politique et l'Islam, adressé à l'ensemble du monde musulman ; il ne concerne pas la Bosnie, et en fait, il ne la mentionne même pas.
Izetbegovic débute avec deux éléments fondamentaux : la société et le gouvernement islamiques. Le gouvernement islamique, affirme-t-il, ne peut pas être institué à moins qu'il n'y ait déjà une société qui le soit, et celle-ci n'existe que si la majorité absolue de la population est composée de musulmans sincères et pratiquants.

    "Sans cette majorité, l'ordre islamique se réduit à un pouvoir pur (parce que le second élément, la société islamique, fait défaut", et peut dégénérer en tyrannie [Izetbegovic, Islamska deklaracija, Sarajevo, 1990, p. 37].
Cette condition excluait la création d'un état islamique en Bosnie où les Musulmans - même les musulmans de papier, a fortiori les musulmans pratiquants - étaient minoritaires. Toute la discussion de la nature d'un système politique islamique, qui occupe la plus grande partie de l'ouvrage, est de ce fait également inapplicable à la Bosnie. Lorsque Izetbegovic dit, par exemple (dans une phrase généralement citée en-dehors de son contexte par les propagandistes serbes), qu'

    "il n'y a aucune paix ni coexistence entre la foi islamique et des institutions sociales ou politique non islamiques",
il se réfère à des pays qui, à la différence de la Bosnie, possèdent des sociétés islamiques, et explique que là où la majorité des gens sont des musulmans pratiquants, ceux-ci ne peuvent pas accepter qu'on leur impose des institutions non musulmanes [Ibid., p. 22].
Il n'y a qu'un seul passage dans l'ensemble du traité qui s'applique directement au statut politique des Musulmans de Bosnie :

    "les communautés musulmanes incluses dans des communautés non musulmanes, aussi longtemps qu'il existe une garantie de liberté religieuse, de vie et de développement normaux, sont loyales et ont l'obligation d'exécuter toutes leurs obligations à l'égard de ces communautés, l'exception de celles qui portent atteinte à l'islam et aux musulmans [Ibid., p. 37-8]."
Quelques-uns des arguments de ce traité que l'on a décrits comme "intégristes" ne sont que l'affirmation d'une foi orthodoxe que tout musulman sincère approuverait : ainsi Izetbegovic affirme qu'un état islamique doit réprimer l'alcoolisme, la pornographie et la prostitution ; il affirme que l'islam n'est pas seulement un ensemble de croyances privées mais une manière de vivre complète avec une dimension sociale et politique ; et il insiste sur le fait que la fraternité du monde entier des croyants musulmans, la oumma, transcende les frontières nationales [Ibid., pp. 21-4, 30]. On ne peut dire d'aucun de ces arguments-là qu'il soit fondamentaliste.

Certes, le terme même de "fondamentalisme" est vague et impressionniste : il n'est pas très utilisé par ceux qui étudient l'islam, qui souhaiteraient distinguer soigneusement entre différentes sortes de mouvements néo-conservateurs, extrémistes ou anti-modernistes dans l'islam, de la doctrine wahhabite de l'état traditionaliste d'Arabie Séoudite à l'idéologie révolutionnaire de l'Ayatollah Khomeini en Iran [Pour une analyse lucide faite par un des plus grands spécialistes, cf. J. L. Esposito, Islam and Politics, 3ème edn, New York, 1984, particulièrement les pp. 269-301 [Il s'est depuis singulièrement discrédité]. Mais les politiciens et les journalistes emploient les termes d'"intégrisme" ou "fondamentalisme" pour désigner ensemble un certain nombre de caractéristiques. L'une d'entre elles est l'extrémisme politique, l'idée que la fin, instituer le pouvoir islamique, justifie tous les moyens. Izetbegovic rejette explicitement cette idée, condamnant tout projet de prendre le pouvoir pour imposer d'en haut une société islamique. Son argument central est qu'on ne peut créer une société islamique (dans une population où la majorité est composée de musulmans au moins officiels) que par un long processus d'éducation religieuse et de persuasion morale [Izetbegovic, Islamska deklaracija, p. 37-42].

Une autre caractéristique de ce qu'on appelle approximativement le fondamentalisme" est une hostilité politique et culturelle féroce à l'égard de l'Occident. Izetbegovic critique effectivement la laïcisation forcée de la Turquie sous Atatürk, qui, affirme-t-il, se fondait sur la prémisse que tout ce qui était musulman était culturellement arriéré et primitif ; et il s'en prend à ces soi-disant progressistes, occidentalistes et modernisateurs qui appliquent une politique semblable ailleurs dans le monde musulman [Izetbegovic, Islamska deklaracija, p. 7]. Mais l'attitude générale qu'il prend dans l'ouvrage n'implique certainement pas le rejet de la civilisation occidentale.

    "Depuis son premier établissement, écrit-il, l'islam a entrepris d'étudier et de rassembler la somme des connaissances que lui avaient léguées les civilisations antérieures. Nous ne voyons pas pourquoi l'islam d'aujourd'hui devrait adopter une approche différente vis-à-vis des acquis de la civilisation euro-américaine avec laquelle il est si largement en contact [Ibid., p. 31
Les conceptions d'Izetbegovic à ce sujet ont été exposées de manière bien plus complète dans un ouvrage plus long et plus important paru au début des années 1980 : L'Islam entre l'est et l'ouest [ed. François-Xavier de Guibert], où il tente de présenter l'islam comme une sorte de synthèse intellectuelle incluant les valeurs de l'Europe occidentale. L'ouvrage contenait des pages éloquentes à la gloire de la Renaissance (y compris les portraits) et de la littérature européenne ; il décrivait la Chrétienté comme

    "quasiment l'association d'une religion suprême avec une éthique suprême"
; il contenait aussi un chapitre particulier à la gloire de la philosophie et de la culture anglo-saxonnes et de la tradition démocrate-sociale [Izetbegovic, Islam izmedju istoka i zapada, Sarajevo, 1988, pp. 107-9, 132, 251-64].

