La France trop plombée, Le Pen trop risqué : J.-C. Mounicq

La France trop plombée, Le Pen trop risqué.
Par Le Révolutionnaire bleu

« L'activité française a du mal à repartir »

titrait le Figaro du 10 mars. Même le Figaro, qui est au régime soviétoïde français ce que la Pravda était à l'Union Soviétique, finit par l'avouer : notre croissance est quasi-nulle et l'activité économique française ne redémarre pas.

« Malgré les messages d'optimisme répétés du gouvernement, les mauvais chiffres s'amoncellent depuis plusieurs mois. »

ose même sous-titrer le journal de Serge Dassault. Faut-il que les nouvelles soient mauvaises pour que le Figaro soit obligé de démentir la propagande gouvernementale et de révéler la vérité à ses lecteurs ! Ne nous y trompons pas : la direction du Figaro n'a pas d'autre choix. Elle ne peut plus continuer à mentir sous peine de perdre le peu de crédibilité que ce journal conserve et de voir ses ventes plonger davantage.

« Il y a six mois encore, la France se plaisait à espérer de beaux jours conjoncturels. Au deuxième trimestre 2006, la croissance avait atteint 1,2 % - un record depuis l'an 2000. Et tout laissait à penser que cela durerait, que la France serait la locomotive de l'Europe... »

« Tout laissait à penser » ? La journaliste cite la consommation des ménages « au plus haut », le chômage en « décrue », la production industrielle « en dents de scie », et l'investissement des entreprises qui « ne s'écroulait pas ».

Les écoles de journalisme forment vraiment des esprits tordus ! Si la consommation des ménages est « au plus haut », cela tient principalement aux mesures de relance effectuées par le gouvernement en période préélectorale. Les statistiques du chômage ne veulent rien dire : elles sont complètement bidonnées ; même les fonctionnaires de l'Insee, pourtant chers payés pour manipuler les statistiques, n'osent plus certifier leurs propres chiffres tant ils sont déconnectés des réalités. Quant aux deux arguments d'une production industrielle « en dents de scie » et d'un investissement qui « ne s'écroulait pas », on appréciera le ridicule de ces deux arguments.

- le béotien : l'activité industrielle recule ; n'est-ce pas mauvais signe ?
- la journaliste du Figaro : certes, elle recule, mais « en dents de scie » ; cela est signe d'espérance.
- le béotien : l'investissement baisse ; n'est-ce pas inquiétant ?
- la spécialiste du Figaro : il baisse, mais ne s'effondre pas ; cela est très encourageant.

Et la journaliste, après son début d'article surréaliste, de se rendre à un sentiment plus rationnel :

« Ce ne sont pas les chiffres publiés hier qui vont venir éclaircir un tableau plutôt sombre. L'année 2007 ne commence pas sous les meilleurs auspices. »

Eh non ! Quand l'Allemagne accumule des excédents commerciaux toujours plus fantastiques - 15,7 milliards d'euros en janvier -, la France additionne les déficits : 2,76 milliards d'euros pour la même période. La production industrielle est repartie à la baisse en début d'année. Et on constate un recul dans le domaine de la construction qui fait craindre un retournement du marché immobilier.

Ces mauvaises nouvelles sur le front économique jouent contre le candidat représentant du pouvoir en place, Nicolas Sarkozy. Le ministre de l'Intérieur le sait. Elles favorisent le candidat qui n'a aucun responsabilité dans le marasme économique français : Jean-Marie Le Pen. Le ministre le sait aussi. Et c'est bien parce que, au soir du premier tour, Jean-Marie Le Pen risque fort de se retrouver devant lui, et que Sarkozy pourrait se retrouver troisième, que le Président du Front National ne devrait pas avoir ses signatures.

Si le pouvoir avait voulu qu'il les ait, rien ne lui était plus facile. Il lui suffisait de demander à un notable, tel un ancien ministre, de dire qu'il n'était pas d'accord avec les idées de Le Pen mais qu'il lui donnait néanmoins sa signature pour que vive la démocratie. D'autres élus auraient suivi. Rien de tel ne s'est produit. Si le pouvoir ne l'a pas fait, c'est qu'il ne le veut pas. Parce que la situation est trop mauvaise. Parce que Le Pen est trop haut. Et Sarkozy trop bas.

Après l'effondrement économique, nous allons probablement assister à l'effondrement politique de la Ve ripoublique. Vivement demain !