Clochers et minarets

Avec l’affaire des minarets, il semblerait que le catholicisme subisse le remake
d’un épisode dont il fut l’auteur dans le passé. Lorsque le catholicisme romain
s’est en effet imposé en Europe, on n’a pas demandé au druide du soin s’il
préférait qu’on remplace son menhir par un clocher flambant neuf. On lui a
imposé.

Par ailleurs, s’il est vrai que l’Eglise catholique fasse partie de la tradition
française, il n’est pas moins vrai que la France connait une autre tradition
qui lui est de loin supérieur et qui est celle de la laïcité. L’un des
évènements fondateurs de cette laïcité étant la mise à mort du roi, représentant de Dieu sur Terre.
Ce n’est donc pas grâce à l’Eglise que la laïcité existe mais malgré elle.

Encore un combat qui lui a échappé car alors que Jésus proclamait « Mon royaume
n’est pas de ce monde » dans Jean 18 :36, instaurant une nette séparation
entre le spirituel et le temporel, les Papes n’ont cessé de se mêler de
politique et de sacrer les rois. Ils se sont même créé un Etat bien de ce
monde, le Vatican.

La laïcité est supérieure à toutes les religions, car elle permet à tout le monde
d’y vivre sa foi. Clocher ou minaret, pour la République laïque, cela ne peut
se discuter que sur le terrain de l’architecture et du plan local d’urbanisme.

Il se trouve que les minarets à la mode orientale ne collent pas vraiment avec le
paysage architectural des villes et villages de France. Après tout, les
clochers étaient là avant eux, et les clochers se marient mieux que les
minarets avec leur environnement français.

De plus, si chaque ville se met à avoir et son clocher et son minaret, on risque
de se sentir un peu observé, un peu comme avec des miradors. Il ne faut donc
pas abuser de ces fusées qui ne décollent jamais.