Digression sur Izetbegovic 41QS6AKZX8L._SL210_

Aucun intégriste n'aurait pu écrire cela.

Parler d'un danger fondamentaliste en Bosnie était en tout état de cause particulièrement inapproprié, parce que les Musulmans de Bosnie étaient alors l'une des populations musulmanes les plus laïcisées du monde.
Il y eut sans aucun doute des tentatives éphémères et limitées pour faire de l'agitation islamiste en Bosnie au cours des années 1980 : un rapport d'une publication extrémiste basée à Londres déclarait fièrement que cette propagande avait "allumé le feu de l'Islam en inspirant des centaines de musulmans de Bosnie". Cependant, même des "centaines" de militants n'auraient guère pu avoir d'influence sur une population de deux millions de Musulmans, dont la majorité absolue ne se considérait pas comme croyante et ne suivait certains rites de l'islam que pour des raisons de culture et de tradition. Une étude de 1985 estimait à 17 % la proportion des croyants en Bosnie [Poulton, Balkans, p. 43]. Des décennies d'enseignement laïc et de culture politique communiste avaient été renforcées à cet égard par une occidentalisation toujours croissante de la société. L'urbanisation montante de la Bosnie, quoique lente au début, avait aussi exercé son effet : à la fin des années 1980, 30 % des mariages dans les zones urbaines étaient des mariages "mixtes". Pour bien des Musulmans de la campagne et la grande majorité de ceux de la ville, être Musulman se réduisait à un ensemble de traditions culturelles : les noms musulmans, la circoncision, les baklavas et la fête du "Ramazan Bajram" [fin du Ramadan], faire couper par un grand-parent les cheveux des enfants d'un an, une préférence pour le minuscules tasses à café sans anse, une sympathie pour les araignées et diverses pratiques traditionnelles, dont l'origine est souvent inconnue à ceux qui les pratiquent [cf. C. Sorabji, Bosnia's Muslims: Challenging Past and Present Misconceptions, Londres, 1992, pp. 5-6.].
Aucun programme "islamiste" n'aurait jamais pu être envisagé par un parti qui devait d'abord s'assurer les voix de ces musulmans laïcisés, puis fonctionner dans un gouvernement de coalition avec au moins l'un des deux autres partis nationaux.

Lorsqu'on compta les voix aux élections de décembre 1990, le parti d'Izetbegovic avait obtenu 86 sièges sur les 240 de l'assemblée et d'autres Musulmans, y compris la MBO d'Adil Zulfikarpasic, 13 autres.
Le parti serbe, mené par le psychiatre de Sarajevo (d'origine monténégrine) Radovan Karadzic, en obtint 72. Il avait fait campagne dans des termes vagues pour la défense des droits des Serbes, mais n'avait absolument pas parlé de diviser la Bosnie par des moyens pacifiques, a fortiori par la guerre ; aussi peut-on exclure la proposition suivant laquelle cette élection, qui donnait vaguement au Dr Karadzic le droit de se dire le "chef" des Serbes de Bosnie, lui aurait donné quelque mandat que ce soit pour faire ce qu'il fit par la suite (en fait beaucoup de Serbes n'avaient pas voté pour lui, et il y avait 13 autres élus serbes qui n'étaient pas de son parti). La HDZ croate avait obtenu 44 sièges. En tout il y avait 99 Musulmans, 85 Serbes, 49 Croates et sept "Yougoslaves". Ces proportions (41 % de Musulmans, 35 % de Serbes, 20 % de Croates), correspondaient en gros à celles de la population dans son ensemble (respectivement 44 %, 31 et 17 %) [Poulton, Balkans, p. 44.].
Izetbegovic forma ce qui était en fait un gouvernement d'unité nationale, constitué d'une coalition formelle des trois plus grands partis, et les postes gouvernementaux furent partagés entre eux. Qu'Izetbegovic ait agi de la sorte, alors qu'il aurait pu gouverner le pays par une simple alliance des Musulmans avec les Croates, était un gage de sa bonne foi. Cependant, dès les premiers moments de ce gouvernement, il devint clair que le parti serbe avait tout autre chose en tête.


Bibliographie


    J. L. Esposito, Islam and Politics, 3ème edn, New York, 1984.
    Misha Glenny, Fall of Yugoslavia: the Third Balkan War, Londres, 1992.
    Florence Hartmann, "L'écrasante responsabilité de Milosevic, Convergences Bosnie-Herzégovine, n° 20, janvier-février 1998.
    Z. T. Irwin, "The Islamic Revival and the Muslims of Bosnia-Herzegovina", East European Quarterly, vol. 17, 1984.
    Z. T. Irwin, "The Fate of Islam in the Balkans: A Comparison of Four State Policies" in P. Ramet, ed., Religion and Nationalism in Soviet and East European Politics, revised edn., Durham, North Carolina, 1989.
    Alija Izetbegovic, Islam izmedju istoka i zapada, Sarajevo, 1988 [L'Islam entre l'est et l'ouest, Paris, 2003].
    Alija Izetbegovic, Islamska deklaracija, Sarajevo, 1990.
    Tim Judah, The Serbs, New Haven, Yale University Press, 1997.
    H. Lydall, Yugoslavia in Crisis, Oxford, 1989.
    B. McFarlane, Yugoslavia: Politics, Economics and Society, Londres, 1988.
    Branko Magas, Destruction of Yugoslavia: Tracking the Break-up, 1980-1992, Londres, 1993.
    Noel Malcolm, Bosnia, A Short History. 2ème édition mise à jour, Londres-Basingstoke, Papermac, 1996.
    A. Popovic, L'Islam balkanique: les musulmans du sud-est européen dans la période post-ottomane, Osteuropa-Institut an der freien Universität Berlin: balkanologische Veröffentlichungen, vol. 11, Berlin, 1986.
    H. Poulton, The Balkans: Minorities and States in Conflict, Londres, 1991.
    S. P. Ramet, Nationalism and Federalism in Yugoslavia, 1962-1991, 2nd edn., Bloomington, Indiana, 1992.
    Laura Silber & Alan Little, The Death of Yugoslavia, Londres, Penguin Books, 1995.C. Sorabji, Bosnia's Muslims: Challenging Past and Present Misconceptions, Londres, 1992.
    M. Thompson, Paper House: The Ending of Yugoslavia, Londres, 1992.
    Milorad Vucelic, Conversations with the Epoch, Belgrade, 1991.
    Adil Zulfikarpasic, Sarajevski proces: sudjenje muslimanskim intelektualcima 1983. godine, Zurich, 1987.
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Message par Lady Macbeth Mer 3 Oct 2007 - 6:49

