"Liberté, redescends des Cieux!..."

Puis-je me permettre, très Estimés Membres du Forum Libéré, d'apporter une digne illustration musicale au noble combat qui nous agite et nous mène?

Voici donc, afin d'élever le débat jusqu'aux cimes (celles, du moins, du Rütli Suisse), le choeur achevant l'Acte IV, ainsi que l'opéra "Guillaume Tell" de Rossini.

Ceci ne sera pas tellement (contrairement à l'intitulé de cette rubrique) de "l'actu" culturelle, l'oeuvre ayant été créée à Paris en 1829...
Mais les chefs-d'oeuvres ne sont-ils pas éternels autant qu'inactuels, et "intempestifs" (comme eût dit le père Nietzsche)?

En outre, lors de la première audition de l'oeuvre, le bilieux Berlioz lui-même, demeuré littéralement épaté et conquis, devant la lumineuse beauté et le souffle épique de cette ample péroraison, dut admettre que "Rossini se haussait soudain, là, sur les mêmes sommets que Beethoven, dans cette exaltation de la liberté de l'Homme et de l'amour universel qu'est la IXème Symphonie."

On en pourra juger sur pièce, ci-après :
http://www.classicistranieri.com/mp3/guglielmotell/rossini_guglielmo_40_tutto_cang.mp3
(N.B. L'opéra est ici donné dans la traduction italienne, qui a désormais plus souvent cours, sur les scènes lyriques, que la version initiale.)

Afin de mieux suivre le déroulement dramatique de cette véritable apothéose d'espérance et de ferveur (qui peut, je crois, servir d'hymne à tout Libertarien cultivé), où s'élève le chant de reconnaissance des patriotes Suisses ayant conquis leur indépendance, et brisé le joug autrichien incarné par l'infâme Gouverneur Gessler (oui, oui : celui-là même qui inventa le jeu dangereux, devenu célèbre, consistant à remplacer la cible du tir-à-l'arc par une pomme, placée en équilibre sur la tête d'un petit garçon), voici la didascalie et les paroles du passage, dans le livret original en français, adapté de la pièce de Schiller:

"L'orage, entièrement dissipé, laisse voir, dans toute sa beauté, une partie de la Suisse. Une multitude de barques pavoisées voguent sur le lac des Quatre-Cantons. Les montagnes qui dominent Flüelen, et surmontées encore par les grands glaciers frappés des rayons du soleil, couronnent le tableau.


Décor de Bailly et Jambon pour l'Acte IV de "Guillaume Tell" (pour la reprise de 1889)

GUILLAUME
Tout change et grandit en ces lieux.
Quel air pur!

HEDWIGE
Quel jour radieux!

JEMMY
Au loin quel horizon immense!

MATHILDE
Oui, la nature sous nos yeux
Déroule sa magnificence.

GUILLAUME
À nos accents religieux,
Liberté, redescends des cieux,
Et que ton règne recommence!

TOUS
Liberté, redescends des cieux,
Et que ton règne recommence! "


Gioacchino ROSSINI

Superbe décor...

Puisque personne ne s'y colle, je vais le faire…

Le vrai chef d'œuvre associé au nom du maestro Rossini, le voilà :

Le Fantôme de l'Opéra a écrit:
(N.B. L'opéra est ici donné dans la traduction italienne, qui a désormais plus souvent cours, sur les scènes lyriques, que la version initiale.)

Pour Guillaume Tell, je préfère de beaucoup la version (originale) chantée par G.Bacquier, N.Gedda, M.Caballé et M.Mesplé, qui doit toujours figurer au catalogue.
Vous qui avez beaucoup hanté le bâtiment de Garnier, pourriez-vous m'expliquer pourquoi on nous impose systématiquement les oeuvres en versions originales, c'est à dire en des langues que seul ici Rantanplan peut comprendre...
L'opéra du XIX ème siècle se voulait un spectacle total, unissant musique, danse, poésie, peinture.
Si on ne comprend plus naturellement les paroles, cela devient un concert, et non un spectacle.
Vous me direz que nombre des chanteurs actuels sont incompréhensibles dans toutes les langues, et particulièrement en français, qui est très difficile à chanter de manière intelligible. (Ce pourquoi on installe des systèmes de sous-titrage..)

