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Message par Rantanplan Dim 8 Juil 2007 - 0:01

J'ai trouvé un article sur les Cabirs de Samothrace, mais je n'ai pas vu le rapport.
Pour le casque de Skanderbeg, j'ai aussi trouvé mention de l'expression "possesseur des deux cornes" qui désignerait un grand souverain, appellation qui aurait commencé avec Alexandre le Grand. Or, Skënderbeu, le surnom que s'était donné Georges Castriote, veut dire "le seigneur Alexandre".

Lorsque les populations allogènes sont beaucoup plus plus nombreuses que les populations autochtones, ces populations autochtones seront priées de plier bagage vers un ailleurs hypothétique. Cela a été le cas pour les avanies que l'on a fait subir aux Juifs , et maintenant on fait pareil pour les Serbes.
Sur tous les territoires que les Serbes ont essayé de voler à leurs voisins, les Serbes étaient arrivés :
    - en même temps qu'eux, comme en Herzégovine ou --à condition d'être d'origine morlaque, et de considérer que les Valaques du Timok installés en Bosnie par les Turcs au XV° siècle y étaient encore chez eux, en tant que descendants des Illyriens-- en Croatie, ou
    - beaucoup plus tard comme en Bosnie, et au Kosovo.
Si la distinction entre "allogènes" et "autochtones" a un sens au bout d'un demi-millénaire, ce seraient plutôt les Serbes qui sont les "allogènes", et tout particulièrement au Kosovo.
des membres de ce groupuscule , qui ont été liquidés par les Serbes , pour d'innocentes victimes civiles
Valmir Delijaj, terroriste de 18 mois massacré avec sa famille à Abri i Epermë/Gornje Obrinje en octobre 1998 :

fil des Affaires balkaniques - Page 2 Kuf_chw_2

Pas plus que les Bosniaques, les Kosovars n'avaient aucun besoin d'inventer des crimes serbes, il suffisait de faire connaître ceux que les Serbes avaient réellement commis. Ce sont les Serbes qui ont fait marcher à fond leur Gestapo communiste du mensonge pour tenter, contre toute vraisemblance mais non sans quelque succès, de faire passer pour des "montages" ceux de leurs crimes qui ont le plus influencé les décisions politiques occidentales : ainsi du massacre de Reçak et de celui de Markale le 5 février 1994, les crimes les mieux analysés par le Tribunal pénal international.

Merci de nous indiquer ce nouveau menteur, je ne connaissais pas "Patrick Pénot". En revanche, les menteurs Volkoff et Gallois, je connaissais. Et leur ignorance crasse de ces sujets réussit toujours à frapper encore davantage que l'ignominie de leur complicité avec les agresseurs.
Pour l'accusation portée contre Villemarest, j'attends les preuves. Quoiqu'il ait eu le tort de s'en remettre à des contacts personnels plutôt qu'à une étude approfondie des sources ouvertes --et les vrais spécialistes ont appris les langues du pays-- il avait une assez bonne idée de la manoeuvre serbolchévique contre la Croatie.

MEME BERNARD KOUCHNER A RECONNU QUE CELA AVAIT ETE UNE C********* DE S'EN ETRE PRIS AUX SERBES
CE QUI SERAIT INTERESSANT, CE SERAIT DE SAVOIR OU VOUS ETES ALLE PECHER CE MENSONGE.

LES SERBES ONT ETE VICTIMES DE LA COLLUSION ENTRE LES NAZIS ET LES MUSULMANS , DURANT LA DEUXIEME GUERRE MONDIALE
C'est une variante ad usum du mensonge comme quoi les Serbes auraient "résisté aux Nazis" alors que les autres "collaboraient".
Le peuple de Yougoslavie qui a subi le plus de pertes du fait de la guerre relativement à sa population, mis à part les juifs, c'étaient les Monténégrins. Les Serbes ne sont que légèrement sur-représentés parmi les victimes, essentiellement tués par les Oustachis, les Partisans et dans les combats contre les Allemands en 1945. Les Musulmans ont surtout été victimes des massacres serbes, ceux qui se sont engagés dans les Waffen-SS ne l'ont fait que pour défendre leurs villages contre ces massacres, et comme on voulait leur faire faire autre chose, leur valeur militaire était faible voire inexistante. Certains d'entre eux avaient même été envoyés si loin qu'ils se sont carrément révoltés.

POUR QUI VOUS PRENEZ-VOUS POUR PORTER DE TELS JUGEMENTS SUR DES GUERRES CIVILES
Ce n'était pas des "guerres civiles" mais des guerres de conquête et d'extermination menées par deux ETATS --la Serbie et le Monténégro contre trois ETATS --la Croatie, la Bosnie-Herzégovine et le Kosovo, toutes organisées et menées par Milosevic et sa bande. Il suffit de connaître l'histoire pour le savoir. Mais on ne peut pas connaître l'histoire si on a pris Gallois et Volkoff au sérieux.

LA GUERRE EN YOUGOSLAVIE S'EST PRODUITE SOUS L'ADMINISTRATION CLINTON
C'est le 17 août 1990 que les Serbolchéviques ont commis leurs premiers actes d'agression ouverte contre la Croatie, qu'ils préparaient depuis le mois de février. Clinton est arrivé au pouvoir en janvier 1993. C'est vrai qu'il y a des Républicains qui ont gobé la propagande serbe par détestation de Clinton, mais la politique du gouvernement actuel n'a pas changé par rapport à celle du gouvernement précédent. Les plus importants dirigeants Républicains de l'époque et les néo-conservateurs avaient compris depuis le début ce qui se passait.

DES STRUCTURES LIEES A AL QAIDA S'ETAIENT INSTALLE EN BOSNIE ET AU KOSOVO
En Bosnie, quelques-uns, grâce à l'agression serbolchévique : certains se sont fait prendre, et la police de Sarajevo a saisi un trésor de renseignements sur les comploteurs ; on y traite les wahhabites moins bien qu'en Grande-Bretagne, et c'est pourquoi il y en a beaucoup moins que dans n'importe quel pays occidental. Au Kosovo il n'y en a pas, en dépit des efforts séoudiens.


Dernière édition par le Lun 9 Juil 2007 - 20:35, édité 28 fois

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Message par dzioul Dim 8 Juil 2007 - 2:22

hélas, hélas l'humanité ne vit que de sacrifices humains ( cf René GIRARD ) Il faut essayer de ne pas etre le sacrifié
je suis DZIOUL l'oiseau
on me demande toujours d'etre précis , etc ;

je réponds au précédent :
dieu préserve des wahhabites partout
tout partout
[...]
J'ai supprimé ces propos racistes et orduriers aussi inacceptables qu' indignes de ce forum culturel.

Vous êtes dégagé.
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Message par Rantanplan Dim 8 Juil 2007 - 6:37

Le château de Rozafa au sud de Shkodra, au confluent de la Bunë et du Drin (cliquer sur l'image pour la photo aérienne)

fil des Affaires balkaniques - Page 2 1998057-Rozafa_castle_and_lake_of_Shkodra-Shkoder

C'est en 1858 que le Drin, à la suite d'une immense crue, a changé de cours, et rejoint désormais la Bunë, qui coule du lac de Shkodra. L'ancien cours n'est plus qu'un filet qui se jette dans l'Adriatique aux environs de Lezha.

Au nord de la ville, sur la rivière Kir, on peut voir le Pont de Mes (Ura e Mesit) construit au XVIII° siècle par les Ottomans.

fil des Affaires balkaniques - Page 2 Ottoman_bridge
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Message par Victor le chacal Dim 8 Juil 2007 - 9:23

Rantanplan a écrit:J'ai trouvé un article sur les Cabirs de Samothrace, mais je n'ai pas vu le rapport.
Ceci est parfaitement normal, mon cher. C'est plutôt le jour où ce troll aussi inculte qu'insignifiant (et ordurier et raciste) dira qchose de pertinent qu'il faudra s'étonner.

En attendant il ne polluera plus ce forum distingué.

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Message par Rantanplan Lun 9 Juil 2007 - 20:07

Tiens, une discussion pour B. P.-A. sur Haimos, la première appellation des Balkans

Les ruines de Novo Brdo/Novobërda, qui fut l'une des mines d'or, d'argent et de plomb les plus importantes du moyen-âge. C'est un cône volcanique partiellement effondré.
fil des Affaires balkaniques - Page 2 Nbrdo
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Message par BRUGIER PHILIPPE-ARNAUD Lun 9 Juil 2007 - 21:46

Ce que vous dîtes , n'a strictement RIEN MAIS VRAIMENT RIEN d'étonnant , puisque l'on sait que depuis l'Antiquité , les Contrées Balkanico-Caucasiennes sont des mines de cuivre , d'argent , d'or , de fer , de charbon , de pierres précieuses , et de plomb .
En effet , un chercheur et Professeur Roumain Dan Romalo a écrit :
" Cronica geta apocrifa pe placi de plumb " où il fait état des Tablettes de Plomb réalisées vers le IIIème siècle après Jésus-Christ et où il est écrit l'Histoire des Daces et de son Chef Dacebalus et dans la Région des Six Forteresses Daces , dont la plus importante SARMIZEGETUSA . Il se trouve que SARMIZEGETUSA est très proche de Belgrade .

Le fait que les Contrées Balkanico-Caucasiennes soient tant convoitées , c'est qu'il y a plusieurs raisons à cela :
- Une situation géopolitique entre le reste de l'Europe , l'Asie Centrale et les Contrées Egéennes Crétoises-Minoennes .
- Des réserves minières très importantes
- Un climat
- Un fleuve ( Le Danube ) .

Or , si on lit les ouvrages de Iaroslav Lebedynsky et de Vladimir Kouznetsov , on ne peut que de constater cet état de fait , par les Alains , les Saces , les Sarmates , les Scythes , les Pétchténègues , les Cimmériens et les Huns qui ont été autrement plus puissants et autrement plus brutaux et encore plus autoritaires que ce que vous dénoncez chez les Serbes . Peut-être que ces Serbes descendent d'un de ces peuples ???
Et peut-être , c'est le cas pour les Daces ???? Car c'étaient ou ce sont des peuples qui ont l'esprit de domination . Reste à savoir s'il ya une relation de filiation entre les Daces et les Serbes ??? Vu la configuration des lieux , cela ne m'étonnerait pas !!!!
Si tel est le cas , on ne renier , cette volonté de puissance .
En effet , les Allemands , quelle que soit l'époque, ont toujours dominé l'Europe , qu'il aient été Germains , Alamans , Teutons .

D'ailleurs , aussi loin que l'on remonte dans l'Antiquité , les premiers peuples qui ont dominé ces Contrées Balkanico-Caucasiennes , sont les Pélasges , qui ont " réalisé " un " Empire de nature Astronomique et Métaphysique " , de Karahundj , en Arménie , jusqu'à Stonehenge , au Royaume-Uni , et de Gavrinis , en France , jusqu'à Tartaria , en Roumanie ( la Culture Vinca ) et Karanovo , en Bulgarie , et même jusqu'en Mer Egée ( Délos ) .

Et pour enfoncer le clou , même les Celtes ont dominé ces Contrées Balkanico-Caucasiennes , car les Civilisations du Hallstadt et de la Tène , se situaient en plein coeur de l'Europe , en Autriche , Hongrie , Tchéquie , Slovaquie , Allemagne et avec des mines des cuivre , de fer , de charbon .

Je fais une analyse aussi bien LUGANIENNE que KRETSCHMERIENNE que DUMEZILIENNE , car ces trois interprétations se fondant sur le principe de réalité telle que l'Archéologie et l'Histoire l'envisagent par des fouilles , se rejoignent , quant à la permanence des peuples dominants et des peuples dominés .
C'est le cas pour Paul Kretschmer , concernant le peuple Dominant , dans les Contrées Balkanico-Caucasiennes et en Mer Egée , c'est-à-dire les Proto-Ioniens ( voir les ouvrages de Jean Faucounau , à ce sujet ) .
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Message par Rantanplan Mar 10 Juil 2007 - 1:23

Les Daces étaient une tribu thrace. Les Serbes sont arrivés bien après.
J'ai vu que les Pélasges passent pour avoir été les premiers habitants de la Grèce, mais au-delà, je n'ai pas trouvé toutes ces belles inventions qui voudraient baptiser tels les différents peuples d'Europe du sud-est, arrivés avec des siècles voire des millénaires d'écart.
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Message par Guinevere Mar 10 Juil 2007 - 10:04

Les Serbes -- et les Croates, d'ailleurs -- sont des montagnards des Carpathes descendus vers le sud au début du moyen âge. Leur éventuelle localisation d'auparavant se perd dans les brumes dans la mesure où ces tribus n'avaient pas d'écriture.