Pour une fois c'est intéressant et éclairant.
On s'écarte un peu de "l'anti-islam" primaire
Je vous recommande à ce sujet l'enregistrement Lumière 101 du 2 octobre à propos du terrorisme.
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Message par Nicolas Mer 3 Oct 2007 - 10:39

Celui-la on devrait lui refaire le coup de Pearl Harbor en l'attachant au mat de misaine du croiseur Missouri. Autre option: le transformer en femme pour remplacer la pauvre deesse qui n'en peut plus de tenir sa torche pour bouter le feu au monde entier en criant, "liberte, lberte". Qui a dit: "oh liberte, que de crimes ont ete commis en ton nom"? Shocked
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Message par Invité Mer 3 Oct 2007 - 12:31

Rantanplan a écrit:Cependant Izetbegovic lui-même, bien entendu, était personnellement identifié avec l'élément religieux de l'"identité religieuse et nationale".
Le document que l'on avait utilisé comme fondement des accusations portées contre lui en 1983, la "Déclaration islamique", fut rééditée à Sarajevo en 1990.

On joue aux extraits ?

Bien.

De façon générale le Musulman n'existe point en tant qu'individu indépendant. (Manifeste islamique, Al-Bouraq, 1999, p. 76)

L'histoire de connaît aucun mouvement islamique qui n'ait été en même temps un mouvement politique car l'Islam est une Religion, mais en même temps une philosophie, une éthique, un ordre, un style et un environnement ; bref un mode de vie complet. On ne peut pas croire à la façon islamique mais travailler, acquérir des biens, se divertir et gouverner d'une façon non islamique.

[l'ordre islamique conduit] à d'autres conséquences d'une importance pratique primordiale, dont en premier lieu l'impossibilité de confondre l'ordre islamique avec les systèmes non-islamiques. Il n'est en effet pas possible qu'une paix ou une coexistence ait lieu entre la Religion islamique et les institutions politique set sociales non islamiques. (p.82)

L'islam comporte l'idée de nation dans le sens de tendance et d'aspiration à unir tous les musulmans dans une seule communauté religieuse, culturelle et politique. (p. 89) [techniquement : le califat ; c'est expressément écrit quelques pages plus loin]

Le talion incarne un intérêt public qui est la protection des vies, le maintien de l'ordre et la limitation des crimes. C'est donc un droit de Dieu ; il incarne aussi un intérêt pour les parents de la victime car il assouvit leur vengeance. (p. 97, note 7, IV)

Nous sommes persuadés que la concrétisation de l'ordre islamique est un objectif absolu qui ne peut point faire l'objet de transactions ou d'enchères, et autant nous en sommes persuadés, autant s'accroît notre franchise de refuser l'hégémonie de l'individu (...) (p. 101)

Voici certaines choses que l'Islam à proscrites et que, par ses dispositions, l'ordre islamique allait rendre impossible la survenue (sic) : — toutes sortes de boissons enivrantes ; — la prostitution publique ou secrète ; — le libertinage dans la littérature et l'art à travers les mots, les photos,les films ou la télévision. (p.103)

J'en ai d'autres, je passe sur l'impôt religieux obligatoire, sur les femmes qu'il faut protéger des répudiations sommaires injustes (soyez justes en répudiant votre vieille épouse !) et autres joyeusetés de cette vision totalitaire du monde où tout aspect de la société doit être réglé par l'islam. Je passe aussi parce que je ne retrouve pas la note sur la description enthousiaste d'Al-Andalus comme pays de lait et de miel où il n'y avait pas d'analphabétisme...

Le tout date dans sa première version des années 70 (c'est ce qui valut à Izetbegovic ses quelques années de prison communiste), soit au moment où vous nous décrivez des musulmans modérés.

Le jeu des citations est bien sûr vain, Izetbegovic, comme tous les hommes politiques ambitieux, ayant dit à peu près tout et son contraire en fonction des ses intérêts du moment.

Bref vous avez bien le droit d'être en Tchetchénie ou en Bosnie favorables aux musulmans, tout en ne considérant que les victimes musulmanes des conflits et en leur donnant le beau rôle sur des considérations morales purement abstraites.

Vous avez les droit de croire que l'UCK est un repaire de petits saints et que les serbes du Kosovo détruisent eux-mêmes leurs églises ou que c'est bien fait pour leur gueule.

Vous avez le droit de croire avec l'AFP que quand deux enfoirés (pour ne pas dire pis) Tchétchènes font sauter un hôpital au camion piégé c'est un acte de résistance héroïque d'une haute valeur morale de la part de ces "martyrs".

Vous êtes sélectif, cela vous regarde.

