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Olivier Pichon parle de la Présidentielle sur son blog

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Message par Rantanplan Sam 3 Mar 2007 - 2:42

Le Pen, les parrainages et les sondages
Jeudi 1 Mars 2007


M&Vie le publiait dès le 24 février (n° 775) : « les sondages non “pondérés” donnent Le Pen à plus de 20%». 
Dans une dépêche du 28, Jean-Marie Le Pen estimait être au-dessus de 20% des intentions de vote. Le 21 février, dans un entretien à Reuters, Claude Fitoussi, conseiller en communication déclarait :
    « je prédis que Jean-Marie Le Pen va faire un score énorme à cette élection […] la plupart des autres partis politiques, à commencer par l’UMP, ont récupéré pratiquement tous ses thèmes […] Son discours, qui paraissait choquant pour tout le monde il y a quinze ans, s’est totalement banalisé ».
Selon le baromètre annuel TNS Sofres sur l’image du FN, publié en décembre dernier. Son image s’est améliorée dans l’opinion: les sondés sont ainsi 26 % à se dire “plutôt” ou “tout à fait d’accord” avec les idées de Jean-Marie Le Pen. Depuis le début de ce baromètre en 1984, ce niveau n’avait été atteint qu’à trois reprises: 32 % en 1991, 28 % en 1996 et 2002.
Toujours selon le baromètre de la Sofres, le nombre des personnes interrogées se disant hostiles aux idées de Jean-Marie Le Pen, se situe à 70 %. Un chiffre plus bas que ceux enregistrés au début de la décennie et pendant les années 90.
D’autres indices concordent. Ainsi, les sondés sont de moins en moins nombreux (34 % en 2006) à trouver “inacceptables” les idées du FN, préférant désormais employer le qualificatif d'“excessives” (47 %).
Les instituts de sondages ont toujours minimisé le vote Le Pen. En 2002 à la veille du 1er tour, il n’était crédité que de 14 % alors qu’il plafonnait auparavant à 9 %. On sait ce qu’il en a été.
Leur attitude n’a pas changé aujourd’hui. Plus que de donner une image de l’opinion publique, les instituts de sondages sont chargés de l’influencer. En réalité, les sondages donnent Le Pen devant Sarkozy depuis juin 2006. Il est réellement en tête des intentions de vote du 1er tour. Les candidats le savent.
C’est la raison pour laquelle Sarkozy reste au ministère de l’Intérieur alors qu’il est candidat. Il peut ainsi modifier les règles électorales (il vient de le faire à 3 reprises) et exercer des pressions sur les maires ruraux. Car les 500 parrainages requis pour pouvoir être candidat à l’élection présidentielle ne peuvent être obtenus, outre les élus de son propre parti, uniquement auprès des élus non-inscrits, c’est-à-dire des 34000 maires ruraux. Le 1er tour de 2002 a créé un traumatisme chez les élus qui avaient soutenu Le Pen et Mégret. Leur signature avait été largement diffusée, pour ne pas dire dénoncée, dans les médias. C’est la raison pour laquelle ils préfèrent parrainer des candidats en dehors de l’arène politique plutôt que ceux qui sont médiatisés, surtout quand ils se situent à la droite de la droite.
Le 27 février, Paul-Marie Coûteaux, conseiller de Philippe de Villiers et député européen, faisait état sur son blog d’une conversation qu’il venait d’avoir à la buvette du Parlement européen avec un député UMP :
    « Vous n’aurez pas vos signatures, et JM. Le Pen ou Dupont-Aignan pas davantage. C’est désolant, mais les maires sont tellement lassés par les requêtes des uns et les pressions des autres que même certains élus socialistes refusent de parrainer Ségolène ! »
Ayant encore l’humeur à sourire, je propose en boutade une nouvelle révision constitutionnelle interdisant la candidature de quiconque s’est prononcé pour le “non” : on éliminerait ainsi le risque de voir élu un Président de la République qui prendrait la souveraineté nationale, donc la République, au sérieux. Intervient alors le député UMP, goguenard : « De toute façon, vous ne faites que quelques pourcents, cela ne change pas grand-chose… » Ainsi, pour cet élu UMP, 55 % des Français « ne change pas grand-chose » ! Un peu gêné, il conclut : « il y aura au moins deux candidats du “non” : Buffet et Laguiller ! ».
L’hypothèse de l’absence de Le Pen à l’élection présidentielle est sérieuse, mais elle ne sauvera pas Sarkozy. En éliminant les électeurs nationaux, il prend le risque d’un vote sanction contre lui. Grave dilemme.
Il prend aussi le risque de déclencher une crise institutionnelle. La montée de Le Pen est le résultat de l’échec des politiques et de leur volonté de tenir à l’écart 20 % de l’électorat (au moins). Cette mise à l’écart institutionnelle initiée par Mitterrand pour se maintenir au pouvoir a été imposée par Chirac pour mener à bien sa politique immigrationiste. Depuis 1986, époque où le Front national avait créé un groupe à l’Assemblée nationale, il aurait été légitime de voir nommer des ministres FN. Au lieu de cela, ses électeurs ont vu se déchaîner des campagnes de diabolisation qui ont créé de profonds clivages dans l’opinion publique. Avec la bénédiction de l’Education nationale, des générations de jeunes Français ont été éduquées dans la haine de leurs compatriotes. Vouloir maintenir cette exclusion relève d’un comportement digne de l’aveuglement des pires régimes totalitaires.
Seule la caste de fonctionnaires-technocrates au pouvoir en France peut persister dans son illusion (41 % de l’actuelle Assemblée). Depuis 1958, sauf Edith Cresson tous les Premiers ministres sont des fonctionnaires. Cette captation de pouvoir conduit au refus d’intégrer un nouveau venu. Mais refuser à plus de 20 % de l’électorat d’être représenté et de peser sur la politique conduit à une impasse. Maintenir cette prescription ouvre inévitablement une période de troubles.
Le prochain M&Vie tiendra ses lecteurs au courant des dessous de l’actualité de la campagne présidentielle.


