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"Campagnes de Douce", 17 novembre 2007

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Message par Vincent Jappi Jeu 22 Nov 2007 - 20:37

    Une bombe ! mon cher ami Emile Jappi, cet incroyable inconnu ?
    Campagnes de Douce, 17 novembre 2007


    Un REGAL en cette période de rappel à l'ordre par nos chers syndicats si représentatifs et modernes : "Les Lunettes à Frédéric, ou : le Voyage au bout de l'Etat", par Emile Jappi. Je l'ai reçu, d'un admirateur anonyme et dévoré avec gourmandise. Emile Jappi est un mystérieux énarque récemment converti au libéralisme à la suite d'un choc et moi qui bat la semelle entre Bordeaux, Toulouse et les Pyrénées, je me suis demandée... mais non, c impossible ! Venise ou Montréal, c pas suffisant pour devenir croyant !

    Achetez cet excellent petit ouvrage, à consommer délicatement et libéralement, sans modération mais sans s'étrangler, de rire ou de consternation et offrez-le largement autour de vous.

    Infarctus assuré ou jeunesse retrouvée, c'est selon chacun, au choix...

    "Voyage au bout de l'Etat ou les lunettes à Frédéric", 10 € (Editions du Chef d'Oeuvre 3 chemin de l'Ouradou 31180 Rouffiac) J'en ai acheté 1 caisse car j'entends bien les offrir pour Noël ou les vendre !

    Demain, j'en emmène à la manif et prends les commandes.
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Message par Victor le chacal Jeu 22 Nov 2007 - 21:57

C'est fini la pause publicitaire?

Ils sont nombreux dans la famille?
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Message par Victor le chacal Ven 23 Nov 2007 - 5:38

Vincent est-il le fiston d'Emile? A-t-il fait l'ENA lui aussi?
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Message par Rantanplan Ven 23 Nov 2007 - 10:26

Extrait des Lunettes à Frédéric : content

    Vincent (Chapitre III)


    Aussi brève qu’elle ait été, mon échappée à Castellammarese avait achevé de me mettre à mal. Je devais à un exceptionnel fonds d’équilibre de ne pas avoir sombré dans une totale déprime. Je comptais sur la solitude retrouvée de Mugron pour faire le point sur moi-même. Encore fallait-il qu’on m’y laisse en paix ! Or deux télégrammes y attendaient mon retour.

    L’un provenait du Bureau de l’ «Association des Amis de Georges Clemenceau». Les adhérents étaient convoqués à une Assemblée Générale extraordinaire pour la nomination d’un nouveau Président. La révélation du Canard enchaîné m’avait rendu indigne de la fonction !

    Dans l’autre, Vincent, le fils d’Yvonne, ma défunte femme, m’annonçait son arrivée à Mugron pour le 28 juin, cet après-midi même ! Je n’avais plus eu de contact avec lui depuis la mort de sa mère, il y a cinq ans !

    Nous étions avec Yvonne GALLEY de la même promotion de l’ENA.

    Notre promotion de l’ENA

    Cinq ans avant son entrée à l’Ecole, elle avait eu Vincent hors mariage. Quand je l’avais épousée, à la fin de notre scolarité, j’avais adopté son fils. Malgré mes efforts, Vincent n’éprouva jamais la moindre sympathie pour moi. Il quittait ostensiblement sa chambre quand j’y entrais, refusait de m’embrasser, de me dire bonjour ou bonsoir, se bouchait les oreilles quand je parlais et se refusait à m’accompagner où que ce soit. Je finis par me désintéresser de lui, me contentant de répondre aux besoins financiers exprimés par sa mère.

    Vincent avait deux passions, le football et l’ancienne Yougoslavie, pays où il avait été en vacances et trouvé sa première petite amie. Pour lire dans le texte les auteurs serbes et croates, il en avait appris les langues. Il devint rapidement un des meilleurs connaisseurs en France de l’histoire de la région sous la période napoléonienne. En particulier, il entreprit de réhabiliter la mémoire du maréchal Marmont, auquel s’attachait, injustement selon lui, une réputation de traîtrise. Le buste de ce grand urbaniste de Trogir et de Split trônait sur la cheminée de sa chambre, ce qui avait le don d’exaspérer sa mère, grande admiratrice d’Edmond Rostand et de l’Aiglon !

    "Campagnes de Douce",  17 novembre 2007 Marmont
    [Portrait] du Maréchal MARMONT

    Allergique à l’Education Nationale et à son enseignement qu’il contestait en bloc, il ne brilla dans ses écoles successives que par son amour du football. A son entrée dans un nouvel établissement, il constituait une équipe qu'il amenait au bout d’un an au plus haut niveau de sa catégorie ! Finalement, ayant obtenu de sa mère qu'elle l'inscrive au lycée d'enseignement technique d'Aubervilliers, réputé pour la qualité de son équipe de football, il en était devenu le capitaine et remporta avec elle le championnat de France junior.