En revanche, traiter de nazis ceux qui ne sont pas d'accord avec vous, non sélectifs ou sélectifs dans l'autre sens, c'est bien un comportement de comment disiez vous ? "petite frappe" ? Même avec des pages entières de références (soigneusement triées) ironic


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Message par Nicolas Mer 3 Oct 2007 - 12:54

Bien parle, frere! A mon avis Rataboum est paye par ces gens-la:

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Message par Invité Mer 3 Oct 2007 - 13:14

Nicolas a écrit: A mon avis Rataboum est paye par ces gens-la:

Ne tombons pas dans l'OCB-ite en accusant tout le monde d'être payé contentmauve

(Ou alors serais-je le seul à ne pas être payé ? angoissante question ? What a Face )
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Message par Guinevere Mer 3 Oct 2007 - 13:44

Reductio ad Hitlerum, fin de tout débat possible. Et ce n'est pas la longueur des pavés qui rend la question plus digeste.
@ Rantanplan
Vous avez choisi votre vision du monde que vous nommez vérité, tandis que tout discours un tantinet divergent sera par vous traité de propagande, le coup est connu.
Le terme de "petite frappe", en ce contexte, me semble de trop.
Cela finit par fortement m'inquiéter. Ou vous êtes très jeune, à l'âge des certitudes -- en ce cas, rassurons nous, on en sort assez vite et Jean Gilles vous le confirmera ; ou vous l'avez dépassé et, dans ce cas, c'est grave.
Un libertarien qui suit à ce point les affirmations du Monde, soutenues par le trotskyste fort peu repenti Edwy Plenel, ça me laisse rêveuse...
Au fait... je ne vous ai pas attendu pour m'informer et recouper les informations et je n'ai jamais eu peur d'apprendre quelque chose. L'ennui, c'est que jusqu'à présent, vous ne m'avez rien appris.

@ Uncle Toby
Je suis 100% d'accord avec votre post.
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Message par Victor le chacal Mer 3 Oct 2007 - 14:05

Fight!

Je ne vois pas non plus pourquoi on parle de la Bosnie sur ce fil sur l'Asie centrale.

J'ai divisé
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Message par Fanchick Mer 3 Oct 2007 - 16:12

Rantanplan est passionnant quand il parle de Rothbard, d'Ayn Rand ou de Tresmontant.
Mais il est parfois trop logicien et pas assez rhéteur : il tient pour acquis que l’interlocuteur suit tous ses raisonnements et néglige d’expliquer ce qu’il tient pour évident.

Par ailleurs, je le soupçonne d'être polyglotte, linguiste et loquace. piplette Mélennec pourrait l'inviter !
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Message par hidember Mer 3 Oct 2007 - 19:53

L'histoire de l'UCK islamiste est une imposture..
Il suffit d'aller en Albanie et dans la Kosova et d'y cotoyer les Albanais pour se rendre compte que ces gens-là ne sont pas du tout islamistes.
En fait, ils ne sont même pas vraiment musulmans, vu l'intérêt qu'ils témoignent envers la chose.
Qaund aux discours sur les pauvres petites églises orthodoxes serbes victimes des méchants islamistes albanais il s'agir d'une manipulation de type communiste à destination du crétin de Saint-Nic.

(rappelons que les serbolches d'expression française avaient monté une exposition sur ce thème sur les bâteaux-mouches, histoire de nous mener en bâteau. Il ya quand même une justice: le Bon- Dieu a rappelé à lui le patron des dit-s bâteaux.Je laisse aux théologiens de tout poil le soin de déterminer si c'était pour lui demander des comptes de ses tripatouillages ou pour l'empêcher de dégringoiler d'un cran de plus dans la tartufferie et l'ignominie).

En fait, il faut remettre les pendules à l"heure et rappeler que depuis des années les serbolches invoquaeient la présence de ces édifices comme preuve de leurs droits sur la Kosova. Ces gens qui sont athés ont une facheuse tendance à confondre l'édification d'églises avec l'activité d'un clebard qui pisse pour marquer son territoire..

Dans l'histoire des pauvres petites églises orthodoxes serbes, c'est le mot serbe qui est important (le reste ne compte pas, ce pourrait aussi bien être une pissottière, serbe bien sûr, avec plein de graffitis tchetniks)
la preuve
1° les églises catholiques sont inatctes et j'en ai vu en construction
2° le monument du Kalemegadan qui n'est ni une église ni orthodoxe a aussi était touché.

En fait il faut remettre les choses à leurs place:

Rappler toutes les violences perpétrées par les serbolcheviques dans les années 90, les maisons démolies, le musée de la ligue de Prizren vandalisé et détruit
Cela explique largement l'exaspération alabanise

Quand aux destructions elles sont intervenues au cours des émeutes de mars 20047, après que la milice maffieuse serbe de Mitrovica, ait noyé trois gamins albanis dans la rivère
(il est vrai que les pseudos-cathos trouvent cela normal. Ce sont les m^mes qui viennent pleurer sur la petite Jahanne-Marie victime d'un sadique, sans se rendre compte qu'ils sont dans le même camp que lui)

Rappelons que si des églises ont été détruites à Prizren, les trois pricipales (Decani, gracanica , la Patriarchie sont intactes (je les ai vues de mes propres yeux après les émeutes) et protégées maintenant par la KFOR, surprise par les événements..

Qaunt aux Albanais, ils ont compris qu'emportés par la colère, ils s'étaient fait pièger, et avaient fait une c. : il suffit de voir l'exploitation qu'en ont fait les serboolcheviques. Les Albanais ne se feront plus avoir.

Enfin, une dernière remarque à l'attention des catholiques (et même des autres) : quand les serbolcheviques ont détruit systématiquement toutes les églises catholiques des territoires occupés en Croatie et en Bosnie, de quel côté étaitent vos soi-disants amis de toujours ? De celui des massacreurs et des démolisseurs.
Ce ne sont évidemment pas les escrocs de la presse' pseudo-catholique et pseudo nationale (WC tu t'en rappelle avant de crever?) qui vont vous le rappeller.
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Message par Rantanplan Mer 3 Oct 2007 - 21:20

noyé trois gamins albanais dans la rivière
Florent Veseli, 8 ans, Avni Veseli, 11 ans et Egzon Deliu 12 ans. On n'a retrouvé que trois mois plus tard le corps de Florent (tiens, un prénom catholique). L'enquête n'a pas confirmé le témoignage du survivant Fitim Veseli, 13 ans, comme quoi les quatre garçons auraient voulu traverser l'Ibar à la nage pour fuir des Serbes du village de Zupce qui les poursuivaient avec des chiens.
C'était suffisant pour provoquer une explosion de colère chez les Kosovars.
L'effet de ces deux jours d'émeutes est mitigé : d'un côté, cela a permis d'alimenter la propagande sur les "pauvres Serbes victimes de génocide" --mais celle-ci s'organise indépendamment des faits, de l'autre cela a inspiré à la "communauté internationale" une conscience salutaire de l'urgence qu'il y a à reconnaître l'indépendance. Que ne l'ont-ils reconnue en janvier 1992, en même temps que celle de la Slovénie et de la Croatie, dont la situation juridique était en réalité la même ?
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Message par Rantanplan Jeu 4 Oct 2007 - 5:32