Les Pélasges sont le nom collectif donné aux peuples marins qui ont sillonné la Méditerranée avant la Grèce homérique. On a rangé des gens très divers sous cette étiquette. Il faut sans doute penser aux constructeurs de mégalithes chez qui se dénote une culture commune maritime, ce qui ne signifie ni un seul peuple, ni une seule langue. Mais certains auteurs y ont rangé la civilisation égéenne de l'âge du bronze. Bref, un mot valise.

Pas le temps de développer ce matin, excuses.
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Message par Rantanplan Mar 10 Juil 2007 - 17:23

Les Carpathes ? Ils n'ont fait qu'y passer au nord. Au VI° siècle les Serbes se trouvaient en Bohême et les Croates dans la région de Cracovie (Croatie blanche). Les Sorabes de Lusace (Serbie blanche) parlent aujourd'hui un langage intermédiaire entre le polonais et le tchèque et mis à part la langue des voisins du sud : slovènes et macédoniens, c'est le Slovaque qui ressemble le plus au serbo-croate.

ORIGINE ET MIGRATIONS DES CROATES


Selon certains documents historiques, ni le nom Hrvat (Croate), non plus que le peuple croate tel qu'il apparaît aujourd'hui sur le plan ethnique et politique, ne sont d'origine slave. La plupart des scientifiques interprètent ce nom au moyen de racines irano-caucasiennes. Le nom du peuple HARAUVAT, gravé sur une inscription en pierre du roi Darius (522-486 avant J.-C. ), corrobore cette opinion. Il figure dans les livres sacrés perses sous la forme HARAHVATI, dans le sens d' « ami » ou, selon une autre opinion, dans celui de « siège du soleil ». Les Croates vivaient dans le sud de l'Afghanistan, le Bélouchistan et la partie orientale de l'Iran. Ils s'installèrent plus tard autour du Caucase, où l'on mentionne la tribu des HVARTIN, et, plus loin, vers la côte orientale de la mer d'Azov.

Aux IIe et IIIe siècles après Jésus-Christ, ils vivent à l'embouchure du Don, près de la ville de Tanais (aujourd'hui Azov). Deux inscriptions tombales le confirment : CHOROATHOS et HOROVATOS, des années 175-211 et 220,
dans le sens de HORVAT, c'est-à-dire HRVAT (Croate). Au IVe siècle, les Antes - peuple également d’origine iranienne - et les Croates, sous la pression des Huns, et avec ceux-ci, émigrent vers les versants septentrionaux des Carpates et le long de la Vistule supérieure. Une trace de la présence croate a été conservée dans les Beskides [Polonais], dans l’appellation HERVARA SAGE, qui signifie « montagne des HARVATA », c’est-à-dire « montagne des Croates ».
Au Ve siècle, après la mort d’Attila, en l’an 453, les Antes et les Croates se libèrent des Huns, se slavisent, adoptent un nom, une langue et des coutumes slaves. Aux Ve et VIe siècles, un grand Etat anto-slave s’y constitue, qui englobe certaines parties de la Silésie, de la Galicie et la région située entre l’Oder et le Pont, qui a son siège sur la rivière Bug, dans le pays des Tchervènes.

En 568, les Avares renversent l’Etat anto-slave et les Antes disparaissent de la scène historique. Les Croates forment alors la Croatie Blanche ou Grande Croatie, qui avait son siège dans la ville de CHORDATU (CHORDAD), l’actuelle Cracovie. Elle exista du VIe au XIe siècle après J.-C. Elle comprenait certaines parties de l’actuelle Tchéquie, de la Slovaquie et de la Pologne méridionale, avec des villes comme Prague, Brno, Przemysl, Wroclav, et les versants de la montagne Krkonose (en pol. Karkonosze, en all. Riesengebirge, « mont des Géants), et s’étendait aussi au nord de l’Elbe jusqu'à la rivière Jizera et autour de la Vistule supérieure. De nombreux noms croates ont été conservés : CHROVATI à l’ouest de Cracovie, CHARWATH dans le district d’Olomouc. Sur le territoire de l’évêché de Prague, on trouve au XIe siècle les CHROVATI, CHROWATI, tandis qu’au nord des Moraves habitent les HORITHI.

Au VIIe siècle, une partie des Croates abandonne la Croatie Blanche et descend vers la mer Adriatique. Ils y fondent la nouvelle Croatie Blanche ainsi que la Croatie Rouge et la Croatie Posavienne. Ils fixent leurs frontières continentales sur la Mur, la Drave, le Danube et la Drina. Leur chemin les conduisit à travers la Carantanie, c’est-à-dire les régions actuelles de Carinthie, Styrie et Carniole.
C’est ainsi que l’on mentionne l’appellation CHROWAT (XIe-XIIIe s.) entre Leoben et Judenburg, KRAUT ou CHROWAT (XIe-XIIe s.) en Carinthie, autour du Millstätersee, CROUUTI (954-979) et le pagus CROROUVAT (XIe s.) dans le Gosposvetsko Polje et KARNBURG dans les environs de Klagenfurt.

Plusieurs groupes de Croates se sont séparés de leur peuple d’origine, qui avait occupé le territoire croate au VIIe siècle. On mentionne des Croates dans la Duklja [Dioclée = Monténégro], en Macédoine (HRVATI près de Bitola) et en Grèce (HARVATI en Attique et près de Mycène en Argolide, ainsi que HARVATA près d’Héraklion en Crète). Des traces ont également été conservées sur le territoire de la première Croatie Blanche en Moravie, le long de la rivière Saalach et ailleurs.
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Message par Rantanplan Jeu 12 Juil 2007 - 21:27

Les touristes grecs à la découverte de l’Albanie
Aleksandër Marku, Gazeta Shqiptare, 11 juin 2007


Partir en vacances en Albanie est la dernière mode en Grèce. Alors que dans les années 1990, les touristes albanais faisaient l’objet de d’innombrables blagues grecques, les agences de voyage helléniques proposent désormais avec succès des séjours en Albanie. Les touristes sont impressionnés par la beauté des paysages et la qualité de l’accueil. Certains ont aussi l’impression de découvrir un pays pas bien différent du leur... Quand le tourisme permet de dépasser les préjugés et les vieilles animosités.

« J’ai tourné dans le monde entier, mais le meilleur café c’est à Tirana que je l’ai bu », confient des touristes grecs au quotidien grec Kathimerini, dans un article sur les touristes grecs qui commencent à subir l’attrait de leur voisin du Nord. Il s’agit cependant d’un phénomène qui ne fait que commencer. Les touristes grecs reviennent étonnés de l’Albanie. Naturellement, ils ont découvert un pays complètement différent de l’idée qu’ils s’en faisaient.

Ce ne sont pas seulement les merveilles des paysages et les rythmes de développement qui étonnent - précise l’article - mais surtout la générosité de gens aimables et accueillants. Les touristes grecs interviewés par le journal grec ont été très généreux dans leurs appréciations, en évoquant, comme cette touriste, « des gens chaleureux, fiers et présentant bien. Avant de partir pour l’Albanie, j’avais imaginé un pays bien différent de celui que j’ai vu ». Tous affirment leur surprise de l’Albanie découverte. Un autre touriste dit que « les beautés de l’Albanie ne sont pas différentes de celle de la Grèce ». Un autre mentionne le pain délicieux et les laitages de qualité.

Voici les impressions des touristes grecs au retour de l’Albanie.
Si dans les années 1990 les termes alvanos turistas (« touristes albanais ») étaient en Grèce le préambule à de longues blagues et autres anecdotes, les temps semblent avoir désormais changé. Nombreux sont les Grecs qui choisissent de visiter l’Albanie et de ramener de bons souvenirs de leur passage. Le nombre des curieux qui veulent visiter le pays voisin augmente et ces derniers temps, les agences touristiques se lancent sur le créneau en publiant des guides de l’Albanie. Cela semble de bon augure. Le quotidien grec Kathimerini publie des témoignages impressionnants sur l’Albanie.

Cela pourrait être un bon début pour enfin couper court aux préjugés sur les voisins. Mais il faut reconnaître que la majeure partie des Grecs ne sait toujours rien de l’Albanie. Les Grecs manquent d’informations sur le développement économique, politique et social de l’Albanie. L’idée générale qui domine toujours est que le pays voisin est pauvre, dominé par la criminalité, la corruption. Rien de plus.
Tout cela est naturellement véhiculé par les médias grecs, mais c’est également dû au désengagement de la classe politique albanaise, qui ne s’est jamais préoccupée d’améliorer la mauvaise image de l’Albanie à l’étranger.

Les agences touristiques se sont mises à faire ce que les gouvernants albanais ont toujours négligé, en s’occupant du marketing de l’Albanie et en tirant des profits. Cela semble étrange mais ce sont justement les agences grecques qui se sont lancées dans ce processus gratifiant.

La première à se lancer a été une agence de Thessalonique, qui organise depuis l’automne dernier des séjours de 4 à 5 jours, qui ont eu beaucoup de succès, au point d’amener d’autres agences à suivre cet exemple. Les clients, tous grecs, ne sont pas des Albanais résidant en Grèce qui reviennent périodiquement visiter leur pays d’origine, ni des Albanais ayant acquis la nationalité grecque. Ils pensaient tous visiter un pays sous-développé, où la moindre des mésaventures aurait été de se faire voler son porte-monnaie.

« Je m’attendais à voir un pays plongé dans la pauvreté et le dénuement », confie Eleni Semelidou, de Thessalonique, « bien au contraire, j’ai trouvé un pays en effervescence, avec des fleuves, des lacs, des côtes, très semblable à la Grèce, où les gens sont gentils, aimables, ouverts. J’ai particulièrement apprécié le pain et d’autres produits alimentaires qui sont encore artisanaux. J’ai aussi été frappée par le fait que dans de nombreux magasins, on trouve des produits grecs et italiens. Je ne m’attendais pas à voir des supermarchés aussi bien remplis. J’ai été impressionné par les femmes albanaises, qui font très attention à leur manière de s’habiller, qui sont à la pointe de la mode, vraiment pas bien différentes de nous. L’Albanie m’a laissé les meilleures impressions ».

Evguenia Hondromatidou, de Ptolemaida, avait visité l’Albanie pour la première fois dans les années 1980, quand le pays était un synonyme de l’isolement. « 20 ans plus tard », affirme-t-elle dans le quotidien grec, « le pays est méconnaissable. Je ne m’attendais pas à des changements si radicaux. Les gens sont orgueilleux, c’est impressionnant, cela se voit déjà à leur manière de marcher, ils ne sont pas du tout tristes, ils sont soignés et extrêmement gentils. Les clichés qui se sont répandues dans les années 1990 ont fait naître des idées fausses sur ce pays. On pourrait dire que l’Albanie a été un pays mal compris. Il y a encore autre chose - j’ai tourné partout dans le monde, mais le meilleur café, c’est à Tirana que je l’ai bu ».

Si on leur demande « Qu’est-ce qui vous a incité à visiter l’Albanie ? », tous les touristes répondent : la curiosité. « Lorsque j’ai dit à mes amis que j’allais faire ce voyage, ils m’ont dit que j’étais folle, mais quand je suis revenue de mon séjour, ils ne se lassaient pas de me posaient des questions sur ce que j’avais vu, m’écoutant des heures entières, pendus à mes lèvres », confie cette dame.
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Message par Rantanplan Dim 15 Juil 2007 - 1:24

Nouvelles chansons de Noël en albanais


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    Fetarë ju shpejtoni - Vikena Kamenica
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Message par Rantanplan Mer 18 Juil 2007 - 9:35

Les écoles littéraires albanaises
d'après Sabri Hamiti, Qëndra për Informim e Kosovës


A. LES ECOLES

Cinq siècles durant, la littérature albanaise a formé son identité artistique consolidant en même temps ses constantes et ses transformations. Cependant, au fil des âges, ses caractéristiques structurales ont changé aussi bien sur le plan intérieur qu’au niveau de ses rapports avec les contextes extra-littéraires.
Les écoles (préceptes et doctrines) littéraires sont des manifestations structurales et conceptuelles de cette littérature, qui deviennent signes dominants des grands auteurs à l’écriture de leurs ouvrages et aussi une consience littéraire.
Ces écoles sont basées sur quelques particularités et qualités du texte littéraire telles que:
    1. La structure des discours littéraires, les codes thématiques, les formes littéraires, la fonction, le statut du texte littéraire ;
    2. Les grands auteurs et leurs œuvres importantes munies de caractéristiques d’une école ;
    3. Les auteurs qui, au niveau théorique, arrivent à légitimer les caractéristiques de l’école , et
    4. La ou les figures rhétoriques et poétiques qui qualifient un type d’écriture qui peut devenir son emblème.
Suivant ses recherches, les textes de la littérature albanaise, depuis ses débuts à nos jours, on peut en citer les écoles littéraires suivantes:
    1. L’école philobiblique ;
    2. L’école romantique ;
    3. L’école critique ;
    4. L’école moderne ;
    5. L’école du réalisme socialiste ;
    6. L’école de la dissidence et
    7. L’école moderne (Kosove)
Nous allons présenter par la suite leurs principales caractéristiques.