Cette mode me semble contemporaine du passage de Rolf Lieberman, qui, sous le prétexte de faire entendre les plus grands chanteurs mondiaux, (et probablement pour favoriser des rétrocommissions des imprésarri), a supprimé la troupe de l'Opéra, et, ce faisant, a quasi détruit le chant français. Il est vrai que Lieberman a écrit des opéras allemands...

Donc, on nous donne de plus en plus d'oeuvres dans leur langue originale, sauf quand celle-ci est le français.

La version de Guillaume Tell que je vous recommandais est, je le crains, la seule.

Je cherche désespérément une Médée, alors qu'on me propose dix Médéa.

J'ai une médiocre version de Don Carlos, alors que les Don Carlo pullulent (et s'attribuent même parfois l'S final). Et aucune des Vêpres Siciliennes...

La Favorite, dans sa version originale française, est un chef d'oeuvre, alors que le livret italien est incompréhensible.

La "sauvage beauté de Wagner" ne pourrait être saisie que dans sa langue originale. Mais je ne me suis jamais autant ennuyé à l'opéra que pendant le premier acte de la Walkyrie.

Certes les "metteurs en scène" suffisent, à eux seuls, à détruire ces oeuvres comme spectacle, et il vaut mieux aller à l'Opéra avec des lunettes noires!

Estimé Uncle Toby,

Comment, vous qui vous dites libertariens, pouvez-vous oublier que ce tournedos a été financé par les contribuables français, Rossini ayant signé sous Charles X un contrat qui ne lui imposait rien, mais lui assurait des revenus conséquents. Revenus qui le dispensèrent de travailler, pour le malheur des mélomanes, et la joie des gastronomes.

C'est en écoutant les opéras en estranger qu'on peut apprendre les langues…

Peau d'âne a écrit:Estimé Uncle Toby,

Comment, vous qui vous dites libertarien, pouvez-vous oublier que ce tournedos a été financé par les contribuables français, Rossini ayant signé sous Charles X un contrat qui ne lui imposait rien, mais lui assurait des revenus conséquents.

Les contrats doivent être honorés, c'est un principe sacré. Et puis c'est bien l'une des meilleures choses qu'ait jamais produites l'impôt, on peut donc faire une exception, ne serait-ce que pour ne pas être traités d'ultra-libertaires psychorigides. Le monde est si malveillant…

Mon cher Rantanplan,
J'ai vu jadis La belle Hélène en russe, à Moscou. Je n'ai pas pourtant appris le russe, même en connaissant un peu l'original!

Je ne suis pas contre qu'on nous la donne ainsi, si l'on nous laisse le choix. Mais CinéBerlitz est certainement plus efficace qu'Opérassimil.

De même, quand vous voulez voir un film américain, quelque temps après sa sortie, vous ne trouvez plus à Paris que les versions originales. Tudieu! On ne me fera pas croire que c'est l'intérêt des exploitants de salles de ne fournir que ce qui n'est pas compréhensible aux indigènes!

Cher Uncle Toby,
En tant que grand-prêtre de Bacchus, je connais la musique et les paroles que vous avez utilisées pour faire votre avatar. Votre souplesse est donc la mienne. Il faut savoir ce qui est réellement important!

Pour la petite histoire, après l'avènement de Louis Philippe, le ministre des finances a cherché a revenir sur l'accord. Le Conseil d'Etat l'a débouté. Il y avait encore des juges en France. Mais c'était avant le Socialisme.

Pourrait-on en savoir plus sur ledit avatar?

BAv.

Mon cher Victor, regardez ces jambes!

Voici les paroles:

Bacchus, mon âme légère
Qui n'a pu se faire
Au bonheur sur terre
Aspire à toi divin Bacchus.
Reçois la prêtresse
Dont la voix sans cesse
Veux chanter l'ivresse à tes élus!

Orphée aux Enfers, final, chanté par Eurydice.

La musique est connue, via le quadrille qui en a été tiré, comme "French Cancan", car utilisée quarante ans après par le grand quadrille du Moulin Rouge.