Dernière édition par le Sam 17 Mar 2007 - 14:54, édité 1 fois
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Message par Guinevere Sam 3 Mar 2007 - 8:13

Excellente analyse. On nous a longtemps expliqué qu'il fallait laisser les instances de décision aux gens compétents (ah, le vieil idéal technocratique d'X Crise !) mais aujourd'hui leur incompétence de fait n'étant plus à démontrer, ils ne peuvent espérer que le peuple exaspéré les légitime. Ils n'ont donc plus que le coup d'Etat larvé pour se maintenir.
Sans oublier que le fromage est de plus en plus goûteux dans notre république bananière.
Mais au delà de ces questions de pouvoir, de cet ostracisme visible à l'égard de Jean Marie Le Pen, moins visible mais tout aussi réel à l'égard de tous les mouvements émergents qualifiés - et avec quel mépris ! - de groupuscules, il me semble y avoir un clivage profond, culturel, entre Paris et la province, entre un milieu intellectuel bo bo et les autres.
A la fin du XIXe siècle, on pouvait pressentir trois noyaux culturels (et c'est d'ailleurs sur ce constat que c'est appuyé Marx pour inventer sa lutte des classes) : un noyau paysan (d'ailleurs hiérarchisé), un noyau "bourgeois" à la fois instruit et entrepreneurial, un noyau populaire urbain. La démocratie officiellement proclamée faisait avec et, même avec le suffrage universel de droit, fut censitaire de fait jusqu'à la guerre de 14.
De nos jours, les lignes de clivage se sont déplacées et je suis frappée, comme je vois beaucoup de gens différents, de la convergence de pensée entre les milieux les plus populaires et les acteurs économiques, les dirigeants d'entreprises, les ingénieurs, tandis qu'on voit émerger un nouveau noyau formé de fonctionnaires, le plus souvent cadres, d'enseignants, de chercheurs, de journalistes et d'artistes qui ressemble de plus en plus à une caste sacerdotale. Un troisième noyau émerge dans les "quartiers" mais n'a pas encore trouvé ses marques.
Il faut se méfier des mythes quand ils s'incarnent. Tout cela ressemble beaucoup à une guerre des Ases contre les Vanes...
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Message par Comte Zaroff Sam 3 Mar 2007 - 11:43