1. L’école philobiblique

Pour cette école, le texte littéraire albanais n’est en fait qu’un hypertexte biblique, qui est universel, d’où sa dénomination philobiblique. Par la suite, les textes littéraires sont incorporés dans les livres de doctrine chrétienne pour présenter ainsi celle-ci sous une forme différente. L’auteur est marqué, mais son statut est changé de celui de traducteur vers celui de créateur.
Le discours est composé selon le modèle de la rhétorique et de la morale biblique chrétienne. En même temps, les sujets dominants sont bibliques (L’Ancien Testament et le Nouveau Testament). Les figures, les personnages ainsi que les figures poétiques sont également de base biblique. Les formes littéraires se présentent en vers, sous forme de poésie appliquée et occasionnelle, alors qu’en prose elles sont d’un caractère didactique et moral.
La part de l’auteur est ici originale, et n’est en fait qu’une explosion du système, telle la révolte extérieure de l’auteur qui s'oppose à la domination étrangère sur le monde albanais. Quelques intercalations rares des sujets albanais sont aussi originaux, telle que la topique et la figure du texte qui sont forcément conditionnées par l’expression albanaise et de sa moralité. Ici fait partie aussi la forme du vers, quand il est octosyllabique trochaique qui domine le vers albanais.

Les plus grands auteurs de cette école sont :
    Pjetër Budi ( 1566-1622), qui dans son ouvrage La Doctrine Chrétienne (1618) (Doktrina e Krishterë) a composé plus de trois mille vers octosyllabiques regroupés en quatrains, avec des sujets et des figures bibliques, voire des sujets albanais, avec un albanais autodidacte. L’octosyllabe et le quatrain deviennent la norme d’écriture pour Budi, excepté un cas où cet octosyllabe semble être dédoublé.

    Pjetër Bogdani (1630-1689) dans son ouvrage Çeta e Profetëve (["La Cohorte des Prophètes", ]Cuneus Prophetarum [de Cristo Salvatore Mundi] [Padoue, ]1685) intercale les Chants des Sibylles ("Kangët e Sibilave") païennes qui prévoient l’arrivée du Christ (par conséquent, la poésie est au service de la doctrine chrétienne) pour former ainsi le vers cultivé littéraire, de onze syllabes et la forme de la stance avec un schéma régulier de rimes. Bogdani albanise les Sibylles au moyen de la nomination et les figures poétiques par l’intermédiaire de la topique et la figure idiomatique albanaise. Il y a aussi dans son œuvre une poésie purement cosmogonique, La Création de l’Univers (Krijimi i rruzullimit) qui est de valeur anthologique.

    Jul Variboba (1724-1788 ) a rédigé le premier ouvrage purement littéraire : La vie de la Sainte Vierge Marie (Gjella e Shën Mërisë Virgjër, 1762) qui est un recueil de poésie. Bien que le fond de cet ouvrage soit composé de deux poèmes sur la Sainte Marie et le Saint Bambin ( le Christ), on y trouve aussi des poésies sur la tradition et les fêtes des Arbëreshë. La révolte et l’originalité de Variboba vont si loin jusqu’à considérer Marie comme une femme (mère) arbëreshë, tandis que son vers est formé par des variations du vers libre arbëresh jusqu’au vers cultivé et mesuré d’une rime intérieure.
Le codificateur théorique de l’école philobiblique est Pjetër Bogdani. Dans son traité philosophique et théologique Cuneus Prophetarum élève une rhétorique et même une poétique qui s’appuient sur les auteurs classiques antiques, mais elle est imprégnée des exégètes chrétiens. Pour la première fois chez cet auteur, se manifeste la théorie sur la figure, la parole figurée et le discours biblique en albanais.

La figure représentative et la clé interprétative de cette école est l’allégorie.


2. L’école romantique

La littérature romantique albanaise est liée entièrement à la Renaissance Albanaise en tant que mouvement culturel pour former la nation. C’est pourquoi, son discours littéraire est composé aussi sur deux niveaux : l’un personnel et l’autre collectif. Ainsi, le discours doit beaucoup au but et à la fonction du texte.
Les écrivains romantiques voient la religion comme un esprit personnel, mais pas les formes bibliques comme un modèle stylistique ou une avant base thématique. Pour l’école romantique, la thématique collective nationale se découvre petit à petit en allant dans l’histoire pour découvrir le héros national : Skenderbeg. Parallèlement se développent les thématiques individuelles, presque jusqu'à l’enthousiasme afin de dévoiler la subjectivité. Le code de la littérature orale se consolide sur les deux grandes ramifications thématiques au moyen de figures, de thèmes et de discours.
Les formes dominantes littéraires sont le lyrisme très personnalisé, le poème avec prétentions synthétisées et le poème d’une puissance narrative d’un argument héroique dans le but de devenir une épopée nationale.
Pour cette école littéraire le texte prend un caractère glorificateur aussi bien pour les jaillissements personnels que pour les grands rêves nationaux.

Les grands auteurs de l’école romantique sont :
    Jeronim De Rada (1814-1903), contemporain de grands romantiques européens, connu par ses œuvres de différents genres, dont le brillant poème lyrique Milosao (1836) mais aussi celui épique, Skenderbeg le malchanceux (1872-1884) (Skënderbeu i pafan). Emerveillé des chants arbëreshë, il a formé dans Milosao un nouveau style avec de jolies et étonnantes figures et un vers libre, alors que dans le poème sur Skenderbeg il applique un discours plus attachant pour former ainsi des vues fascinantes de la nature et de la vie de l’être humain. De Rada a introduit pour toujours le sujet du héros national dans la littérature albanaise et le modèle sublime de la littérature qui a été appliqué plus tard par les autres auteurs.

    Zef Serembe (1843- 1901) est le plus grand poète lyrique albanais, qui fuit le modèle dominant du romantisme albanais pour créer un lyrisme brillant dominé par l’amertume. Son lyrisme parfait par sa forme exprime le mal du siècle et ses passions pour une flânerie sans fin pour en rester inconsolé. Serembe est un romantique occidental avec des caprices subjectifs.

    Naim Frashëri (1846-1900) est pareillement important comme apôtre de la nation, que comme un poète qui a formé la langue littéraire albanaise. Il a élevé l’hymne du pays avec son œuvre La vie pastorale (1886), (Bagëti e Bujqësi) l’hymne sur l’amour avec son poème "La Beauté" (1890) ("Bukuria"), et l’hymne sur le héros national avec son poème épique "Skënderbeu" ( 1898). Malgré son amour pour les grandes formes épiques, Naimi reste lyrique, tandis que son texte est chargé de leçons morales, religieuses et nationales ayant pour motif l’éducation.
Le codificateur théorique de l’école romantique albanaise est Jeronim De Rada avec ses Principes esthétiques (1761), où le savoir classique se croise avec son expérience personnelle pour former ainsi la fascination avec la poésie. En revanche, le codificateur idéologique national de cette école est Sami Frashëri avec son œuvre, L’Albanie : qu’à-t-elle été, qu’est-elle et que deviendra-t-elle ? (1899), dans laquelle il sublime les rêves de la réalité romantique pour sa nation et son pays.

Les figures dominantes de l’école romantique albanaise sont l’épithète et la comparaison.



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Message par Rantanplan Mer 18 Juil 2007 - 9:37

3. L’école critique

La caractéristique fondamentale de cette école est le passage du modèle glorificateur de l’écriture et de la culture, au modèle critique. C’est là que commence la manifestation des différents styles individuels et de différents discours. Le langage poétique et la versification sont perfectionnés tandis que s’affirme la culture littéraire d’écriture. Malgré cela, les thématiques nationales sont gardées , alors que les auteurs fortifient leurs tendances en vue des sujets sociales et deviennent plus critiques. Des auteurs d’une grande formation culturelle et littéraire apparaissent sur scène en reconnaissant en particulier les traditions littéraires de l’ Occident. Bien qu’il y ait encore des auteurs qui veulent couronner la nostalgie pour l’épopée nationale, les formes littéraires sont variées tels le lyrisme, l’épique, le théâtre, les formes élémentaires et développées en prose. Pour la première fois apparaît le jugement sur la littérature actuelle sous forme de critique.


Les auteurs les plus connus de cette école sont :
    Ndre Mjedja ( 1866-1937), grand maître du vers, qui avec son œuvre "Le Rêve de la Vie" (1917) ("Andrra e Jetës") ne forme pas un hymne, mais un témoignage de la vie albanaise en développant aussi les grands sujets métaphysiques sur un petit terrain concret pour connaître la vie. Il est également le grand maître du sonnet, "Lissus" (1929).


    Anton Zako Çajupi ( 1866-1930), l’esprit le plus critique de l’époque, qui avec son aptitude pour l’ironie et la satire a réussi à renverser les thématiques et les discours bibliques pour incorporer ainsi le jargon populaire. Ainsi avec son œuvre "Baba Musa nu" (1905) ("Baba Musa lakuriq") il a su créer la forme de la parodie en albanais.


    Gjergj Fishta (1871-1940), qui tout en écrivant durant quatre décennies son ouvrage épique "Le luth des Montagnes", ("Lahuta e Malsisë"), il avait en même temps mis les fondations de la satire albanaise avec les autres ouvrages : Les Guêpes du Parnasse (1907)("Anzat e Parnasit") et "L’Ane de Babatas" (1923)("Gomari i Babatasit"), qui traitent de la vie des Albanais de son époque. En réalité Fishta a formé le style critique et a démoli les tabous thématiques.


    Faik Konica ( 1875-1942), styliste brillant de son époque, qui avec ses essais comme avec ses écrits littéraires a modelé son propre style critique pour renverser ainsi les influences dans la culture albanaise afin de trouver l’authenticité. Son ouvrage inachevé Le Dr Gjëlpëra découvre les racines du drame de Mamuras (1924) (Dr Gjëlpëra zbulon rrënjët e dramës së Mamurasit), fait une chirurgie de la vie psycho-sociale de l’époque.


    Zef Skiroi ( 1865-1927) dans son œuvre Au pays d’autrui ( 1900,1940), pleure la misère de l’altérité collective en appelant au salut, tandis qu’avec son dernier poème Mino (1923) il pleure sa propre douleur et l’agressivité qui tue et qui a cessé de s’occuper des valeurs humaines. Il s’agit d’un conflit dramatique de l’héroisme avec la lâcheté.


    Fan S. Noli ( 1882-1965), dans son ouvrage dramatique Israélites et Philistins (1907), (Israelitë e Filistinë) comme dans ses poésies, a rendu les idées fondamentales de la société de l’époque en idées littéraires. Il a développé un discours poétique et rhétorique qui est appuyé sur les figures bibliques dans le but de les traduire dans la vie réelle. Son style rhétorique plein de nuances émotionnelles conduit vers une polémique brillante.
Le codificateur théorique et critique de cette école est Faik Konica, et le fondateur de la critique littéraire albanaise. Avec son essai Chronique des lettres albanaises ( 1906) (Kohëtore e letrave shqipe), et ses autres textes, Konica a jeté les bases théoriques de l’interprétation littéraire. La théorie capitale de Konica, qui représente l’école critique et sa vocation, est de connaître la différence entre le patriotisme et la littérature. Cela a suscité plut tard des polémiques interminables en littérature albanaise.


Les figures dominantes et représentatives de cette école littéraire sont l’ironie et le sarcasme.




