Lettre adressée au Duc de Saint Sermon
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Lettre adressée au Duc de Saint Sermon
Monsieur le Duc,
C'est en ma qualité de "Petit Veneur" des meutes de petite vénerie de Monsieur le Marquis Carbuce de Saint Sevayre, qui chasse régulièrement le lapin sur ses terres fauchées entre les bois de Monceau et de Boulogne, que j'ose vous adresser cette supplique.
De grâce Monseigneur faites publier in petto ces récits fort édifiants, puisés aux meilleures sources de la vie désordonnée du théâtre Courtois qui se situe entre les chaumes de Saint Cloud et les marais d'Auteuil et qui, jusqu'à présent, ouvrait ses portes aux meilleurs auteurs de ce siècle. Car le fat, qui s'en est emparé, semble ne plus tout à fait jouir de sa raison trop raisonnante et ainsi, tel un paon crénelé satisfait de lui-meme, se plaît-il à débarquer régulièrement séance tenante et à mettre sur la chaussée tout ceux qui pourraient lui faire de l'ombre ou nuire à sa renommée qu'il juge inouïe. De surcroît pour mettre à exécution ses plans diaboliques, il s'entoure d'hommes de main peu recommandables et de flatteurs qui espèrent un jour recueillir les fruits délicieux de leurs minauderies. Certains barons ont senti le vent tourner et, en habiles manoeuvriers, tentent soit d'éviter la trappe qui les menaçait pour les coups pendables qu'ils avaient commis antérieurement, soit une percée personnelle afin d'obtenir quelques terres supplémentaires propres à grossir leur territoire.
Et puis Monsieur le Duc, la prose employée ici pour décrire ces phénomènes et les personnages qui les animent, est sublime. Il vous faudrait absolument postuler à l'Académie des Sciences courtoises, vous y seriez certainement reçu brillamment.
Restant persuadé que vos oeuvres resteront afin d'embellir la postérité, je vous prie d'accepter, Monsieur le Duc, l'expression de ma plus lumineuse reconnaissance et considérer que je reste à vos pieds en serviteur fidèle de la cause qui nous a toujours unis.
Robert de Label Lauvret, veneur patenté par le roi en son royaume
C'est en ma qualité de "Petit Veneur" des meutes de petite vénerie de Monsieur le Marquis Carbuce de Saint Sevayre, qui chasse régulièrement le lapin sur ses terres fauchées entre les bois de Monceau et de Boulogne, que j'ose vous adresser cette supplique.
De grâce Monseigneur faites publier in petto ces récits fort édifiants, puisés aux meilleures sources de la vie désordonnée du théâtre Courtois qui se situe entre les chaumes de Saint Cloud et les marais d'Auteuil et qui, jusqu'à présent, ouvrait ses portes aux meilleurs auteurs de ce siècle. Car le fat, qui s'en est emparé, semble ne plus tout à fait jouir de sa raison trop raisonnante et ainsi, tel un paon crénelé satisfait de lui-meme, se plaît-il à débarquer régulièrement séance tenante et à mettre sur la chaussée tout ceux qui pourraient lui faire de l'ombre ou nuire à sa renommée qu'il juge inouïe. De surcroît pour mettre à exécution ses plans diaboliques, il s'entoure d'hommes de main peu recommandables et de flatteurs qui espèrent un jour recueillir les fruits délicieux de leurs minauderies. Certains barons ont senti le vent tourner et, en habiles manoeuvriers, tentent soit d'éviter la trappe qui les menaçait pour les coups pendables qu'ils avaient commis antérieurement, soit une percée personnelle afin d'obtenir quelques terres supplémentaires propres à grossir leur territoire.
Et puis Monsieur le Duc, la prose employée ici pour décrire ces phénomènes et les personnages qui les animent, est sublime. Il vous faudrait absolument postuler à l'Académie des Sciences courtoises, vous y seriez certainement reçu brillamment.
Restant persuadé que vos oeuvres resteront afin d'embellir la postérité, je vous prie d'accepter, Monsieur le Duc, l'expression de ma plus lumineuse reconnaissance et considérer que je reste à vos pieds en serviteur fidèle de la cause qui nous a toujours unis.