Reductio ad Hitlerum, fin de tout débat possible
Nier les Droits des gens parce qu'ils n'ont pas la bonne religion ou la bonne race, on n'y peut rien c'est du nazisme, et c'est bien ce qu'insinuait le mensonge de propagande que j'ai exposé. Si vous ne savez pas, ou ne voulez pas reconnaître les principes qu'implique un énoncé, ne comptez pas sur les autres pour ne pas les remarquer.
Et rien n'oblige à invoquer le regretté chancelier : si aujourd'hui y a bien un nazi (anti-occidental) qui s'appelle Schweitzer, les autres s'appellent Nasrallah, Khameneï, Ramadan.
Ce n'est pas intelligent de ne pas donner son vrai nom à un principe politique pervers, et ça l'est encore moins de le faire sien, consciemment ou inconsciemment, avec la négation du Droit qu'il implique, surtout dans un contexte, comme celui du terrorisme islamiste ou de l'immigration en France, où l'on se trouve justement être dans son Droit, alors que ce principe est celui de ceux qui vous attaquent et vous envahissent.
Le terme de "petite frappe", en ce contexte, me semble de trop
parce que vous ne connaissez pas les voyous en question. J'avais pourtant fait un lien vers un article de Stephen Schwartz qui dit ce qu'il y a lieu de penser du soi-disant "Justin" Raimondo : l'expression lui va comme un gant.
Un libertarien qui suit à ce point les affirmations du Monde
Je ne "suis" rien puisque je ne le lis pas. Mais c'est vrai que, sur certaines questions, on a pu avoir la surprise de découvrir à l'occasion certains journalistes du Monde parmi les meilleures sources possibles. Par exemple sur Milosevic le livre de Florence Hartmann. Mais elle avait déjà quitté ce journal quand j'ai fait sa connaissance, et Philippe Simonnot, apparemment, s'est fait virer.
Je sais que c'est un sophisme majeur de la propagande serbe que de faire croire que ceux qui ont dénoncé les crimes serbolchéviques l'ont fait parce qu'ils étaient démocrates-sociaux et partisans de la société multiculturelle. Cependant, ils se sont bornés à décrire ce qu'ils voyaient et à interpréter les décisions politiques, notamment locales, de la manière la plus rationnelle possible : c'est pourquoi tous les gens qui ont étudié sérieusement ces événements les décrivent de façon convergente.
l'âge des certitudes
Savoir ce dont on peut être certain ou non n'est pas une question d'âge, c'est une question de connaissance, notamment philosophique.
tout discours un tantinet divergent sera par vous traité de propagande, le coup est connu
Quand on a suffisamment étudié un sujet, on est censé savoir non seulement mesurer l'écart d'un énoncé avec les faits, mais porter un jugement sur son origine la plus probable. En politique, le mensonge de propagande est une réalité : il peut donc expliquer de tels écarts.
vous ne m'avez rien appris
Je ne crois pas que ce soit logiquement possible. Si vous saviez déjà d'avance tout ce que j'ai écrit, alors que j'ai dû faire des recherches pour en trouver une partie, ça voudrait dire que vous en savez au moins dix fois plus que moi.
Or, si vous en saviez seulement un dixième, vous auriez eu honte de citer Volkoff et Gallois comme des références, parce qu'ils en savaient encore moins.
Une bonne manière de confronter quelqu'un à l'absurdité concrète d'une telle affirmation est de lui poser des questions simples, à chacune desquelles l'universalité pratique d'une telle prétention implique logiquement qu'il soit capable de répondre de mémoire.
Pour ma part j'affectionne ces deux-là :

    -- combien y a-t-il de kilomètres entre la ville de Ferizaj et la ville d'Urosevac au Kosovo ? Les vrais spécialistes le savent parce que c'est un chiffre rond, comme les 10 000 km2 du Kosovo.

    -- Qui a détruit le pont de Vukovar, les Serbes ou les Croates et pourquoi ?
Bien sûr, ce serait par définition de la triche que d'aller chercher les réponses dans une documentation quelconque. Mais ça ne marcherait pas forcément non plus ; du moins pour quelqu'un qui ne les connaît pas déjà.


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Message par Rantanplan Jeu 4 Oct 2007 - 7:22

traiter de nazis ceux qui ne sont pas d'accord avec vous, non sélectifs ou sélectifs dans l'autre sens, c'est bien un comportement de comment disiez vous ? "petite frappe" ?
je traite de nazis ceux qui nient a priori les Droits de certaines personnes sous le seul prétexte de leur appartenance raciale ou religieuse, et je continuerai à le faire parce que c'est ce qu'ils sont. Et pour ma part, je n'ai pas prêté aux autres des opinions qui ne sont pas les leurs : c'est cela qui eût été stupide ou malhonnête.

Quant à Izetbegovic, j'ai affiché un texte qui prouve :

    -- qu'il n'envisageait nullement d'instituer son ordre islamique théorique dans une société qui n'aurait pas très majoritairement adhéré aux mêmes principes : c'est pour cela qu'il n'était pas un nazi ni, peut-être, un vrai musulman ;

    -- qu'étant donné qu'en Bosnie-Herzégovine il n'y avait guère plus de 7 % de "musulmans pratiquants" lorsqu'il en a été élu le président, il n'avait aucune possibilité d'y imposer pareille utopie ;

    -- que pour cette raison, et bien d'autres, il n'avait aucune intention de le tenter, et qu'il n'a jamais essayé de le faire ;

    -- et qu'en conséquence se servir de sa "Déclaration islamique" pour prétendre "prouver" qu'il cherchait à le faire était un mensonge de propagande.