4. L’école moderne


C’est une école où la littérature albanaise n’a pas en définitif de mission. Elle devient une essence indépendante et autosuffisante. Elle n’a pas de style unificateur de l’époque, car sont formées et renforcées les individualités créatrices ainsi que les poétiques individuelles. Le discours littéraire traduit tout dans sa langue particulière. Les sujets généraux ou collectifs cèdent la place aux sujets et aux sorts individuels. Le sujet de la nation ou de la société ne domine plus, mais c’est le sujet de l’homme et de ses dilemmes physiques ou métaphysiques. Il a lieu un perfectionnement de la poésie et du vers jusqu’au niveau de la poésie pure. Il y a aussi de nouveaux développements poétiques qui mènent vers le vers libre et l’expression concrète. Toutes les formes littéraires apparaissent et se perfectionnent : la poésie structurée qui atteint le niveau d’un livre, la prose moderne avec des récits liés aux points de vues thématiques et stylistiques. Apparaît la dramaturgie néoclassique qui va atteindre le niveau de la forme, alors que la critique littéraire comprend les domaines de l’interprétation littéraire jusqu’à la création d’une théorie.


Les auteurs dominants de cette école sont :

    Lasgush Poradeci (1899-1987), qui est le prince des lettres albanaises modernes. C’est le maître de la métaphore, du vers et de la forme perfectionnée poétique. C’est un grand créateur linguistique qui a formé avec ses recueils poétiques La valse des Etoiles (1933) (Vallja e Yjeve) et L'Etoile du Cœur (1937) (Ylli i Zemrës) un système particulier , au point de vue formel, structural et du sens en littérature albanaise. En combinant la beauté et l’épouvante, Lasgush nous a fait savoir à quel point "le langage fervent" est poétique et unique mais aussi combien est profond le chant authentique albanais.


    Ernest Koliqi (1903-1975) est le fondateur de la nouvelle moderne albanaise mais aussi un styliste incomparable. C’est un maître qui dans son ouvrage L’ombre des montagnes (1929) (Hija e Maleve) reprend les sujets traditionnels en pliant le sort de l’individu face à la norme. Dans son autre ouvrage Marchand de drapeaux (1935) (Tregtar flamujsh) il traite des sujets urbains avec des réflexions intérieures. Enfin, dans Les Miroirs de Narcisse (1936) (Pasqyrat e Narçizit) il traite de la question de l’art sur la connaissance de soi-même.


    Ethem Haxhiademi (1902- 1965), est le premier grand dramaturge albanais, qui a élevé la structure et la convention de la dramaturgie néoclassique en albanais d’une harmonie intérieure. Dans ses tragédies on peut rencontrer des sujets avec des héros bibliques et de l’antiquité, tels Abel, Pirrus et Achille, mais aussi des héros Albanais comme par exemple Skenderbeg (1935).


    Mitrush Kuteli (1907-1967) , est une autre variante de narrateur moderne albanais qui a unifié la fantaisie folklorique et le schéma narratif avec la culture de l’écrit biblique et gogolien. Dès son premier livre Nuits albanaises (1938) (Net shqiptare) jusqu'à son ouvrage inédit Grande est la lamentation du péché (1947) (E madhe është gjëma e mëkatit), Kuteli a découvert les douleurs et les passions individuelles confrontées dramatiquement avec la norme et la mort.


    Milosh Gjergj Nikolla (1911-1938), un poète qui est mort jeune, a introduit en poésie le langage quotidien et a exalté le vers libre dans son ouvrage Les vers libres (1936) (Vargjet e lira), mais il a introduit aussi le petit sujet quotidien dans sa prose Nouvelles de la ville du Nord ( 1938) (Novela të qytetit të veriut).
Pendant cette période sont distingués quelques personnages critiques, mais l’ interprète et le théoricien le plus pur des développements modernes reste Mitrush Kuteli avec son étude La Poétique de Lasgush Poradeci ( 1937), (Poetika e Lasgush Poradecit) et le livre Notes littéraires (1949) (Shënime letrare).


La figure représentative et dominante de cette école littéraire est la métaphore.




5. L’école du réalisme socialiste


L’idéologie de gauche, transformée en convention sociale avec des prétentions de la codification de la méthode littéraire a été officialisée comme méthode du réalisme socialiste issu du modèle soviétique. La mission de l’écrivain revient à la société et au service de la littérature avec un nouveau sujet collectif non national idéologique avec des principes internationalistes.


Cette littérature développe des conflits entre couches sociales qui sont résolus par le héros positif en tant que missionnaire de l’idéologie progressiste. Un néo- romantisme autour du projet de la société de l’avenir, donc très loin du critère de la réalité déclarée. La littérature comme art appliqué aux besoins sociaux et idéologiques.


Les formes littéraires préférées, le poème du réalisme socialiste avec sujet, le récit et une lente maîtrise du roman dans l’horizon de l’attente du lecteur. Manque le théâtre. Les discours littéraires subjectifs font défaut devant le flot du discours général schématique.


Les auteurs les plus constants de cette école restent :

    Hivzi Sylejmani ( 1912- 1976) qui avait commencé activiste politique. Chercheur de l’absolu et de l’homme idéaliste avec des prémices du droit et de l’humanité. Créateur du caractère littéraire appuyé sur les données autobiographiques surtout dans son roman Les Hommes (1952-1966) (Njerëzit) et dans ses nouvelles Le vent et la colonne ( 1959) (Era dhe kolona). Créateur du héros déçu dont l’expérience de la vie lui a gâché le schéma idéologique.


    Petro Marko ( 1913-1991), charmé de l’idée internationaliste a créé le roman culte de l’époque relatif à la guerre civile en Espagne, Hasta la vista (1958). Plus tard, révolté, mais toujours dans le cadre du système des valeurs et des idées de la jeunesse sur la société et la littérature.


    Jakov Xoxa ( 1923-1979), le portraitiste le plus puissant du village albanais, maître de la structuration des caractères et des descriptions de la nature. Son chef-d’œuvre Le fleuve mort (1965) (Lumi i vdekur), sur bien des choses on peut le comparer avec le roman Le Don paisible attribué à Cholokhov. Ce roman est devenu très recherché car c’est la première fois qu’on traite en littérature du sort des familles albanaises en Albanie et en Kosove.


    Ismaïl Kadaré (1936), l’écrivain le plus connu de cette école, d’un talent extraordinaire, a réussi à devenir le grand révolté dans le cadre de la méthode, pour articuler les projets personnels et pour poser les jalons d’interrogations associatives. Au début poète fasciné par Maïakovski, il se fait connaître par son roman Le Général de l’armée morte (1963) (Gjenerali i ushtrisë së vdekur) dans lequel il décrit le caractère du héros négatif, celui de l’ennemi, de l’occupant. Les romans qui suivent, soit comme fresques sociales, soit comme réflexions autobiographiques, n’ont pas atteint le renom du premier roman. Kadaré n’a jamais cessé d’envahir son lecteur avec sa grande expressivité.


    Dritëro Agolli (1931), disciple littéraire de l’école soviétique, comme poète est plus authentique en lyrique intime que dans les structurations programmatiques et propagandistes. En prose, son plus grand succès a été atteint par son roman L’Eclat et la chute du camarade Zylo (1973) (Shkëlqimi dhe rënia e shokut Zylo). Un ouvrage humoristique qui met en scène les caractères des gens de l’appareil dominant communiste tout en se moquant sans toutefois pouvoir le renverser. Il s’en est toujours moqué, mais il a réussi à ne pas être exclu.

    Le codificateur principal de l’école du réalisme socialiste est Dhimitër Shuteriqi qui avait durant les années trente entamé la discussion publique pour un nouveau mouvement littéraire. Il semble que, sa théorie précaire sur la littérature sociale et la déclaration du pragmatisme littéraire après la guerre et le changement du système social, l’ont conduit facilement vers la codification de la littérature idéologique.
Les figures dominantes et représentatives de l’école du réalisme socialiste sont le contraste et l’hyperbole.



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Message par Rantanplan Mer 18 Juil 2007 - 9:38


6. L’école de la dissidence

Ce n’est pas une école littéraire proclamée, mais reconstruite à posteriori. A l’origine elle est issue de la méthode dominante du socialisme réaliste. Au début elle avait affaire avec « l’oubli » de l’idée du progrès , de l’abandon de l’idée générale de l’enthousiasme et de l’absence pour se plonger dans les dilemmes personnels et pour faire la rupture du modèle thématique et du discours. Cela veut dire qu’il a fallu accepter les formes modernes du discours en fuyant les formes rhétoriques de la littérature.

On la considère plutôt comme une opposition que comme une école, car elle n’a pas été développée normalement. Les textes n’ont pas communiqué avec le lecteur, alors que la censure avait créé un cercle vicieux où on ne savait pas si c’était l’écrivain qui était interdit à cause de son œuvre ou bien son oeuvre était née de sa révolte.

Il faut distinguer quelques auteurs dont :
    Kasem Trebeshina (1926) avec ses nouvelles intitulées Saison des saisons (1991) (Stina e stinëve) et son roman La Chanson albanaise (2001) (Kënga shqiptare). Sa prose est pleine de lyrisme avec un style cultivé qui ressemble à la prose moderne de Kuteli.

    Bilal Xhaferri (1935-1987) est particulièrement connu par ses élégies sur la Çameri [l'Epire], mais aussi par son roman Krastakraus (1993) où il présente son héros en défaite et la description brillante de la nature. Il utilise une langue en prose qui deviendra poétique même quand il soumet le problème de l’identité.

    Zef Zorba (1920-1993) avec un seul livre inédit intitulé Sourire figé (1994) (Buzë të ngrira në gaz) il articule une expression elliptique de la poésie, une recherche consciente de la forme et du sens, un effort particulier pour structurer son recueil de poésies en tant que concept structural. Donc, une articulation moderne poétique, correspondant aux autres littératures contemporaines.
L’articulateur, sinon le codificateur, le plus clair de cette littérature est Kasem Trebeshina avec initialement un article, "Promemoria" (1953) et à la fin un autre texte problématique, Esquisse sur l’ histoire de la littérature albanaise (1993).
La figure représentative de cette école est l’ellipse.


7. L’école moderne (Kosove)

Il s’agit d’auteurs de Kosova et elle serait appelée moderne, mais étant donné qu’on a fait mention de ce terme, « moderne » ici reprend la tendance d’un souvenir littéraire associé à la littérature d’un demi-siècle auparavant. Donc, elle cherche une continuité littéraire.

Cette école essaye de synthétiser l’expérience littéraire antérieure. Elle exclut l’idéologie de la domination actuelle (oppression), elle soulève le culte du sujet de la liberté sous un aspect individuel et national.

Elle édifie des correspondances thématiques et du discours avec la littérature moderne albanaise et de l’Occident.

La langue figurée devient l’essence de la littérature et en même temps une double protection : contre la censure et contre le glissement vers le militantisme. Cette procédure littéraire est appuyée sur la reconstruction de la figure et de la thématique populaire comme dans le cas des phénomènes de la modernité.

Comme conséquence, elle présente des formes esthétisées littéraires, en poésie, en prose et en dramaturgie. Alors que dans le domaine de la critique sont discutés les problèmes fondamentaux de l’interprétation et du discours théorique de la littérature contemporaine.

Parmi les auteurs les plus connus de cette école on trouve :
    Martin Camaj (1925-1992) linguiste et poète, un auteur qui a eu la chance d’associer la littérature moderne albanaise en Albanie, en Kosove et dans la diaspora. Il a débuté comme lyrique du milieu, mais son œuvre principale sont les madrigaux "Dranja" (1981), où il a cherché les racines de son identité personnelle et nationale ainsi que le chagrin et le drame des changements.

    Anton Pashku (1937-1995) qui est sans doute le numéro un de la littérature moderne en Kosove. Grand maître littéraire qui a rendu la littérature en culte et foi, il traite des sujets durs de l’humanité aussi bien du passé que du présent en développant à l’intérieur de son œuvre un dialogue entre les époques. Dans ce sens, son œuvre prend la forme d’une synthèse et de la mémoire historique. Il a créé un discours littéraire appuyé en entier sur la figure dans les Récits fantastiques, (Tregime fantastike) dans son roman Oh ! et dans les pièces de théâtre Tragédies modernes (Tragjedi moderne). C’est un auteur unique dans la littérature albanaise.