Robert de Label Lauvret, veneur patenté par le roi en son royaume
veneur- Régulier
- Nombre de messages : 422
Réputation : 0
Date d'inscription : 16/01/2007
Re: Lettre adressée au Duc de Saint Sermon
Monsieur le Veneur du Roi,
Veuillez agréer l'expression de ma plus courtoise reconnaissance de Grand du Royaume, qui n'use, sachez-le, de la plume qu'à ses moments perdus, - afin, par elle, de remplacer l'épée dont les Myrmidons qui nous gouvernent retirent l'usage à ceux qui, avec le nom, ont hérité vingt ou trente générations de Chevalerie et de combat sur le champ au service de nos souverains, et dont le courage, ainsi que la bravoure rouillent, hélas! au fourreau.
Je ne me suis fait écrivain que pour distraire l'ennui que me procure cette Cour, où l'intrigue le dispute à la médiocrité, et où sont bien morts les plaisirs des sens et de l'esprit qu'on y goutait sous le feu Roi Jean, tristement remplacé par le morne pantin qu'on y voit désormais porter la couronne, et tenir le sceptre.
Je voudrais témoigner des injustices, des intrigues et des piètres calculs qui y ont cours, afin de peindre en ces cahiers, à l'intention de la postérité qui me lira, peut-être? une époque indigne et des temps corrompus, bien semblables à celui qui y a trouvé, désormais, la place enviée de Maître du Royaume.
Parfois, les plus grands monstres de l'Histoire furent heureux, - non de leurs crimes, ni de leurs indignités -, mais de ce qu'il se fût trouvé, dans leur ombre sanglante, un Tacite, un Suétone, un Juvénal, dont le talent fit passer, malgré eux à la postérité leurs ridicules et leurs tares, et qui permirent, par leurs oeuvres, aux hommes de l'avenir de les juger en connaissance de leurs actes.
Je n'ai d'autre but que de rapporter sans fard les turpitudes qui m'environnent, et vous remercie de trouver que je puisse ajouter quelque agrément de style au récit de cette triste réalité.
Aurons-nous, peut-être?, l'occasion de nous croiser quelque prochain jour, dans les couloirs de Versailles, au Jeu de la Reine, ou dans la cohue matinale de l'Antichambre de l'Oeil de Boeuf?
Ne manquez point, alors, de vous signaler à moi, et je ne laisserai certes point votre main d'honnête homme sans la serrer dans la mienne.
Mes Cordiales et Ducales Salutations
Auguste-Exupère-Palamède, duc de Saint Sermon
Veuillez agréer l'expression de ma plus courtoise reconnaissance de Grand du Royaume, qui n'use, sachez-le, de la plume qu'à ses moments perdus, - afin, par elle, de remplacer l'épée dont les Myrmidons qui nous gouvernent retirent l'usage à ceux qui, avec le nom, ont hérité vingt ou trente générations de Chevalerie et de combat sur le champ au service de nos souverains, et dont le courage, ainsi que la bravoure rouillent, hélas! au fourreau.
Je ne me suis fait écrivain que pour distraire l'ennui que me procure cette Cour, où l'intrigue le dispute à la médiocrité, et où sont bien morts les plaisirs des sens et de l'esprit qu'on y goutait sous le feu Roi Jean, tristement remplacé par le morne pantin qu'on y voit désormais porter la couronne, et tenir le sceptre.
Je voudrais témoigner des injustices, des intrigues et des piètres calculs qui y ont cours, afin de peindre en ces cahiers, à l'intention de la postérité qui me lira, peut-être? une époque indigne et des temps corrompus, bien semblables à celui qui y a trouvé, désormais, la place enviée de Maître du Royaume.
Parfois, les plus grands monstres de l'Histoire furent heureux, - non de leurs crimes, ni de leurs indignités -, mais de ce qu'il se fût trouvé, dans leur ombre sanglante, un Tacite, un Suétone, un Juvénal, dont le talent fit passer, malgré eux à la postérité leurs ridicules et leurs tares, et qui permirent, par leurs oeuvres, aux hommes de l'avenir de les juger en connaissance de leurs actes.
