Le Méné, les embryons, et tout ça

Ah ! ça fait plaisir à voir. On aurait pu croire avec Barriot que RC devenait une radio à peu près écoutable sur le sujet. Mais on sent bien que les choses ont été reprises vigoureusement en main sur les sujets d'éthique et autres points-non-négociables. Diable, il faut bien que mémé cotise, vous savez, celle qui est sourde, qui est hors de portée des émetteurs, mais qui cotise quand même par peur du bolchevisme dans l'attente du règne-social-de-notre-seigneur (avec les tirets, sans reprendre son souffle et surtout sans se demander ce que ça peut bien vouloir dire).

En témoigne le serf-journal de Le Méné ce soir : horribleté des recherches qui ne seraient pas approuvées par la porterie de l'Église tradiuniverselle, nécessité de réguler la médecine, de passer par des commissions et des gens qui savent, de tester longuement sur les souris les médicaments susceptibles de sauver les mourants, grandes diatribes contre le commerce qui pourrit la médecine... pour un peu on s'attend à entendre maudire le capital anonyme et vagabond contre lequel il y a heureusement Papa-État, Maman-Sécu et tout un tas de gens qui savent mieux que les autres ce qui est bon pour ces autres.

Ah madame Michu, on se demande où irait périr l'humanité si elle n'était ainsi encadrée et régulée par tous ces gens qui se sacrifient admirablement à mener les autres par le bout du nez. Rendez-vous compte…

Je vous accorde que Le Méné peut être pénible ... mais enfin, je préfère que les embryons deviennent des bébés plutôt que des médicaments pour soigner mémé, d'autant plus j'ai appris sur ce blog qu'il n'est plus nécessaire que mémé reste en vie pour continuer à cotiser à RC, alors ....
Je retournerais volontier un autre de vos arguments, cher oncle: C'est bien maman-sécu et papa-état qui décident pour nous que la recherche sur les cellules souches doit plutôt se faire sur les embryons que sur les organismes adultes. Ont ils toutes les compétences pour le faire ?

Disons que je fus trop ironique, je vais donc tâcher de m'expliquer.

Ce qui est insupportable ce n'est pas tant ce que disent le Méné et sa bande que le ton : sans réplique, armé d'une certitude morale absolue que même l'Académie pontificale des sciences n'a pas de cette manière caricaturale.

Je n'ai pas tout écouté ce soir, mais venir nous présenter comme le comble de l'absolue noirceur morale le fait de faire un enfant pour, en plus de le mettre au monde, espérer soigner l'un de ses grands frères , cela fait quand même frémir. Ces gens là sont sans doute très au point dans le cercle maniaque de leurs petits certitudes morales étroites, mais où est la charité dans leurs propos d'ayatollahs ?

Quand on ajoute à cela l'absence sur les mêmes ondes de tout discours moins moralement hérissé de lames et de pointes, comme le cas Barriot l'a bien montré, ça lasse.

Qu'on ait des principes moraux, sans doute Qu'on les dise pourquoi pas. Qu'on tombe à bras raccourcis sur quiconque n'a pas exactement les mêmes ou les exprime moins catégoriquement, qui plus est avec des arguments qui se réduisent à une hostilité de principe à la liberté individuelle et qui reprennent tous les poncifs étatistes, je trouve ça difficilement supportable d'autant que l'émission de Le Méné se réduit à ces sujets traités de cette façon deux fois sur trois.

Les Allemands ont une bonne expression pour dire "plus royaliste que le roi", ils disent papstlicher als der Papst : plus papiste que le pape. Disons que je trouve la pose perpétuelle de quelques émissions qui se proclament catholiques une pose plus papiste que le pape lui-même. Dont l'émission de Le Méné. Et il me semble que cela ne s'explique que par le fait de flatter une certaine frange d'auditeurs afin de les faire cotiser, sinon on pourrait leur dire la même chose de manière moins caricaturale et cadenassée, surtout sur une radio "culturelle".

Je crois d'ailleurs que c'est en cela que RC a le plus baissé : on sait d'après le sujet d'une émission ce qui va être dit : c'est ce que la partie des auditeurs la plus coincée dans ses certitudes attend qu'on lui dise. Sans doute il y a toujours eu des émissions de cette sorte, mais je crois sincèrement que cela empire.

Cher oncle, nous sommes au fond assez d'accord. Ce n'est pas tellement les positions papstlicher als der Papst que je reprocherais car elles peuvent parfois être défendables, c'est surtout le ton et le manque d'ouverture à toute critique.
Même si cela m'attriste, je pense que RC est terminée. Tournons nous vers l'avenir et essayons de voir comment éviter sur Lumière 101 les défauts évoqués dans votre post tout en restant ouvert à tous les courants de pensées. Je pense que le support web facilitera les choses. Il permettra de mettre en vis à vis des points de vue différents. Par des chats avec les auditeurs, les invités et animateurs pourront plus facilement être confrontés au monde réel qu'enfermés dans le bunker du bd Murat. Des groupes de discussions liés à chaque émission enrichiront également le contenu de celles ci.
Il faudra retenir les leçons de J. Ferré: Le plus de direct possible, de la proximité avec les auditeurs (le monde réel) et surtout de la LIBERTE, même pour les plus papistes que le pape !