    Azem Shkreli (1938-1997), en poésie il a commencé par la pastorale de la campagne pour arriver à la poésie de la méditation, surtout après le recueil De la Bible du silence (1975) (Nga Bibla e heshtjes). En prose, il a créé le caractère local dans la variante guègue (1961) et dans la variante tosque (1997) dans son roman La caravane blanche (1961,1997) (Karavani i bardhë). Il a trouvé le refuge littéraire dans la formule, la moralité, le jargon du langage populaire du pays qu’il a recréé avec passion pour l’élever en œuvre artistique

    Ali Podrimja (1942) est un poète à part entière. Au début poète révolté mais d’une expression plus directe dans son éclat de voix Les Cris (1961) (Thirrjet), plus tard, surtout avec son recueil Torzo (1971), sa poésie se construit sur les dilemmes humains, des douleurs et des investigations continues avec un langage entièrement figuré et une forme elliptique pour jaillir à la fin avec un fort sentiment élégiaque, Lum Lumi (1982)

    Beqir Musliu (1945-1996) est un écrivain d’une fantaisie sans fin, dans le temps et dans l’espace, il a créé un texte littéraire plein de symboles aussi bien en poésie qu’ en prose et la dramaturgie. Il a créé les métaphores dans Rimes agitées (1965) (Rimat e shqetsueme), Coquelicots du sang (Lulëkuqet e gjakut) et dans La beauté noire (1968), (Bukuria e zezë) comparée aux Fleurs du mal (Lulet e ligësisë) ou La beauté de l’épouvante (Bukuria llaftare) de Lasgush Poradeci.

    Zejnullah Rrahmani (1952) est un romancier inné. A l’âge de vingt ans il s'est fait connaître par ses activité romancières sur des sujets comme la liberté du pays et de la nation. Dans ses romans les plus connus tels La Place de l’anneau (1978) (Sheshi i Unazës), Le voyage au pays de l’Arber (1992) (Udhëtimi arbdhetar) et Le roman de la Kosove (2000) (Romani për Kosovën), domine un discours étonnant où les états dramatiques s’expriment dans un langage lyrique et dans un albanais très riche et très étudié.
Comme auteur et prétendant de la légalisation critique et théorique de cette école il faut considérer aussi l’auteur de cette étude- Sabri Hamiti.

Les figures dominantes de cette école littéraire sont la métaphore et la métonymie.


B. LES MODELES

Contrairement aux écoles littéraires qui ont marqué dans la continuité les transformations de la littérature nationale albanaise, même quand elles correspondent aux écoles littéraires des autres littératures, les modèles de la littérature albanaise sont également les modèles universels de l’écriture.

On peut distinguer trois de ces grands modèles qui se réfèrent à l’ensemble de la littérature albanaise depuis ses débuts. Bref, comme des développements intérieurs authentiques de la création littéraire :
    1. Le modèle de la littérature du degré zéro ou modèle de l’Imitation,
    2. le modèle de la littérature du premier degré ou modèle de la Création,
    3. Le modèle littéraire du deuxième degré ou modèle de la Recréation.
Pour trouver les références de ces modèles en littérature albanaise en tenant compte des thématiques, des discours, des formes littéraires et des auteurs, il faut faire une recherche à part.

La littérature albanaise, du point de vue de son développement et de la communication universelle, traverse comme les autres littératures d’ailleurs, trois niveaux que nous allons appeler : 1. Littérature du degré zéro et 2. Littérature du premier degré et 3. La littérature du deuxième degré. Ces niveaux de littérature sont distinctifs et non pas évaluatifs, c’est pourquoi ils sont pareillement éloignés du centre et ils doivent être placés à l’intérieur du cercle pour ne pas rester en surface. Les niveaux de la littérature ne représentent pas des degrés de développement : ils ne se relient pas avec les styles des époques ; avec l’âge des écrivains ni avec une culture particulière.

Le Degré Zéro de la littérature (ce terme est analogue à celui de Roland Barthes : le degré Zéro de l’écriture) est caractérisé par l’imitation (mimesis). Son avant-modèle est dans la Nature et dans la Vie, son écriture veut traduire cet avant modèle en modèle littéraire. La manière de l’imitation est basée sur la comparaison et sur une vraisemblance réelle. Son succès est mesuré à la possibilité de l’approchement du modèle. Elle est caractérisée par le langage de la démonstration, les formes de l’écriture qui se rapprochent à la parole et qui vont vers une écriture véridique et assertive. Son but est la connaissance. Avec son contrat non proclamé, cette littérature offre la Place identifiée, l’Evénement achevé et le Temps proclamé, le Personnage connu. Voici quelques exemple en albanais : Bardha e Temalit (La Blanche de Témali) de Pashko Vasa, Lumi i vdekur (Le Fleuve mort) de Jakov Xoxa, Malësorja (La Montagnarde) de Nazmi Rrahmani.

Le premier niveau de la littérature est caractérisé par la création (poiesis). Cette littérature est sans modèle antérieur. Son écriture est en même temps un fait, une essence et une procédure, qui forment le premier modèle individuel. Elle est envahie par la subjectivité et la fantaisie illimitée, elle ne ressemble à rien, c’est pourquoi elle élève en elle-même le culte de l’authenticité et de l’originalité. Son but est la connaissance de soi-même et la découverte de l’Essence. Son écriture personnelle et passionnelle s’édifie sur de nouvelles formes en évitant les formules idiomatiques. Elle est maîtrisée par une écriture inhabituelle et aussi un regard étonnant tel celui d’ Adam.

Le Temps, le Lieu, l’Evénement et le Personnage sont créés et figurés. Cette littérature a fait un contrat non proclamé de par elle-même. Exemples : Kronikë në gur (Chronique sur pierre) d'Ismaïl Kadaré, Oh d'Anton Pashku, Sheshi i unazës (La Place de l’anneau) de Zejnullah Rrahmani.

Le deuxième niveau de la littérature est caractérisé par la recréation (metapoiesis). Elle reconnaît les modèles antérieurs, qui sont des modèles littéraires. Elle essaye de recréer ses modèles en les transformant en essais. La nouvelle écriture sur la vieille écriture. Un palimpseste (d’après le terme homologue de Gérard Genette). Cette littérature cherche des méthodes et des procédures et elle présuppose une grande connaissance littéraire. Connaissance liée plutôt avec les époques modernes, mais non : Homère a recréé des mythes comme Joyce qui a recréé le texte d'Homère.

Exemples de la littérature albanaise : Mitrush Kuteli, Tat Tanushi, Anton Pashku, Nën qarr po rrinte vasha (La fille assise sous un chêne", Ismaïl Kadaré, Prilli i thyer (L’Avril brisé), Kush e solli Doruntinën (Qui a ramené Doruntine ?).

Rappelons des exemples qui sont liés à la prose, comme genre référentiel, pour essayer les niveaux des procédures littéraires. Nous ne donnerons pas d’exemples de la poésie qui est personnelle et universelle pour éviter la référence, ni des exemples de dramaturgie qui contiennent en eux-mêmes l’illusion d'une imitation totale du modèle de la vie.


Bibliographie

    1. Sabri Hamiti, "La critique littéraire", in Vepra letrare ["Oeuvres littéraires"] 6, éd. Faik Konica, Prishtina, 2002 ;

    2. Sabri Hamiti, "La littérature philobiblique, La littérature romantique", in Vepra letrare 7, éd. Faik Konica, Prishtina, 2002 ;

    3. Sabri Hamiti, "La littérature moderne", in Vepra letrare 8, éd. Faik Konica, Prishtina, 2002 ;

    4. Sabri Hamiti, "La littérature contemporaine", in Vepra letrare , 9,10, éd. Faik Konica, Prishtina, 2002 ;

    5. Eqrem Cabej, Les Albanais entre l’Est et l’Ouest[i], éd. MCM, Tirana, 1994 ; 6. Rexhep Qosja, [i]L’histoire de la littérature albanaise, le Romantisme, I, II, III, éd. Rilindja, 1990.

    7. Roland Barthes, Le degré zéro de l’écriture, Seuil, Paris, 1953;

    8. Gérard Genette, Palimpsestes, Seuil, Paris, 1982;

    9. Northrop Frye, Le Grand Code, Seuil, Paris, 1984.


Dernière édition par le Dim 29 Juil 2007 - 14:34, édité 2 fois
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Message par hidember Sam 21 Juil 2007 - 22:56

Sympa ce fil.

Cela nous change du racisme albanais ajussi imbécile qu'ignorant de WC-FM.
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Message par Rantanplan Dim 29 Juil 2007 - 12:34

fil des Affaires balkaniques - Page 2 Gjon%20Buzuku
Le Missel de Gjon Buzuku

Mickaël Wilmart, Paris-Tirana, 26 juin 2007


Le premier livre imprimé en langue albanaise est le Missel de Gjon Buzuku (["Meshari i Gjon Buzukut",] 1555). On sait peu de choses sur son auteur, sinon qu’il était un homme d’Eglise. Il était originaire de Ljare [Ljarja à la forme définie, Livari en monténégrin] ([dans la] Kraja [/Krajina monténégrine]) [aujourd'hui] au Montenegro, un village albanophone [près de Shestan] au bord [sud] du lac de Shkodra.
D’après le colophon de son livre, il a rédigé son missel entre le 22 mars 1554 et le 5 janvier 1555. On ne connait ni le lieu d’édition (Venise ? Shkodra ?) ni les circonstances de sa rédaction. En effet, le seul exemplaire conservé (par la Bibliothèque apostolique du Vatican) est amputé des 16 premières pages. Cela empêche de répondre à un grand nombre de questions posées par ce livre, notamment la raison de la rédaction d’un missel en langue vernaculaire au moment du Concile de Trente.
Le volume contient des textes liturgiques, des prières, rituels et des traductions de textes bibliques (notamment des extraits des évangiles de Mathieu, Luc et Jean, des Psaumes, des Lettres aux Corinthiens et des livres d’Isaie et Jéremie).
Le livre a surtout pour l’instant été étudié pour son intérêt linguistique évident. Il s’agit en effet d’un témoignage quasiment unique de la langue albanaise du XVIe siècle. Etant donné qu’il existe peu de témoignages écrits antérieurs, on comprend l’importance de ce texte pour l’histoire de la langue albanaise.
Notons que le texte du Missel est disponible dans une version électronique éditée par Wolfgang Hock et Jost Gippert sur le site Titus (Université de Francfort) qui regroupe des textes de langues indo-européennes.

fil des Affaires balkaniques - Page 2 Ljare
L'église de Ljare
A l’occasion des 450 ans de sa publication avait été organisée à Munich un colloque sur le Missel de Buzuku et sa réception. Les éditions Harrassowitz viennent de publier ses actes, sous la direction de Bardhyl Demiraj. Je vous en donne ici le sommaire. La préface peut être lue en cliquant ici.
    Buzukus “Missale” und seine Rezeption in unserer Zeit.
    2. Deutsch-Albanische kulturwissenschaftliche Tagung in München vom 14. bis 15. Oktober 2005
    ,
    Herausgegeben von Bardhyl Demiraj, Wiesbaden, Harrassowitz Verlag, 2007

    I- Das ‘Missale’ als ältestes albanisches Sprachdenkmal
    A- Die Sprache Buzukus aus der Perspektive der Albanologie

      * Rexhep ISMAJLI, “Studien über Buzuku in den 50er Jahren des 20. Jahrhunderts”, pp.17-26
      * Wilfried FIEDLER, “Zu einigen Problemen der Negation in der Sprache Buzukus”, pp. 27-41
      * Wolfgang HOCK, “Zur Nasalität bei Buzuku. II: Nasalis sonans?”, pp.42-56
      * Monica GENESIN, “Die Adjektivphrase im altgegischen Text ‘Meshari’ von Gjon Buzuku”, pp. 57-72
      * Shaban DEMIRAJ, “Buzuku’s idiom as a reference point to the evolution of Albanian”, pp. 73-78
      * Seit MANSAKU, “Historia e kohës së ardhme në gjuhën shqipe në dritën e ‘mesharit’ të Gjon Buzukut” ["L'histoire du futur dans la langue albanaise à la lumière du Missel de Gjon Buzuku"], pp. 79-88
      * Anila OMARI, « Questions de division des mots dans le « Missel » de Buzuku en comparaison avec les autres anciens auteurs albanais: La graphie des articles », pp. 89-94
      * Kolec TOPALLI, « Traits phonétiques dans le « Missel » de Buzuku à la lumière des données dialectales », pp. 95-104
      * Ina ARAPI, « Über die syntaktische Verwendung des Konjunktivs und des unabhängigen Infinitivs im Altalbanischen », pp. 105-138
      * Besim KABASHI, « Zeichen für Gjon Buzuku. Die Zusammenarbeit zwischen der albanischen Linguistik und der Computerlinguistik », pp. 139 -147

    B- Die albanische Sprache des 16. Jahrhunderts aus der Perspektive der Indogermanistik und der Vergleichenden Sprachwissenschaft

      * Stefan SCHUMACHER, “Zur Form des gegischen Infinitivs”, pp. 149-168
      * Joachim MATZINGER, “Altalbanisch ujë — "Wasser“ und die Kategorie der Massennomina bei Buzuku”, pp.169-190
      * Alexander RUSAKOV, “Basic color terms in the language of old Albanian writers”, pp.191-209