    Quand à la fin de l'année scolaire, on nous apprit qu'il devrait tripler sa seconde, il était à Split. Avec son équipe, il était parti affronter le Hajduk, alors au faîte de sa gloire.
    Repéré par l'entraîneur, le déjà célèbre Bivic, on lui proposa d'entrer dans la réserve du club, ce qui n’aurait jamais pu se faire s’il n’avait pas acquis une aussi parfaite connaissance du croate. Les joueurs d'Aubervilliers retournèrent donc en France sans leur capitaine.

    Au faîte du bonheur, réalisant d’un même coup ses deux passions, le football et la Yougoslavie, Vincent écrivait à sa mère chaque semaine. Ses lettres étaient remplies d'admiration pour un des joueurs de l'équipe avec lequel il s'était pris d'amitié, un certain Djuro Torgic.

    Ce malin Yougoslave passait de club en club : il affirmait n’être qu’un joueur médiocre mais parvenait à se vendre un peu plus cher à chaque transfert. Quand un entraîneur se rendait compte de la faute qu'il avait commise en ayant surpayé son acquisition, il se gardait bien d'avouer son erreur. Il vantait du mieux qu'il pouvait les performances de son poulain pour pouvoir le revendre sans perte et, si possible, avec un bénéfice. Un beau jour, considérant qu'il avait atteint les limites de ce petit jeu, Torgic décida de quitter la Yougoslavie et de tenter sa chance à l’Ouest. Muni d'un seul billet de train et d'une lettre de recommandation de l’entraîneur Bivic, il rejoignit Fribourg, célèbre mondialement par son université et, dans le milieu du sport, par sa toute jeune équipe de football : celle-ci venait de créer la surprise en parvenant en demi-finale d’une Coupe d'Europe. Vincent suivit son ami dans sa nouvelle vie. À leur arrivée à Fribourg, les deux compères, engagés, l'un comme demi-centre, l'autre comme ailier, se mirent en recherche de "petits boulots" pour compléter leurs salaires de joueurs.

    Dans les annonces du journal local, le Freiburger Anzeiger, ils virent qu'un certain Friedrich von Hayek, qui était professeur honoraire d'uni-versité et prix Nobel d'économie, cherchait un "chauffeur homme à tout faire".

    Il le logerait dans une petite maison de gardien à l'entrée du parc de la propriété qu'il venait d'acquérir avec l'argent de son Prix Nobel. Torgic se présenta pour l'emploi et fut immédiatement agréé. Il était originaire de Prnjavor, petit village de Bosnie fondé au début du XIXème siècle par des militaires allemands de la Grande Armée. Ils y avaient fait souche après la démobilisation des troupes du maréchal Marmont. Curieusement, plusieurs joueurs de l'équipe de Split provenaient de ce lieu. On les reconnaissait à la racine germanique de leur nom : Torgic (Tor), Bergic (Berg), Talic (Tal). On se débrouillait donc en allemand dans l'équipe et Torgic n'eut aucun mal à se faire comprendre par l'éminent professeur. Vincent, hébergé chez son ami, n'avait pas besoin d'argent. Son salaire de joueur, complété par la pension versée par sa mère, lui suffisait. Il se proposa à Hayek comme secrétaire à mi-temps. Comme seule rémunération, il demandait le droit de pouvoir puiser dans la bibliothèque du maître et de parler avec lui de ses lectures.

    J’avais su son départ de Fribourg pour Chicago où il se trouvait lors de mon divorce avec sa mère. J’avais appris par elle qu’il s’y était lié avec un certain Oswald, réputé mondialement pour sa spécialité de "déprogrammeur de victimes de Moon". A raison de 15.000 $ par client, Oswald s’était constitué en cinq ans d’activité un matelas financier suffisant pour pouvoir s’offrir une année sabbatique.

    Il la consacra à l’étude de la pensée d’économistes libéraux américains, que Vincent appelait «libertariens». Les deux amis entrèrent alors dans un groupe de réflexion sociale, mené par un certain Murray Rothbard.

    L’année qui suivit notre divorce, Yvonne mourut subitement d’une rupture d’anévrisme. Je perdis alors le contact avec Vincent Galley (bien qu'adopté par moi, il avait refusé de porter mon nom). J'appris par la presse qu'il prétendait avoir mis au point aux Etats-Unis une lunette miracle qui, disait-il, permettait de "voir ce qui ne se voit pas".

    Je ne pris pas au sérieux cette nouvelle lubie de mon beau-fils, jusqu’au jour où je reçus la visite de Joseph Gayssot. Cet ancien camarade de promotion à l’ENA occupait à Bruxelles le poste de «Commissaire à l’Harmonisation de la pensée européenne». Son passé de stalinien officiellement repenti le faisait exceller dans cette fonction, qu’il accomplissait avec zèle et détermination. Alerté par la mise sur le marché communautaire des «lunettes à Frédéric», il les considérait comme un péril pour la démocratie dont elle menaçait le fonctionnement paisible.
    Ayant appris mes liens familiaux avec Vincent, il me demandait d’intervenir auprès de lui pour lui en faire arrêter la commercialisation. Je dus lui avouer ma totale impuissance en la matière. Il devait s’en douter car il sortit de sa serviette la mouture de ce qui allait devenir la fameuse circulaire Gayssot interdisant dans les
    Etats-membres

      «la fabrication, la vente et l’usage de Lunettes permettant de voir ce qui ne se voit pas».

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