Je n'ai d'autre but que de rapporter sans fard les turpitudes qui m'environnent, et vous remercie de trouver que je puisse ajouter quelque agrément de style au récit de cette triste réalité.
Aurons-nous, peut-être?, l'occasion de nous croiser quelque prochain jour, dans les couloirs de Versailles, au Jeu de la Reine, ou dans la cohue matinale de l'Antichambre de l'Oeil de Boeuf?
Ne manquez point, alors, de vous signaler à moi, et je ne laisserai certes point votre main d'honnête homme sans la serrer dans la mienne.
Mes Cordiales et Ducales Salutations
Auguste-Exupère-Palamède, duc de Saint Sermon
Dernière édition par le Jeu 25 Jan 2007 - 2:04, édité 5 fois
Duc de Saint Sermon- Intervenant
- Nombre de messages : 18
Réputation : 0
Date d'inscription : 23/01/2007
Re: Lettre adressée au Duc de Saint Sermon
Monsieur le Duc,
Très honoré de votre prompte réponse, je tiens à préciser que je ne suis qu'un petit veneur, breveté par le Roi, au service d'un homme qui fut très proche de l'Immense Monsieur Ferré, ce grand rebelle à tous les abandons, qui le paya durement de sa liberté et su éviter les chausse-trappe que ne manquaient pas lui ouvrir devant lui tous les adversaires de la bienséance et du beau-parler.
Je crains que tout ce patrimoine qu'il nous légua ne soit désormais à jeter aux chiens, en une curée démoniaque, sous la houlette de quelques petits commis de l'Etat qui considèrent que, n'ayant pu accéder suffisamment rapidement aux plus hautes charges, ils doivent s'en prendre immanquablement, pour calmer leur rage, aux créations sublimes de ces grands anciens, qui ont tout inventé et, vis à vis desquels ils n'arrivent pas, et n'arriveront malheureusement jamais, à la hauteur de la semelle de leurs chausses.
Enfin vous ne m'avez pas répondu quant à l'édition éventuelle d'un petit ouvrage visant à éclairer le bon peuple sur ces manigances éhontées, qui risquent de le priver, avant qu'il n'en prenne conscience, d'une dernière et rare source de liberté et de culture authentiques. Car les bonnes gens, vous le saviez bien, savent toujours faire triompher en finale le bon sens et la justice.
Recevez, Monsieur le Duc, l'expression empressée de ma fidélité et mon admiration.
Robert de Label Lauvray
Très honoré de votre prompte réponse, je tiens à préciser que je ne suis qu'un petit veneur, breveté par le Roi, au service d'un homme qui fut très proche de l'Immense Monsieur Ferré, ce grand rebelle à tous les abandons, qui le paya durement de sa liberté et su éviter les chausse-trappe que ne manquaient pas lui ouvrir devant lui tous les adversaires de la bienséance et du beau-parler.
Je crains que tout ce patrimoine qu'il nous légua ne soit désormais à jeter aux chiens, en une curée démoniaque, sous la houlette de quelques petits commis de l'Etat qui considèrent que, n'ayant pu accéder suffisamment rapidement aux plus hautes charges, ils doivent s'en prendre immanquablement, pour calmer leur rage, aux créations sublimes de ces grands anciens, qui ont tout inventé et, vis à vis desquels ils n'arrivent pas, et n'arriveront malheureusement jamais, à la hauteur de la semelle de leurs chausses.
Enfin vous ne m'avez pas répondu quant à l'édition éventuelle d'un petit ouvrage visant à éclairer le bon peuple sur ces manigances éhontées, qui risquent de le priver, avant qu'il n'en prenne conscience, d'une dernière et rare source de liberté et de culture authentiques. Car les bonnes gens, vous le saviez bien, savent toujours faire triompher en finale le bon sens et la justice.
Recevez, Monsieur le Duc, l'expression empressée de ma fidélité et mon admiration.
Robert de Label Lauvray
veneur- Régulier
- Nombre de messages : 422
Réputation : 0
Date d'inscription : 16/01/2007
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