    C- Das ‘Missale’ als kulturhistorisches Denkmal in der albanischen Kirchengeschichte und Kulturüberlieferung

      * Robert ELSIE, « Gjon Buzuku: Opfer der Inquisition? », pp. 211-215
      * Jorgo BULO, “‘Meshari’ i Gjon Buzukut dhe Koncili i Trentos” ["Le Missel de Gjon Buzuku et le Concile de Trente"], pp. 216-224
      * Matteo MANDALÀ, “Buzuku në Sicili: studimet gjuhësore dhe filologjike të Imzot Pal Skiroit, Gaetano Petrotës dhe Marko la Pianës” ["Buzuku en Sicile : études linguistiques et philologiques de Mgr Paul Skiro, Gaetano Petrota et Marc la Piana"], pp. 225 -234
      * Markus W. E. PETERS, “Die liturgisch-katechetische Handreichung des D. Gjon Buzuku vor dem theologiegeschichtlichen Hintergrund des Konzils von Trient”, pp. 235-251
      * Don Pren KOLA, “‘Meshari’ – vepër për kremtimin liturgjik” ["Le Missel — ouvrage pour la célébration liturgique"], pp. 252-266
      * Peter BARTL, “Pjetër Bogdani und die Anfänge des albanischen Buchdrucks in Italien”, pp. 267-288
      * Bardhyl DEMIRAJ, “Zur Entdeckung von Buzukus ‘Missale’ in der ersten Hälfte des 18. Jahrhunderts”, pp. 289-297

    II. Georg Kastrioti – Skanderbeg


      * Francesco ALTIMARI, “Miti i Skënderbeut në letërsinë arbëreshe të Rilindjes” ["Le mythe de Scanderbeg dans la littérature arberèche de la Renaissance"], pp. 299-309
      * Larisa KAMINSKAYA, “Një novelë ruse e shekullit XVII për Skënderbeun dhe burimet e saj historike” ["Un récit russe du XVII° siècle sur Scanderbeg et ses sources historiques"] , pp. 310-316
      * Etleva LALA, “Skanderbeg und der Heilige Stuhl”, pp. 317-327

fil des Affaires balkaniques - Page 2 260px-Meshari
Un extrait du Missel de Gjon Buzuku
Mickaël Wilmart est ingénieur d'études à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales. Ses recherches portent sur l'histoire et l'anthropologie religieuse des Balkans avec un intérêt particulier pour l'Albanie.
Paris-Tirana, un blog entre deux villes ou plus exactement entre deux régions de l'Europe. Ce blog se donne pour objectif de poser sur les Balkans, et plus particulièrement sur l'Albanie, le regard des sciences sociales. On y trouvera analyses, présentations de recherches et de publications et informations sur l'actualité balkanologique.

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      Le Missel de Gjon Buzuku

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      Le système psychiatrique en Albanie


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Lire aussi, du même auteur :
Entre tolérance et concurrence. La communauté catholique et son identité dans l'Albanie post-communiste
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Message par Rantanplan Mar 31 Juil 2007 - 10:30

fil des Affaires balkaniques - Page 2 2850006
Katerina Seraïdari : Le culte des icônes en Grèce
Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, coll. « Les Anthropologiques », 2005, 256 p.
Recension par Mickaël Wilmart, Archives de sciences sociales des religions, 134 (2006), mis en ligne le 11 septembre 2006.


Ce livre, fruit d'une enquête de terrain (principalement dans les îles des Cyclades) qui s'est poursuivie de janvier 1997 à juillet 2002, est une contribution essentielle à notre connaissance des pratiques religieuses autour des icônes.
Jusqu'ici les recherches sur les icônes avaient surtout intéressé les historiens d'art, dont les travaux d'Hans Belting sont la meilleure illustration, ou s'étaient concentrées sur les querelles théologiques autour de l'iconoclasme (Marie-José Mondzain). Profitant de la voie ouverte par Michael Herzfeld pour une approche anthropologique de la construction identitaire en Grèce et par Jill Dubisch pour l'application d'une gender anthropology sur les pèlerinages des Cyclades, K. Seraïdari nous offre un ouvrage riche par ses descriptions ethnographiques et ses interprétations.

Dès l'introduction, l'auteur explique clairement le rôle joué par les icônes non seulement dans la religion orthodoxe, mais aussi dans l'affirmation de l'identité de la communauté, nationale ou locale. Elle développe ce dernier point dans la première partie intitulée « De l'Histoire sainte à l'histoire des icônes et des communautés ». En retraçant l'histoire légendaire des icônes locales, en confrontant les versions érudites et les versions populaires et en faisant apparaître les liens étroits entre les constructions identitaires au niveau national et au niveau local, l'auteure met à jour un schéma identitaire complexe dont l'icône constitue le pivot.
Par ses manifestations spatiales et mémorielles, le culte des icônes redéfinit sans cesse la communauté qui prend comme référent la Sainte Famille et la transpose à la famille insulaire ou nationale. Les vicissitudes, légendaires ou non, des icônes permettent l'identification immédiate de l'Autre (musulmans de l'Empire ottoman, Italie fasciste) et leur caractère miraculeux est le plus souvent lié à la sauvegarde de la nation comme dans le cas de la Vierge de Tinos réapparue au début de la guerre d'indépendance.
fil des Affaires balkaniques - Page 2 Md-pantin14
La deuxième partie du livre « Icônes itinérantes entre l'Église et la maison » s'attache à un phénomène peu étudié jusqu'ici, celui de la circulation, dans certains îles cycladiques, d'icônes logées pour un temps déterminé chez les habitants qui deviennent alors paniyiras.
Cette circulation conduit à déplacer et à atténuer l'opposition entre le domaine sacré (sanctuaire dont dépend l'icône) et le domaine du profane (l'espace domestique qui l'accueille). Chaque icône a, ainsi, sa liste d'attente (de l'ordre de plusieurs décennies pour certaines) et change, chaque année, de mains. Chaque île a son propre système de rotation.
Ainsi à Sifnos, l'icône de Chryssopiyi reste dans son ermitage le jour de sa fête, demeure quinze jours entiers chez le paniyiras après sa éception, quinze autres jours avant sa fête et toutes les nuits de l'année alors que pendant le jour, elle est déposée dans l'église paroissiale de son hôte.
À Sikinos, l'original ne quitte jamais l'église paroissiale (sauf le jour de la fête) et c'est une copie qui passe l'année chez son paniyiras. Copie et originale sont alors réunies le jour de la fête mais la pratique montre que la copie n'est pas toujours identique à l'originale et que celle-ci n'est pas toujours la plus vénérée. En effet, dans cette même île, la maison du paniyiras se transforme en véritable lieu de dévotion. Pour K. Seraïdari, la rotation de ces icônes assure l'unité de la communauté et permet d'assimiler celle-ci à une « grande famille ».

La dernière partie de l'ouvrage porte sur les rôles joués, respectivement, par les femmes et les hommes lors des fêtes religieuses et montre que l'apparente unité de la communauté est, en fait, constituée de groupes
distincts qui ont chacun leur place définie. Au-delà d'une anthropologie du genre, l'exemple de l'île de Nissyros met en avant ces groupes, séparés non seulement entre hommes et femmes mais aussi entre autochtones et étrangers, auxquels viennent s'ajouter, comme un dernier ensemble à la position plus floue, les émigrés revenus pour la fête de l'icône. Dans cette île, la fête se déroule en deux temps : du 6 au 13 août, les femmes font pénitence dans le sanctuaire auquel les hommes n'ont accès que le dernier jour ; ces derniers se chargent du repas entre le 14 et le 15 août.
À Limni, lors du déplacement de l'icône, hommes et femmes ont également un rôle différent : les hommes la portent lors de la traversée du village et les femmes s'en chargent entre le village et l'ermitage. Dans ces deux cas, on voit comment les hommes entrent en scène sur la place publique du village, se portant garant à la fois de la tradition et de la bonne marche de la partie la plus visible de la fête, tandis que les femmes occuperaient une sphère extérieure à l'espace de la communauté (sanctuaire à Nissyros et campagne à Limni).
Cependant, cette dernière partie est surtout marquante par les descriptions des pratiques exécutées autour de l'icône.

Les descriptions ethnographiques, effectuées par l'auteure tout au long de l'ouvrage, constituent un des points forts de ce livre. Le travail d'enquête est, en effet, exceptionnel et offre une vue presque interne du sujet. On s'aperçoit, ainsi, que les pratiques sont loin d'être codifiées, que les gestes sont très souvent personnalisés et que la fabrication de l'icône elle-même peut s'avérer surprenante (à l'exemple de cette icône créée à partir d'un sac plastique). Ce qui marque le plus le lecteur est, sans doute, cette recherche de l'intimité avec l'objet de dévotion. Certes, l'icône est un élément identitaire pour la communauté mais elle est avant tout une représentation divine qui attire, directement à elle, de forts sentiments dévotionnels. On désire plus que tout accueillir l'icône chez soi ou la porter lors des processions, on communique avec elle en rêve, on dort parfois dans la même pièce et, surtout, on cherche à entrer en contact avec elle par les gestes les plus divers. La description de ces gestes rend beaucoup plus intelligible l'intensité de ces dévotions et permet d'aller plus loin que l'étude d'un culte collectif.

Si ce livre peut paraître court pour un sujet aussi dense, il se caractérise par la richesse réelle des pistes ouvertes sur les cultes contemporains et le regret de son format n'est dû qu'à l'envie qu'il donne d'en savoir un peu plus.
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Message par Guinevere Mar 31 Juil 2007 - 10:50

Intéressant, cette étude ethnographique sur l'icône !
Cette circulation de l'icône n'est pas pratiquée de manière universelle en orthodoxie, c'est un usage local qui semble géographiquement bien délimité.
Il faudrait creuser la question mais j'ai l'impression qu'ont été christianisés dans ces îles des rites fort archaïques, peut-être même pratiqués dès le néolithique, l'icône remplaçant d'autres objets cultuels.
On trouve encore des circulations de ce type avec des statues dans certains villages du sud de la France, d'Espagne, peut-être d'Italie du sud mais là, je serais moins affirmative. L'usage s'éteint progressivement avec l'urbanisation et la révolution industrielle. Cette dispersion sur toute l'aire méditerranéenne suggère une forte ancienneté, néolithique ou débuts du bronze.
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Message par Rantanplan Ven 3 Aoû 2007 - 1:24

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Message par Rantanplan Sam 4 Aoû 2007 - 14:01

Eglise orthodoxe serbe: "Je suis un dissident !" - Entretien avec Mirko Djordjevic
Jean-Arnault Dérens, Religioscope, 13 Oct 2004

Traducteur d'Emmanuel Mounier en serbe, militant convaincu du dialogue œcuménique et fervent croyant, Mirko Djordjevic revendique le titre de “dissident de l'Église orthodoxe serbe”.
Cet ancien enseignant de littérature à l'Université de Belgrade intervient très fréquemment dans les médias serbes pour dénoncer ce qu'il considère comme des dérives autoritaires et nationalistes de son Église.
Rédacteur en chef du
Courrier des Balkans et collaborateur régulier de Religioscope, Jean-Arnault Dérens a interrogé pour nous Mirko Djordjevic et nous livre ici les observations et réflexions de ce dernier.


fil des Affaires balkaniques - Page 2 0105_djordjevic
Mirko Djordjevic (© 2004 Hervé Dez/le bar Floréal.photographie)


    Religioscope - L'Église orthodoxe serbe entend désormais jouer un rôle majeur dans la société. Comment cela se traduit-il?

    Mirko Djordjevic - Deux voies se présentent à l'Église, celle de la cléricalisation et celle de l'évangélisation. Malheureusement, mon Église a choisi celle de la cléricalisation, en délaissant l'évangélisation. Aujourd'hui, la hiérarchie et les théologiens prônent l'établissement d'une nouvelle “symphonie”. C'est un concept élaboré au IVe siècle, prônant une étroite collaboration entre le pouvoir séculier et le pouvoir spirituel. On présente aujourd'hui la symphonie comme la voie de l'avenir pour l'Église, alors que nous sommes au XXIe siècle, et qu'il faudrait au contraire réfléchir en termes totalement nouveaux à la place del'Église orthodoxe dans la société moderne.
    L'Église serbe a été victime de nombreuses persécutions au cours de son histoire, dernièrement durant la période communiste. Elle veut donc croire que l'heure d'une revanche historique est arrivée depuis la chute du régime de Slobodan Milosevic, le 5 octobre 2000. L'état d'esprit est celui d'une restauration, et l'Église se prononce sur tous les sujets sociaux et politiques. Ces derniers mois, elle a pesé de tout son poids sur l'adoption du nouvel hymne et des nouveaux symboles de l'État, qui reprennent ceux de l'ancienne dynastie Karadjordjevic. Elle s'est par exemple fortement et publiquement engagée en faveur de la restauration de la monarchie. La hiérarchie entretient d'excellentes relations avec le prince Aleksandar Karadjordjevic, prétendant à la couronne de Serbie, alors que d'après les dernières enquêtes, la monarchie n'a les faveurs que de 7% des citoyens serbes!