Gloire à Bacchus, cher et unique alcoolique officiel du Forum!

Je ne sais pas où serait l'intérêt réel des exploitants de salles mais dans leurs représentations et préjugés, il est évident que le bon peuple ignare des langues étrangères voit le film à sa sortie*, que ceux qui se déplacent après la ruée sont des snobs... pardon, des bobos cinéphages qui lisent religieusement les critiques de Télérama** et ne sauraient voir une oeuvre cinématographique qu'en V.O.
Les autres... eh bien les autres, ils n'ont qu'à attendre le DVD, non ?

*La sortie est faite pour ça, engranger le maximum de rentrées d'un peuple moutonnier et bien chauffé par l'affichage.
** Fut un temps, moi aussi. Quand j'avais besoin des programmes d'un France Culture encore audible. L'avantage, c'est que je savais quels films ennuyeux ne pas aller voir.

Peau d'âne a écrit:Orphée aux Enfers, final, chanté par Eurydice.

Bien vu pour le son. Mais pour l'image?

Bav.

Pour l'image, c'est à vous de vous en charger, comme a fait l'Uncle!

Jadis, j'ai réussi à piéger (amicalement) un mien directeur ainsi.

Donc les trois joyeux drilles de l'avatar sont en train de plagier sinon parodier le quadrille du Moulin Rouge... Version pro ou amateur ?

Je voulais dire : d'où est extraite l'image?

Je vote pour les archives privées de l'Uncle.
A votre avis, est-il à gauche? à droite? au centre?

Peau d'âne a écrit:Je vote pour les archives privées de l'Uncle.
A votre avis, est-il à gauche? à droite? au centre?

A vrai dire j'aimerais bien, ça aurait sans doute de la valeur. Mais non.

Peau d’âne a écrit:Gloire à Bacchus, cher et unique alcoolique officiel du Forum!

Hélas ! Que Bacchus soit devenu alcoolique, Brassens en fit le constat amer, tout en dénonçant cette bande de malfaisants qui sévit aujourd'hui impunément :

Du temps que régnait le Grand Pan,
Les dieux protégeaient les ivrognes,
Un tas de génies titubants
Au nez rouge, à la rouge trogne ;
Dès qu'un homme vidait les cruchons,
Qu'un sac à vin faisait carousse
Ils venaient en bande à ses trousses
Compter les bouchons.
La plus humble piquette était alors bénie,
Distillée par Noé, Silène, et compagnie ;
Le vin donnait un lustre au pire des minus,
Et le moindre pochard avait tout de Bacchus.

Mais en se touchant le crâne, en criant "J'ai trouvé"
La bande au professeur Nimbus est arrivée
Qui s'est mise à frapper les cieux d'alignement,
Chasser les dieux du firmament.

Aujourd'hui ça et là, les gens boivent encore,
Et le feu du nectar fait toujours luire les trognes ;
Mais les dieux ne répondent plus pour les ivrognes,
Bacchus est alcoolique, et le grand Pan est mort.

oui c'est très beau
mais , est ce que c'est facilement chantable en groupe ?
je m'interroge sur la raison qui vous pousse à produire cet admirable morceau
comme totem sonore , peut etre : il faut alors qu'on puisse fredonner

A qui parlez vous, Catherine ? Au Fantôme de l'Opéra ou à ce fin goliard d'Arcoolo ?

anticipant qq peu , j'imaginais que l'on nous proposait un champ de marche

chère guinevère , je pensais que l'on allait nous inciter à choisir un hymne propitiatoire

Celui de Brassens et d'Arcoolo me conviendrait assez, mais je nous vois assez mal marcher en groupe d'un même pas (et surtout pas au pas de l'oie) en chantant dans la rue les vertus de... la Liberté !
Mon sens aigu de l'indépendance se hérisse avec mes poils à cette idée saugrenue.
Je préfère la collection qu'une amie artiste en couture avait intitulée "Uniformes de la guerre future" : il n'y avait pas deux vêtements semblables...

on se demande pourquoi tant de groupes humains ont choisi une musique de référence
et meme pourquoi certains chantent aux offices religieux