Guinevere a écrit:A la fin du XIXe siècle, on pouvait pressentir trois noyaux culturels (et c'est d'ailleurs sur ce constat que c'est appuyé Marx pour inventer sa lutte des classes) : un noyau paysan (d'ailleurs hiérarchisé), un noyau "bourgeois" à la fois instruit et entrepreneurial, un noyau populaire urbain. La démocratie officiellement proclamée faisait avec et, même avec le suffrage universel de droit, fut censitaire de fait jusqu'à la guerre de 14.
De nos jours, les lignes de clivage se sont déplacées et je suis frappée, comme je vois beaucoup de gens différents, de la convergence de pensée entre les milieux les plus populaires et les acteurs économiques, les dirigeants d'entreprises, les ingénieurs, tandis qu'on voit émerger un nouveau noyau formé de fonctionnaires, le plus souvent cadres, d'enseignants, de chercheurs, de journalistes et d'artistes qui ressemble de plus en plus à une caste sacerdotale. Un troisième noyau émerge dans les "quartiers" mais n'a pas encore trouvé ses marques.
Il faut se méfier des mythes quand ils s'incarnent. Tout cela ressemble beaucoup à une guerre des Ases contre les Vanes...

Tiens, quelqu'un qui pense!

Je partage votre analyse. Tout ceci - déstructuration de la société, montée en force d'une nouvelle caste du pouvoir - n'est pas sans rapport avec la déliquescence de la méritocratie, ou plutôt des diverses formes de méritocratie qui hiérarchisaient la société. La méritocratie ouvrière a été détruite, de même que la méritocratie des artisans et des métiers, la méritocratie scolaire fortement décimée par les réformes pédagogistes, la méritocratie entrepreneuriale (la vraie) rongée par la social-démocratie d'un côté et la globalisation de l'autre... La caste au pouvoir s'atrophie, se replie sur elle-même, devient bête et paranoïaque, vieillit biologiquement et radote son mai 68, bloque la société toute entière: économiquement, socialement et intellectuellement. La caste au pouvoir joue les sans-papiers contre les immigrés de la 2ème génération, elle joue la CMU et les 35h contre la libre entreprise et le travail, elle joue les assoc' subventionnées contre une société civile libre et indépendante rendue impuissante par les réglementations, elle exhibe son bronzage chez Fogiel au lieu de lire des livres, elle revendique sa bonne conscience humanitaire à la manière des enfants gâtés, avec une agressivité croissante, inversement proportionnelle à son niveau culturel...

Pareto a écrit que l'histoire était un cimetière d'aristocraties. La caste actuelle sent le sapin. Certes. Mais où sont donc les fossoyeurs? Je ne les vois guère...
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Message par Lansquenet Sam 3 Mar 2007 - 20:33

Merci à Rantanplan pour nous avoir permis de lire cette bonne analyse et bravo à Guinevere et au Comte Zaroff pour leurs commentaires éclairants.
Si jamais il n'y a aucun représentant de la droite de conviction ou souverainiste (Le Pen, Villiers ou Dupont-Aignan) à la présidentielle, eh bien, la légitimité se ramassera dans la rue dans des circonstances tragiques. Alors là, oui,

Il faut se méfier des mythes quand ils s'incarnent. Tout cela ressemble beaucoup à une guerre des Ases contre les Vanes...