    Religioscope - Dans quels domaines de la vie sociale la pression de l'Église est-elle particulièrement forte?

    Mirko Djordjevic - L'Église est très influente, mais il s'agit d'une influence qui repose sur des réseaux de pouvoir et non pas sur le développement de la foi. L'Église a ses relais au gouvernement, dans l'armée, la police. L'actuel ministre des Religions, Milan Radulovic, est l'homme de la hiérarchie ecclésiastique au sein du gouvernement. La carrière politique de ce personnage est pourtant surprenante : il a successivement été membre du Parti radical, l'extrême droite nationaliste, puis de l'Union de la gauche yougoslave (JUL), la formation “marxiste” de l'épouse de Slobodan Milosevic. Il est aujourd'hui inscrit au Parti démocratique de Serbie (DSS) du Premier ministre Kostunica.


    Religioscope - L'Église a également obtenu l'instauration de cours de religion à l'école...

    Mirko Djordjevic - En effet, cela représente une grande victoire pour l'Église. Ces cours sont assurés par des prêtres, qui n'ont pas de formation pédagogique particulière, et échappent à tout contrôle de la part des autorités scolaires. En théorie, toutes les confessions ont accès à cet enseignement. Dans le Sandjak de Novi Pazar, les musulmans bénéficient ainsi de cours dispensés par les imams. Ailleurs, les autres communautés confessionnelles sont souvent trop peu nombreuses, trop dispersées, pour pouvoir y prétendre. Ainsi, en Voïvodine, région multiconfessionnelle par excellence, il y a très peu d'écoles qui assurent un enseignement catholique ou protestant, sans parler du judaïsme, encore plus marginal! N'aurait-on pas pu envisager, plutôt, une présentation neutre, laïque et équilibrée des différentes confessions?
    Les récentes polémiques occasionnées par la ministre de l'Éducation Ljiljana Colic ont montré le niveau d'inculture et d'obscurantisme du gouvernement actuel. Elle avait voulu bannir des écoles l'enseignement précoce des langues étrangères, de l'informatique, et de la théorie de l'évolution. Devant le tollé général, elle a dû démissionner le mois dernier, mais Darwin reste toujours banni des nouveaux programmes scolaires!
    Dans le domaine universitaire, l'Église a obtenu le rattachement de la Faculté de théologie à l'Université de Belgrade. Pourtant cette Faculté est en crise, ses enseignements sont sclérosés, elle manque d'enseignants de bon niveau. Elle n'est plus un lieu de véritable élaboration intellectuelle, et contribue à la dérive traditionaliste de l'Église.


    Religioscope - Le projet de loi sur les religions élaboré par le ministre Radulovica été retiré. Un autre projet est-il en préparation?

    Mirko Djordjevic - Quand ce projet de loi a été connu, il y a quelques semaines, il a suscité un concert de protestation. Il prévoyait notamment d'accorder à tous les prêtres une totale immunité judiciaire, comparable à celle des parlementaires. Cela est d'autant plus grave que l'Église est actuellement empêtrée dans plusieurs histoires de pédophilie. L'an dernier, l'évêque de Vranje, Mgr Pahomije, a été convaincu d'abus sexuels sur des mineurs. En première instance, les preuves apportées ont été accablantes, mais l'évêque, qui est resté en fonction et en liberté, a obtenu le renvoi de la procédure devant la Cour suprême. Malgré le black-out de la hiérarchie, d'autres affaires similaires ont été attestées dans les monastères de la Fruska Gora, au nord de Belgrade. Selon des sources officieuses, le nouveau projet de loi en cours d'élaboration reprendrait la plupart des dispositions du projet retiré, en atténuant seulement quelques formulations.
    Certains évêques, comme celui de Zica, Mgr Stefan, voudraient également que le statut d'Église d'État soit reconnu à l'orthodoxie, alors que la Serbie est un pays multiconfessionnel! Ce dernier point est cependant loin de faire l'unanimité, même au sein du Synode.


    Religioscope - Les relations entre l'Église et l'État sont très bonnes, sauf dans le domaine financier...

    Mirko Djordjevic - En effet, les finances représentent le plus grand mystère actuel de l'Église serbe. L'Église a obtenu que les prêtres, et même les moines dans certains cas, comme au Kosovo, soient salariés par l'État, officiellement “au niveau du salaire moyen en Serbie” (qui est d'environ 250 euros par mois, NDLR). Dans le même temps, il n'existe aucun contrôle sur les revenus directement perçus par l'Église et les prêtres: dons des fidèles, honoraires de messes, de baptêmes, de mariages, d'enterrements. Les prêtres qui assurent l'enseignement de la religion à l'école cumulent également leur salaire de prêtre et celui d'enseignant.
    L'État a totalement exempté l'Église d'impôts sur toutes ses activités, dont certaines sont très lucratives, comme la fabrication de cierges.
    L'Église a obtenu la restitution d'une petite partie de ses domaines et possessions foncières,mais elle a développé des projets économiques ambitieux, qui échappent à tout impôt et à toute régulation. Par exemple, Mgr Filaret, le nouvel évêque de Mileseva, dans le sud de la Serbie, a créé un hôtel et un complexe touristique autour du monastère médiéval qui est le siège de son diocèse. Il exploite également des pêcheries de truites et d'autres poissons de rivières. Au début des années 1990, Mgr Filaret était connu comme le “moine milicien”, puisqu'il arborait un fusil automatique par-dessus sa soutane et qu'il a participé aux combats de Croatie et de Bosnie. Il se révèle désormais être un excellent gestionnaire!


    Religioscope - L'Église est pourtant en crise financière?

    Mirko Djordjevic - Pour la première fois dans son histoire, notre Église, qui a toujours été une Église pauvre, est devenue une Église riche, même si l'an dernier, le budget de l'Église présentait un trou abyssal. Le responsable des finances de l'Église, Mgr Ignatije, est toujours avare d'informations et de déclarations publiques, mais l'Église a demandé en 2003 une aide exceptionnelle de l'État d'un montant de 240 millions de dinars (environ 3,5 millions d'euros, NDLR). Elle s'est lancée dans une politique de constructions à tout va. Rien que dans la région de la Sumadija, en Serbie centrale, 200 églises sont en cours de construction ou de rénovation. À Belgrade, le chantier de la Basilique de Saint-Sava, en construction depuis 1926, et qui est la plus grande église orthodoxe du monde, est un gouffre financier. Même si l'église a été consacrée, les travaux de décoration intérieure pourraient encore durer des années.
    La plupart des tensions au sein du Saint Synode portent d'ailleurs sur les questions financières. Certains évêques veulent exiger de l'État une restitution intégrale des anciennes possessions ecclésiastiques, ce qui est totalement irréaliste, car cela supposerait d'exproprier des centaines de milliers de personnes, et l'Église se retrouverait à la tête d'un patrimoine démesuré, qu'elle ne pourrait même pas gérer. Le patriarche Pavle s'oppose à cette ligne extrémiste, en revendiquant une restitution progressive et négociée des biens de l'Église.
    Alors que le gouvernement actuel, et notamment l'entourage du Premier ministre Kostunica, soutiennent entièrement les ambitions sociales de l'Église, ils ne la suivent pas dans ses prétentions économiques, clairement contraires à l'intérêt public.


    Religioscope - Sur quels points portent les autres affrontements à l'intérieur du Saint-Synode?

    Mirko Djordjevic - Les débats ne sont pas publics, et un consensus règne assez largement sur les bases de l'attitude de l'Église. Cependant, on peut distinguer deux courants. L'aile radicale est menée par le métropolite du Monténégro et du littoral, Mgr Amfilohije, ainsi que par Mgr Atansije, l'ancien métropolite d'Herzégovine, qui est en retraite mais qui conserve une très grande influence. À l'inverse, l'évêque de Prizren et Raska, Mgr Artemije, dont le diocèse couvre la plus grande part du Kosovo, défend une approche réaliste et beaucoup plus modérée.


    Religioscope - L'Église a pris des positions très fortes au sujet du Kosovo.

    Mirko Djordjevic - Dans le contexte de crise que connaît le Kosovo, l'Église a été amenée à jouer un rôle qui dépassait de très loin ses compétences normales. Les monastères accueillent toujours des réfugiés, et Mgr Artemije, à partir de 1999, est devenu un interlocuteur politique de la communauté internationale. Mgr Artemije est réaliste, il est parfaitement conscient du fait que le Kosovo ne reviendra pas sous l'autorité de Belgrade, que le retour à la situation d'avant 1999 est une utopie. Partant de là, il faut imaginer des solutions originales. L'hypothèse d'un protectorat européen durable sur le Kosovo ouvre des perspectives intéressantes pour assurer la survie des citoyens serbes et des autres minorités non-albanaises du Kosovo.
    Le patriarche Pavle vient cependant d'écrire publiquement au Président de la République et au Premier ministre pour leur demander de ne pas appeler les Serbes du Kosovo à participer aux élections parlementaires convoquées dans le territoire le 23 octobre prochain. Comme le Président Tadic est passé outre cet appel, la vie politique est polarisée depuis quelques jours autour d'un affrontement entre, d'une part, le gouvernement et l'Église et, d'autre part, le Président de la République. Des discussions essentielles sur l'avenir du Kosovo vont s'ouvrir en 2005: est-ce à l'Église de dicter leur attitude aux dirigeants de l'État?


    Religioscope - Après 1999, Mgr Artemije et le père Sava Janjic, du monastère de Visoki Decani, ont été très présents dans les négociations internationales et les débats sur le Kosovo. Ils sont aujourd'hui beaucoup plus discrets: ont-ils reçu des consignes de silence?

    Mirko Djordjevic - C'est fort probable. L'engagement d'Artemije et de Sava ne remonte d'ailleurs pas à 1999. Dès le début des années 1990, ils se sont engagés dans toutes les initiatives de dialogue avec les Albanais, en expliquant que la politique de répression de Slobodan Milosevic menait tout droit à la perte du Kosovo. Hélas, ils n'avaient pas tort. Mgr Artemije souligne que les Serbes et l'Église elle-même portent une part évidente de responsabilité pour ne pas avoir compris l'importance du dialogue. Cette position demeure cependant très minoritaire dans le Synode.


Dernière édition par le Sam 4 Aoû 2007 - 15:09, édité 2 fois
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Message par Rantanplan Sam 4 Aoû 2007 - 14:04


    Religioscope - L'Église serbe est aujourd'hui confrontée à deux schismes, au Monténégro et en Macédoine: quelles sont les possibilités d'évolution?

    Mirko Djordjevic - L'usage veut désormais, en terre orthodoxe, qu'un pays indépendant dispose de son Église autocéphale. Je le regrette, mais je crois que le Monténégro et la Serbie vont rapidement se séparer. Dans ces conditions, l'affirmation de l'Église orthodoxe monténégrine autocéphale paraît inévitable. Au Monténégro, beaucoup de croyants reconnaissent cependant que l'attitude radicale et autoritaire de Mgr Amfilohije, le métropolite serbe, a probablement précipité le schisme et l'affirmation d'une Église autocéphale.
    En Macédoine, la situation semble bloquée. Les accords négociés à Nis, au printemps 2002, prévoyaient que l'Église macédonienne renonce formellement à son autocéphalie, en échange de quoi l'Église serbe lui conférait l'autonomie. Les Macédoniens, qui ne voulaient pas démordre de l'autocéphalie, ont rompu l'accord et, en réponse, l'Église serbe a créé un exarchat de Macédoine, entraînant un nouveau schisme à l'intérieur de l'Église schismatique de Macédoine. En Serbie comme en Macédoine, les crispations nationalistes et identitaires empêchent tout règlement satisfaisant de la question, et le dossier paraît complètement bloqué. Il y a quelques semaines, la police macédonienne a refoulé sur la frontière Mgr Artemije, qui voulait traverser le pays pour se rendre en Grèce: cela faisait longtemps que des incidents de ce type n'étaient pas survenus. Les policiers et la justice laïque sont désormais impliqués dans la querelle ecclésiastique, qui rejaillit sur les relations diplomatiques entre les deux États.