Les Serbolchéviques n'ont pas attaqué la Bosnie-Herzégovine parce que les Bosniaques les auraient "menacés" --eux qui avaient toutes les armes -- mais parce que leur propagande les avait persuadés que ce territoire leur appartenait, que le nettoyage ethnique est une des solutions logiques aux dilemmes de la tradition politique serbe et qu'ils pensaient que leurs victimes ne se défendraient pas. Tout le monde le pensait aussi à l'époque, et c'est une des raisons de l'inertie et de la complicité de fait des Occidentaux jusqu'en 1994.

Les autres opinions que vous m'imputez sont pure invention de votre part, elle n'ont aucun rapport avec les faits ; elles ne s'appuient sur aucune citation et n'importe qui pourrait au contraire me citer pour prouver le contraire : il suffirait de seulement se rappeler les textes qui précèdent, où j'ai tenté de faire comprendre que les Géorgiens, qui sont en très grande majorité des chrétiens orthodoxes, ont des Droits.
Vous m'imputez un parti pris de méconnaître la vérité et la justice suivant un critère religieux insensé alors que cette mentalité tribale est précisément ce que je dénonce, et qu'en fait on ne saurait songer à me prêter à moins d'être soi-même affligé de cette tare intellectuelle et morale : trouver anormal qu'on défende les victimes d'une agression sous prétexte que ces victimes sont ou seraient musulmanes n'est-il pas une expression de cette tare ?
Tare qui est pourtant devenue tellement étrangère à notre civilisation occidentale que nous ne savons pas toujours comment faire pour nous y abandonner :
ainsi, de ces catholiques français que des manipulateurs poussent à prendre parti pour leurs prétendus "coreligionnaires" au Kosovo et qui se font duper parce qu'ils ne savent toujours pas qu'au Kosovo, leurs coreligionnaires ne sont pas serbes mais albanais.
Suivant les sources, les catholiques albanais y seraient entre 65 000 et 200 000 (et dans ce cas ils seraient plus nombreux que les Serbes, qui les ont massacrés et déportés comme les autres), et ils vont bientôt inaugurer une cathédrale à Prishtina.
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Message par Rantanplan Lun 28 Jan 2008 - 3:44

    Comment les archives éclairant le rôle de la Serbie de Milosevic dans le génocide en Bosnie-Herzégovine ont été soustraites à la connaissance du public.
    Par Florence Hartmann

    L'ancienne journaliste du Monde qui, de 2000 à 2006, fut la porte-parole du parquet du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, analyse dans le détail le processus qui a conduit à la non-divulgation des verbatim des réunions du Conseil Suprême de Défense de la RFY qui auraient pu permettre de déterminer le rôle réel de la Serbie dans le génocide de Srebrenica.
    (Association Sarajevo)



    En avril 2006, la Bosnie présentait son dossier à charge à l'encontre de la Serbie dans la première affaire de génocide jamais portée devant la Cour Internationale de Justice (CIJ). A un kilomètre de là, dans la même ville de La Haye, aux Pays-Bas, une autre instance judiciaire des Nations unies, le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) invalidait l'ordre autorisant la divulgation des archives d'Etat serbes. La Bosnie-Herzégovine était ainsi empêchée de citer comme preuves ces documents censés faire la lumière sur la responsabilité de la Serbie dans le génocide.

    Quelques mois plus tard, la CIJ, présidée par la juge britannique Rosalyn Higgins, rendait son jugement. Le 26 février 2007, la Cour qualifiait de génocide le massacre de Srebrenica qui, en juillet 1995, avait coûté la vie à quelque 8000 hommes et adolescents bosniaques musulmans. Elle exonérait cependant la Serbie, en tant qu'État, de toute responsabilité directe et de toute complicité dans les massacres de Srebrenica, attribués aux forces serbes de Bosnie. La Serbie n'était donc pas condamnée à payer de réparation.

    La CIJ a reconnu que la Serbie apportait « une assistance considérable » sur les plans politique et militaire aux Serbes de Bosnie et exerçait sur eux une influence mais elle a estimé que la Serbie ne pouvait pas être tenue pour responsable de leurs actions. La Cour déclarait par ailleurs ne pas avoir été convaincue, au vu des preuves transmises, que Belgrade avait donné son soutien en connaissance de cause, ou voulu le massacre de Srebrenica et surtout souhaité sa portée dévastatrice.

    La CIJ concluait en revanche que la Serbie avait toutefois violé la Convention sur le génocide. À double titre.
    Tout d'abord, en omettant de prévenir le génocide ce qu'elle aurait pu faire en usant, conformément à ses obligations internationales, de son influence sur les dirigeants serbes de Bosnie.
    Ensuite, en omettant de le punir par son refus de remettre Ratko Mladic au TPI. La Serbie était ainsi le premier Etat jamais jugé et condamné pour violation de la Convention de 1948 sur le crime de génocide.

    Si la CIJ avait obtenu la preuve que la Serbie exerçait un « contrôle effectif » sur l'armée ou les autorités serbes de Bosnie, elle n'aurait pas exonéré la Serbie de toute responsabilité dans le génocide de Srebrenica.
    D'aucuns pensent que les verbatim et comptes-rendus des réunions du Conseil Suprême de Défense (CSD — Vrhovni Savet Odbrane) l'instance en charge de définir les objectifs stratégiques de la nation serbe et de son armée — contiennent de telles preuves.