De nos jours, les lignes de clivage se sont déplacées et je suis frappée, comme je vois beaucoup de gens différents, de la convergence de pensée entre les milieux les plus populaires et les acteurs économiques, les dirigeants d'entreprises, les ingénieurs, tandis qu'on voit émerger un nouveau noyau formé de fonctionnaires, le plus souvent cadres, d'enseignants, de chercheurs, de journalistes et d'artistes qui ressemble de plus en plus à une caste sacerdotale. Un troisième noyau émerge dans les "quartiers" mais n'a pas encore trouvé ses marques.

Ne pensez-vous pas que les « quartiers » trouvent pour l'heure en José Bové leur héraut/héros, en attendant l'émergence à brève échéance des Frères musulmans ?
Tout dépendra bien sûr des 500 signatures, mais je parie ici que les sept prochains mois après le second tour de mai 2007 seront très agités. Décembre 1995, les émeutes de l'automne 2005 et la crise du CPE ne seront que d'aimables amusements… Je peux très certainement me tromper, mais si les électeurs sont empêchés de se défouler le 22 avril prochain, je crains qu'ils ne se défoulent ailleurs…
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Message par Guinevere Sam 3 Mar 2007 - 22:24

José Bové aimerait sans doute être adulé dans les "quartiers", mais je crains pour lui qu'il ne s'illusionne sur la popularité de ses moustaches en dehors des Causses et autres zones du "désert français".
Mais je vous avoue que cet horizon électoral devant lequel chacun joue les Cassandre me lasse profondément. C'est l'Etat spectacle que dénonçait déjà Debord et ce n'est que cela. Je me déplacerai pour voter mais je ne suis pas sûre de mettre un bulletin dans l'enveloppe. Les vrais problèmes sont plus profonds, plus difficiles à cerner et à résoudre, de l'ordre d'une transformation du socle sociétal dans ses valeurs, dans ses structures, dans ses idéaux.
On nous annonce la fin par implosion d'une civilisation (la nôtre, dite on ne sait pourquoi "post-moderne") qui n'en finit pas de rebondir et de se ranimer.
Mais il y a dans la jeunesse une aspiration à l'ordre, à la loi, à la discipline qui se traduit dans les cités par l'islamisation la plus radicale, rue des Rosiers par une sorte de nouvelle école massorète et dans les beaux quartiers par un catholicisme traditionnel qui confine au puritanisme. Je crains que, si ce mouvement s'accélère, le héros ne soit pas Bové mais Torquemada.
L'autre danger, ce sont les grandes mafias, c'est à dire une forme de féodalisme sans le correctif d'une spiritualité puissante.

Merci, comte Zaroff, de votre commentaire. Je suis bien d'accord avec vous sur la destruction de la méritocratie ou, plus exactement, de toutes les méritocraties.
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Message par Lansquenet Dim 4 Mar 2007 - 11:05

Eh oui, nous allons dans une période de grand chaos et de désordres considérables. Vous avez aimé le XXe siècle ? Vous adorerez le XXIe !
Et puis de ce chaos sortira peut-être un nouvel ordre si nous survivons bien sûr !
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Message par Guinevere Dim 4 Mar 2007 - 19:21

Oui, si nous survivons... C'est le dialogue des paysans dans je ne sais plus quel bouquin de Zinoviev :
Le premier : "Crois tu que nous survivrons ?"
Le second : "Oui, je le crois."
Le premier : "Moi aussi, je voudrais survivre."
Mon vieil ami Aimé Michel y voyait la permanence dans le peuple russe du "sens d'un nous qui ne comprend pas forcément le je" et dont il constatait la perte dans notre société.
Ceux qui aujourd'hui cherchent refuge dans la soumission à une Loi sacralisée (intégristes) ou dans la force brutale (mafias) n'ont pas plus le sens du nous que les collectivistes qui imposent une appartenance artificielle à une abstraction sociale ou les individualistes irresponsables (il y en a) qui n'ont pas dépassé l'adolescence.
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