    Religioscope - L'Église ouvre-t-elle une porte au dialogue œcuménique?

    Mirko Djordjevic - Le dialogue œcuménique est encore souvent assimilé à une “compromission avec l'hérésie”, notamment dans certaines publications officielles de l'Église. Les contacts entre le Saint-Synode et l'archevêché catholique de Belgrade sont purement formels. L'an dernier, Mgr Amfilohije s'est rendu au Vatican, mais à son retour, il a fermé la porte à toute éventuelle coopération. L'hypothèse d'un voyage du pape à Belgrade a été relancée par l'invitation formelle exprimée par le Président de l'Union de Serbie-Monténégro, Svetozar Marovic, qui a été reçu par Jean-Paul II, mais l'Église orthodoxe ne veut pas de ce voyage. L'Église serbe s'aligne de plus en plus sur les positions intransigeantes de l'Église russe. Même les relations avec le Patriarcat œcuménique de Constantinople sont devenues difficiles.


    Religioscope - Existe-t-il des espaces de libre discussion dans l'Église?

    Mirko Djordjevic - Peu, car la hiérarchie contrôle toute expression publique. Contrairement au catholicisme, l'orthodoxie laisse peu de champ libre aux laïcs. Cependant, à l'intérieur même de l'Église, des prêtres et même des moines s'inquiètent de la dérive actuelle. Il existe certaines revues où des pensées critiques peuvent s'exprimer, notamment la revue Sveti Knjaz Lazar, qui est l'organe officiel du diocèse de Prizren et Raska, dirigé par Mgr Artemije, avec qui je suis d'ailleurs très souvent en contact.
    Durant les guerres des années 1990, beaucoup de croyants se sont révoltés contre les compromissions de l'Église avec le nationalisme et le régime de Milosevic. Certains des plus fervents croyants se sont alors détachés de l'Église, qui souffre de ce que l'on pourrait qualifier de complexe byzantin. Elle reste convaincue que son salut dépend de l'État, qu'elle ne peut rien sans l'État, et que son but doit donc être d'influencer voire de contrôler l'État. Les principaux théologiens auxquels se réfère aujourd'hui l'Église serbe, Justin Popovic et l'évêque Nikolaj Velimirovic, récemment canonisé, pourraient être comparés, en France, à Charles Maurras. [sauf que celui-ci n'a jamais comparé Hitler à "un héros" et "un saint"]


    Religioscope - Vous-même, comment êtes-vous perçu dans les cercles d'Église?

    Mirko Djordjevic - Je suis un dissident, mais je ne suis pas le seul dissident! Quand j'ai essayé d'acclimater en terre orthodoxe les concepts de liberté et de salut et les notions issues du personnalisme chrétien, j'ai souvent été regardé comme un zombie. Pourtant, ces idées font leur chemin. Je fais régulièrement l'objet d'attaques de la part de la hiérarchie en raison de mes prises de position publiques dans la presse et les débats politiques, mais je reçois aussi des messages de soutien de la part de beaucoup de croyants, et même de prêtres, qui s'adressent à moi. En Voïvodine, notamment dans les milieux étudiants, il existe aussi quelques cercles œcuméniques informels, qui se créent en-dehors de tout contact avec les hiérarchies. Dans ma vie quotidienne de croyant, je n'ai aucun problème pour me rendre à l'église, pour participer à la vie de ma paroisse. Le vrai défi est celui d'un aggiornamento de l'orthodoxie, ouvrant la voie à une pleine prise de responsabilité des laïcs.


Mirko Djordjevic a publié en français :
    La voix d'une autre Serbie: l'antijournal, Paris, Parole et Silence, 1999.

    À lire aussi:"L'Église serbe visitée par le démon du pluralisme."
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Message par Rantanplan Sam 25 Aoû 2007 - 22:20

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Message par Rantanplan Sam 25 Aoû 2007 - 22:27

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Message par Victor le chacal Dim 26 Aoû 2007 - 0:19

Merci pour la traduction. Wink

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Message par Rantanplan Dim 26 Aoû 2007 - 8:32

Malheureusement, on ne trouve plus d'originaux en ligne.
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Message par Rantanplan Mar 18 Sep 2007 - 17:38

Le réquisitoire de Florence Hartmann
Maurice Lazar, Association Sarajevo, septembre 2007


Forte de sa connaissance intime du fonctionnement du TPI, doublée d'une familiarité sans égale de la politique serbe des quinze dernières années, Florence Hartmann a lancé avec son livre Paix et châtiment (Ed. Flammarion) un brûlot aussi dévastateur pour l'attitude des "grandes puissances" à l'égard de la justice internationale que pour leur politique dans les pays de l'ex-Yougoslavie, la première n'étant, en l'occurrence, comme elle le démontre, que le reflet de la seconde.

Elle traite ainsi de deux sujets étroitement liés dans son récit et son interprétation des faits.

L'un concerne les rapports entre la politique et la justice qui ne font jamais bon ménage et surtout pas dans le domaine des relations internationales où la raison d'Etat cherche en permanence à prendre le pas, le plus souvent en y parvenant.
De ce point de vue, l'histoire du TPI, de sa création à sa disparition programmée, en passant par ses échecs, mais aussi ses succès, est très instructive.
Au départ, presque personne ne croyait à l'avenir d'une institution créée en 1993 par le Conseil de Sécurité sur une idée française. Le Tribunal apparaissait à sa naissance partie comme une satisfaction donnée à l'opinion publique remuée par les images du siège de Sarajevo, partie comme un moyen de pression sur les dirigeants serbes afin qu'ils réfrènent leurs actions criminelles.
F.H. relate comment une poignée de magistrats a su habilement manoeuvrer, saisissant toutes les occasions qui se présentaient, pour que la créature, vouée au dépérissement, échappe, au moins partiellement, à ses créateurs et accède à une position qui en a fait un acteur incontournable, mais combien dérangeant, de la scène internationale.
Elle introduit le lecteur dans le faisceau des pressions internationales, transmises dans les conflits internes au Tribunal, qui n'ont cessé d'entraver les efforts de ceux des magistrats, principalement les procureurs Louise Arbour, puis Carla Del Ponte, qui ont voulu faire prévaloir une application stricte de la justice, en dehors de toute considération de convenance politique.

Le livre désigne les Etats-Unis et la Grande-Bretagne comme les deux grands tenants de la volonté de domestiquer le TPI, semblant oublier l'existence des autres acteurs internationaux présents dans le champ de l'ex-Yougoslavie, par exemple la France.

Mais cette apparente dissymétrie s'explique. Florence Hartmann définit brièvement la position de la France en écrivant:

    "Lorsque le tribunal mort-né se met à exister,elle [la France] ne parvient pas à formuler la moindre stratégie. Elle se contente de continuer d'ignorer ce nouvel acteur qui s'invite sur la scène internationale sans crier gare et sa diplomatie de le mépriser. On pourrait presque s'en réjouir si la raison en était de préserver l'indépendance de la justice internationale. Mais cette attitude est surtout le cruel reflet de l'inefficacité de la politique française depuis vingt ans".
Face à l'hostilité de principe de la Russie, et au désintérêt mêlé de méfiance de la France, le terrain était offert à l'ingérence des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne dénoncée par l'ancienne porte-parole de Carla Del Ponte. L'essentiel du livre porte sur la description et l'interprétation des interventions de ces deux puissances pour tenter d'infléchir les inculpations et les jugements du TPI dans le sens de leurs objectifs politiques dans la région, qui ont pu varier au gré des circonstances.

C'est ainsi qu'en 1995, au moment où il jouait le rôle du "faiseur de paix" à Dayton, l'inculpation de Milosevic par Louise Arbour, était jugée inopportune par les puissances internationales, alors qu'après l'intervention de l'OTAN au Kosovo, son arrestation était devenue une exigence de justice pour les Américains, en désaccord avec les Européens et notamment les Français qui avaient fait leur favori du Président ["yougoslave"] Vojislav Kostunica. L'arrestation, puis la livraison de Milosevic à La Haye, fut due à l'action du Premier Ministre Zoran Djindjic, soutenu par Carla Del Ponte et les Etats-Unis, contre la volonté du Président Kostunica [en application de l'art. 135 de la Constitution de septembre 1990, l'article même qui prouvait alors la volonté de sécession de la Serbie]. L'assassinat de Djindjic indiqua la limite de la possibilité pour un homme politique serbe d'entraîner
son pays sur la voie de la rupture franche avec son passé.

Mais autant la mise en évidence de la nature criminelle de la politique de Milosevic au Kosovo, voire en Croatie, convenait aux Américains et aux autres puissances occidentales, car elle justifiait les bombardements de l'OTAN, autant une inculpation pour "génocide" en Bosnie-Herzégovine les contrariait, surtout si elle révélait que ce génocide était prévisible et connu des forces de l'ONU et de l'OTAN au moment du massacre de Srebrenica, ce que démontre Florence Hartmann.
C'était la condamnation de toute la politique des grandes puissances en BH. Cette volonté de nier la responsabilité directe de Milosevic en Bosnie-Herzégovine, a conduit une partie du parquet du TPI sous influence, et notamment l'avocat principal chargé de l'affaire Milosevic, le Britannique Geoffrey Nice, à demander le retrait du dossier des chapitres Sarajevo et Srebrenica, ce qu'il n' a pas obtenu.

Le même enjeu explique la vivacité et la complexité du débat sur les verbatim du Conseil suprême de défense de la Yougoslavie, qui fournissent, selon Florence Hartmann, les preuves incontestables que

    "Milosevic n'était pas seulement le coauteur de la partition mortifère, du nettoyage ethnique et l'architecte de la guerre. Jusqu'au bout, il en est l'orchestrateur."
    [ouais, on n'a pas inculpé Kadijevic, Adzic ni Brovet. Or, si ces trois-là n'avaient pas trahi les devoirs de leur charge, la Yougoslavie existerait encore. Ce que cette affaire a bien montré, c'est que ce sont les plus mauvais généraux qui sont aussi les plus criminels --en Croatie Bobetko et Rojs par opposition à Tus et Spegelj.]
F.H. décrit en détail les péripéties du long combat mené par Carla Del Ponte pour arracher à Belgrade ces documents capitaux et les concessions qui ont dû être acceptées pour en permettre une utilisation limitée, ce qui allait faire perdre un temps précieux au Tribunal et avoir, par la suite, des répercussions sur le jugement par la Cour Internationale de Justice de la plainte de la BH contre la Serbie. [acquittée de l'accusation de "génocide" faute d'avoir pu prouver que Milosevic connaissait l'intention de Mladic de massacrer les habitants de Srebrenica].

La mort de Milosevic allait interdire d'exploiter d'une façon décisive les documents incomplets que l'accusation avait fini par posséder. Si le TPI comme la CIJ ont établi qu'un génocide avait été commis à Srebrenica, ces deux juridictions ont, à ce jour, refusé de constater le lien direct entre la politique de Milosevic, et donc de l'Etat serbe, et le génocide et les crimes contre l'humanité commis en Bosnie-Herzégovine. La documentation accumulée par le TPI permet au moins de ne pas douter de ce fait.

La non arrestation de Mladic et de Karadzic occupe une autre place très importante dans le livre, avec toutes les supputations sur l'existence de pactes conclus pour assurer l'impunité à ces deux criminels.
Florence Hartmann, parlant des raisons obscures de cette situation stupéfiante, se tourne encore vers Srebrenica pour donner son explication : pour les puissances responsables du désastre de la BH, la "honte de Srebrenica" rejaillirait avec force du procès des deux hommes. Elle se montre de ce fait très pessimiste sur la possibilité de les voir un jour sous les verrous.
Elle se distingue sur ce point de Carla Del Ponte, dont tout le livre dresse un portrait très élogieux. N'est-ce pas la Procureur en chef du TPI qui s'est, ces derniers temps, déclarée convaincue que les dirigeants de Belgrade avaient la volonté d'arrêter et de livrer Mladic à la justice ?
Peut-être s'est elle fait, une nouvelle fois, abuser par des promesses fantaisistes ?

C'est aux Européens qu'il appartient, en fin de compte, de contraindre Belgrade à respecter ses engagements. On verra si les dirigeants de l'UE pourront, toute honte bue, accepter d'ouvrir à la Serbie la porte de l'Europe, quoi qu'il advienne du Kosovo et avec, de surcroît, Mladic et Karadzic en liberté sur le territoire de la Serbie ou de la RS.
[et l'affaire Gotovina ?]


Dernière édition par le Lun 8 Oct 2007 - 23:00, édité 7 fois
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