Amis de la Littérature, Salut!

Afin d'égayer quelque peu le fil, (tout en restant dans le sujet), on eût aimé, en effet, que sur la "radio culturelle" du Pays réel et de la Francophonie, le sujet "grave, grave, grave" (comme eût dit Charles Cros) des débats utérins entre vieux rancis de la trompe d'Eustache et barbelés de la trompe de Fallope se fût vu illustré par une citation de circonstance de l'excellent et rosse Maurice Mac-Nab (chat-noiresque auteur dont Yvette Guilbert fit, entre deux fiacres, triompher les ballades les plus vachardement décadento-pré-surréalistes)...

En particulier, celle reproduite ci-après (qui dans son genre, est un chef d'oeuvre, que je ne saurais trop recommander - histoire qu'on rigole un peu -, à quelque Membre de l' Officine, ou sympathisant de cette dernière, de faire parvenir, par fax, à HdL-FM, au prochain coup où le même sujet de vaginale disputatio reviendra sur la table... d'opération du 95.6).

LES FOETUS

Ballade de M. MAC-NAB

On en voit de petits, de grands,
De semblables, de différents,
Au fond des bocaux transparents.

Les uns ont des figures douces ;
Venus au monde sans secousses,
Sur leur ventre ils joignent les pouces.

D'autres lèvent les yeux en l'air
Avec un regard assez fier
Pour des gens qui n'y voient pas clair !

D'autres enfin, fendus en tierce,
Semblent craindre qu'on ne renverse
L'océan d'alcool qui les berce.

Mais, que leur bouche ait un rictus,
Que leurs bras soient droits ou tordus,
Comme ils sont mignons, ces foetus,

Quand leur frêle corps se balance
Dans une douce somnolence,
Avec un petit air régence !

On remarque aussi que leurs nez,
A l'intempérance adonnés,
Sont quelquefois enluminés :

Privés d'amour, privés de gloire,
Les foetus sont comme Grégoire,
Et passent tout leur temps à boire.

Quand on porte un toast amical,
Chacun frappe sur son bocal,
Et ça fait un bruit musical !

En contemplant leur face inerte,
Un jour j'ai fait la découverte
Qu'ils avaient la bouche entrouverte :

Foetus de gueux, foetus de roi,
Tous sont soumis à cette loi
Et bâillent sans savoir pourquoi !...

Gentils foetus, ah ! que vous êtes
Heureux d'avoir rangé vos têtes
Loin de nos humaines tempêtes !

Heureux, sans vice ni vertu ;
D'indifférence revêtu,
Votre coeur n'a jamais battu.

Et vous seuls, vous savez, peut-être,
Si c'est le suprême bien-être
Que d'être mort avant de naître !

Foetus, au fond de vos bocaux,
Dans les cabinets médicaux,
Nagez toujours entre deux eaux,

Démontrant que tout corps solide
Plongé dans l'élément humide
Déplace son poids de liquide.

C'est ainsi que, tranquillement,
Sans changer de gouvernement,
Vous attendez le Jugement !...

Et s'il faut, comme je suppose,
Une morale à cette glose,
Je vais ajouter une chose :

C'est qu'en dépit des prospectus
De tous nos savants, les foetus
Ne sont pas des gens mal f...us


Bien Littérairement à Tous!

S.-B.

On nous les montre rarement coupés vivants en morceaux comme ça se fait au cours des avortements provoqués.

Rantanplan a écrit:On nous les montre rarement coupés vivants en morceaux comme ça se fait au cours des avortements provoqués.

N'est-ce pas, très Estimé et Avisé F:. F:. Rantanplan, le "propre de l'Homme" (donc sa supériorité sur la bête, en général, - et sur le... Méné, en particulier ), que de pouvoir ironiquement (et poétiquement) se payer une "tranche" de rire... même avec le pire dans l'ignoble?...

Rantanplan,

Vous n'allez pas être déçu. Le jury du festival de Cannes et l'éducation nationale ont précédé vos désirs et sélectionné un film ou une scène d'avortement est filmée en détail.

Riez, messieurs... Je n'ai écouté que les dix dernières minutes de l'émission (boulot oblige), on n'en était plus aux foetus, mais par contre je n'ai jamais rencontré une femme qui sorte indemne d'un avortement. Physiquement, peut-être mais psychiquement, aucune. Ce n'est pas de la morale, c'est un constat.