    Ces documents relatant les réunions du CSD avaient été versés au dossier Milosevic devant le TPIY. Les juges en charge de l'affaire Milosevic disposaient de ces verbatim et comptes-rendus de réunions au sommet lorsqu'ils s'étaient déclarés, le 16 juin 2004,

      « convaincus (au-delà de tout doute raisonnable) que l'accusé a participé à l'entreprise criminelle commune qui impliquait les dirigeants serbes de Bosnie et qu'il partageait avec eux le but et l'intention de détruire une partie de la population musulmane de Bosnie en tant que groupe »,

      non seulement à Srebrenica mais aussi « à Brcko, Prijedor, Sanski Most, Bijeljina, Kljuc and Bosanski Novi. »
    Avant de transmettre les archives du CSD au parquet du TPIY, la Serbie avaient requis, en vertu de l'article 54 bis du règlement de procédure et de preuve, l'application de mesures de confidentialité. Cet article autorise tout Etat à demander de ne pas rendre publiques des informations qui pourraient mettre en péril «la sécurité nationale » du pays. Après avoir entendu à huis-clos les arguments présentés par les représentants de l'Etat de Serbie-Monténégro, les juges du TPY en charge de l'affaire Milosevic avaient ordonné, en octobre 2003, la non-divulgation de certains passages de ces documents.

    Si le TPIY pouvait se servir de l'intégralité des documents du CSD en sa possession pour juger Milosevic, les passages les plus compromettants ne pouvaient pas, en revanche, être présentés en public, ni même communiqués à une autre instance judiciaire. Par conséquent, la Bosnie-Herzégovine n'avait aucun moyen de se procurer et de fournir à la CIJ la version non-expurgée de ces documents détenue par TPI. La CIJ aurait cependant pu enjoindre à la Serbie de lui transmettre ces archives. L'article 49 de son statut le lui permettait. Toute Cour véritablement indépendante aurait fait tout ce qui était en son pouvoir pour tenter d'obtenir ces documents qui éclairaient, plus que tout autre, le litige qu'elle était appelée à juger. Mais la CIJ a refusé au motif qu'elle disposait de suffisamment de pièces pour statuer ( paragraphes 205 et 206 de l'arrêt du 26 février 2007).

    Les juges du TPIY ont soustrait à la connaissance du public des documents cruciaux dans le seul but d'empêcher une éventuelle condamnation de la Serbie devant une autre cour de justice des Nations unies.


    Plusieurs décisions des juges du TPIY montrent clairement que l'ordre de non-divulgation a été concédé pour ne pas porter préjudice à la Serbie dans le litige l'opposant à la Bosnie-Herzégovine devant la CIJ. Les juges du TPIY y admettent que la divulgation des passages les plus compromettants des archives du CSD pouvait avoir « un impact négatif » sur l'issue de la procédure engagée devant la CIJ. Ils reconnaissent vouloir par leur décision éviter à la Serbie de voir sa position internationale affaiblie et son économie anéantie si elle était condamnée pour génocide et contrainte de payer des réparations aux victimes.

    Le parquet du TPIY n‚était pas autorisé à participer à l'audience au cours de laquelle la Serbie a justifié sa demande de non-divulgation des documents du CSD. Seuls les juges sont habilités à octroyer des mesures de confidentialité. Lorsque le bureau de Carla Del Ponte a reçu l'arrêt des juges d'octobre 2003 interdisant le présentation publique de certains passages des archives de guerre, il a immédiatement demandé de pouvoir interjeter appel.

    Quelques mois avant la décision des juges, Del Ponte était convenue, dans une lettre adressée au début du mois de mai 2003 à Goran Svilanovic, le ministre des affaires étrangères de Serbie-Monténégro, de ne pas s'opposer à une éventuelle demande de la Serbie d'interdire la divulgation intégrale des documents du CSD qui lui seraient transmis. Grâce à cette lettre, la Serbie avait ouvert les portes de ses archives au parquet qui en réclamait l'accès depuis deux ans. Pour la première fois, en mai 2003, les enquêteurs du TPIY avaient pu consulter, sur place à Belgrade, les documents secrets les mieux gardés de l'Etat serbe.

      « Il est entendu, néanmoins, que dans l'intérêt de la transparence des procès de telles mesures ne doivent intervenir que dans des circonstances exceptionnelles et nullement porter sur de larges portions »
    écrivait Del Ponte dans sa lettre à Svilanovic.
    Elle soulignait par ailleurs que la demande de la Serbie devait être raisonnable et conforme au règlement du TPIY.  Tel ne fut pas le cas. Les juges du TPIY avaient accepté que « l'intérêt vital national » de la Serbie d'éviter une condamnation pour génocide devant la CIJ relevait du domaine de «la sécurité nationale », seul facteur déterminant dans l'octroi de mesures de confidentialité.

    Le bureau de Del Ponte estimait que le fait d'accorder des mesures de non-divulgation dans le seul but d'empêcher une autre cour internationale d'établir la responsabilité de la Serbie n'était ni raisonnable ni conforme à la loi et aux règles de procédure du TPIY. Pour le parquet, la décision des juges en charge de l'affaire Milosevic était ineptes et erronée et devait être cassée. Mais les juges n'autorisèrent pas le parquet à interjeter appel de leur décision . Dans l'impasse, le parquet devait attendre qu'une nouvelle occasion se présente pour tenter de faire annuler la décision controversée des juges. L'attente dura un an et demi.

    En septembre 2005, la chambre d'appel du TPIY devait statuer sur une récente décision des juges en charge de l'affaire Milosevic. En juillet 2005, ces derniers avaient refusé d'accorder à la Serbie une nouvelle demande de non-divulgation qui concernait cette-fois des dossiers personnels militaires.
    Ces documents montraient explicitement que Ratko Mladic ainsi que d'autres généraux de l'armée serbe de Bosnie (VRS) étaient membres de l'Armée de ["Yougoslavie"] (VJ) et relevaient de l'autorité suprême de Belgrade.
    Opposée à ce que ces documents deviennent publics, la Serbie avait saisi la chambre d'appel dans l'espoir qu'elle lui donne gain de cause.

    La chambre d'appel considéra que tous les décisions relatives à la confidentialité des documents du CSD, rendues jusqu'ici par les juges en charge de l'affaire Milosevic, au motif que leur divulgation pouvait nuire à « l'intérêt vital national » de la Serbie relevait d'« une erreur de droit » puisqu'il ne s'agissait pas strictement de raisons de « sécurité nationale ».

    Cependant, la chambre d'appel estimait que les décisions rendues jusqu'à présent avaient crée "une attente légitime" de la Serbie de voir toutes ses requêtes similaires ultérieures satisfaites sur la même base. Les juges d'appel considéraient par conséquent « injuste » de refuser à la Serbie les mesures de confidentialité réclamées pour les dossiers militaires.

    Le parquet décida de se fonder sur cet arrêt de la chambre d'appel pour contraindre les juges en charge de l'affaire Milosevic de reconsidérer l'ordre qu'ils avaient rendu en 2003 interdisant la divulgation de l'intégralité des documents du CSD.
    Le 6 décembre 2005, les juges chargés de juger Milosevic annulaient la fameuse décision et suspendaient les mesures permettant depuis deux ans de restreindre l'accès aux documents du CSD. La version non-expurgée des réunions du CSD allait enfin être publique.

    À cette date, la Bosnie-Herzégovine n'avait pas encore plaidé contre la Serbie devant la CIJ. Les audiences étaient prévues pour la fin février 2006. La Bosnie-Herzégovine pouvait donc espérer récupérer ces pièces cruciales avant l'ouverture des audiences publiques à la CIJ. Elle en fut empêchée par la Serbie qui fit immédiatement appel de la décision. En vertu de l'article 108 bis du règlement de procédure et de preuve du TPIY, tout Etat est autorisé à saisir la Chambre d'appel dès lors qu'une décision du Tribunal lui fait préjudice. La Serbie de surcroît demanda d'ajourner la divulgation des documents du CSD le temps que la chambre d'appel statue, ce qui lui fut accordé.

    Suite au décès de l'accusé en mars 2006, la procédure contre Slobodan Milosevic fut suspendue. Un mois plus tard, les cinq juges composant la chambre d'appel, présidée par le président du TPI, Fausto Pocar, invalidèrent, au motif de « l'attente légitime » de la Serbie, la décision de décembre 2005 autorisant la divulgation des passages sensibles des réunions du CSD. A un kilomètre du TPIY, la CIJ était en train d'entendre les preuves présentées dans le cadre de la plainte pour génocide déposée 13 ans plus tôt par la Bosnie à l'encontre de la Serbie.

    Les documents du CSD peuvent être versés dans d'autres dossiers devant le TPIY. Toutefois la décision de la chambre d'appel du TPIY précise que les mesures de confidentialité sont acquises et seront donc systématiquement appliquées.

    Le parquet pourrait les citer dans l'affaire contre Momcilo Perisic, le chef de la VJ pendant la guerre en Bosnie. Il est le seul des accusés en attente de procès devant le TPIY qui a assisté au réunion du CSD. Perisic a été inculpé pour crimes contre l'humanité en Bosnie mais il n'est pas poursuivi pour génocide ou complicité de génocide à Srebrenica. Perisic n'a pas non été inculpé en tant que participant de l'entreprise criminelle conjointe pour laquelle Milosevic était poursuivi.

    Le Conseil suprême de défense de la Serbie-Monténégro fut crée le 28 avril 1992, trois semaines après le début de la guerre en Bosnie-Herzégovine. Il s'est réuni 74 fois entre mi-juin 1992 et mi-mars 1999. 57 réunions se sont déroulées pendant la guerre en Bosnie. Milosevic fut le seul membre du CSD à avoir participé aux 74 réunions. Sur ordres des membres du CSD, aucune note sténographique n'a été prise au cours de 17 réunions. Neuf d'entre elles se sont tenues en 1995, avant et après le génocide de Srebrenica.

    Des chercheurs internationaux, des experts juridiques et des activistes des droits de l'homme s'efforcent aujourd'hui de convaincre Belgrade d'ouvrir ses archives des années 90 et de leur permettre d'étudier les verbatim et comptes-rendus des réunions du CSD, la plus haute autorité politique sur les forces armées. Bien que la Serbie n'ait pas été condamnée pour génocide par la CIJ, Belgrade continue de refuser de porter à la connaissance du public les archives de l'époque Milosevic. La divulgation des parties expurgées des documents du CSD pourrait en effet remettre en cause l'arrêt de la CIJ et la crédibilité de ses juges qui ont refusé d'enjoindre à la Serbie de transmettre ces documents qui définissent les forces serbes de Bosnie (VRS) comme une partie intégrante de l'armée de ["Yougoslavie"] (VJ), placées sous l'autorité suprême de Belgrade, et sans lesquels ils ne pouvaient juger en toute indépendance le litige qu'ils étaient appelés à juger.

    En privilégiant "l'attente légitime" de la Serbie aux dépens des intérêts légitimes des victimes et de la transparence des procès,  la chambre d'appel du TPIY a contribué à escamoter la vérité, et ainsi encouragé la CIJ à omettre sciemment une partie du dossier en ne demandant pas les preuves qu'elle avait pourtant le devoir de connaître.

    Le TPIY ne s'est pas opposé à ce qu'un Etat lui demande de restreindre l'accès à des preuves et ainsi de les soustraire à la connaissance d'une autre instance judiciaire au seul motif que ces mêmes preuves incriminaient des personnes ou des institutions qui, en raison de leurs crimes, pouvaient être astreintes par une autre instances (dont la CIJ) à payer des réparations aux victimes de ces mêmes crimes. [un déni de Droit]
    La chambre d'appel du TPIY a ainsi violé la résolution (827) du Conseil de sécurité des Nations unies qui l'avait établi en 1993. L'article 7 de cette résolution [dispose] que

      « la tâche du Tribunal sera accomplie sans préjudice du droit des victimes de demander réparation par les voies appropriées pour les dommages résultant de violations du droit humanitaire international. »



    Florence Hartmann vient de publier « Paix et châtiment, les guerres secrètes de la politique et de la justice internationales » chez Flammarion (septembre 2007). Les passages concernant le même sujet se trouvent en pages 114-123 puis 305-307 de l'ouvrage.
    Cet article est un adaptation française de « Vital genocide documents concealed » paru le 21 janvier sur le site du Bosnian Intitute de Londres.
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