L'Endive et le Chacal (fable)
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L'Endive et le Chacal (fable)
Il était une fois
( une de trop diront certains )
un chicon, qu’on appelait endive en dialecte courtois,
et qui, pour protéger son teint,
ne poussait que dans l’obscurité.
C’est ainsi qu’une nuit il poussa jusqu’au jour,
tant et si haut que les fleurs d’à-côté
se réveillèrent... à l’ombre de ses flancs !
La plupart n’y virent point malice.
Il en fut même que flatta un tel tour,
prenant l’intrus pour un tuteur...
voire – puisqu’il était tout blanc –
pour un lys !
Mais il en fut d’autres, plus fières,
( dont la pichoine et le dahlia-rakis )
qui de ce haut plant se méfièrent,
y voyant moins leur sœur
qu’un neveu de navet.
Leur vint alors l’idée de ne plus sentir bon
mais plutôt très mauvais,
façon d’enjoindre au jardinier de remplir sa mission
– qui est de désherber sans délai.
Mais ce dernier, un gorille en faction,
choisit d’éradiquer...
non l’intrus à reconduire au potager du Roi*
mais les fleurs allergiques à ce chicon masqué !
Leur place ainsi vacante trouva vite preneur,
car tout rebut de chez Lachaume**
ne pouvait qu’y trouver son bonheur.
Quant au plant, non content de passer pour un lys
( du moins au flair de qui en ignorait l’arôme ),
il se mit à couiner... aux heures de grande écoute,
convaincu que les dieux boiraient à son calice ;
quand un chacal à portée d’ouie mais qui n’y voyait goutte
le prit pour un coucou en rut et lui fila la syphilis.
On admettra qu’ainsi sauté notre légume
en ait conçu son... amertume.
( On laissera pourtant croire aux commères
que leur endive est née amère. )
Mais quoique cette chute siée à ce conte
et que l’envie de le publier monte,
je n’ai en rien le droit de le déclarer clos
puisque c’est au lecteur d’avoir le dernier mot.
* situé dans le quartier Saint-Louis...
** fleuriste réputé sur la place de Paris
( une de trop diront certains )
un chicon, qu’on appelait endive en dialecte courtois,
et qui, pour protéger son teint,
ne poussait que dans l’obscurité.
C’est ainsi qu’une nuit il poussa jusqu’au jour,
tant et si haut que les fleurs d’à-côté
se réveillèrent... à l’ombre de ses flancs !
La plupart n’y virent point malice.
Il en fut même que flatta un tel tour,
prenant l’intrus pour un tuteur...
voire – puisqu’il était tout blanc –
pour un lys !
Mais il en fut d’autres, plus fières,
( dont la pichoine et le dahlia-rakis )
qui de ce haut plant se méfièrent,
y voyant moins leur sœur
qu’un neveu de navet.
Leur vint alors l’idée de ne plus sentir bon
mais plutôt très mauvais,
façon d’enjoindre au jardinier de remplir sa mission
– qui est de désherber sans délai.
Mais ce dernier, un gorille en faction,
choisit d’éradiquer...
non l’intrus à reconduire au potager du Roi*
mais les fleurs allergiques à ce chicon masqué !
Leur place ainsi vacante trouva vite preneur,
car tout rebut de chez Lachaume**
ne pouvait qu’y trouver son bonheur.
Quant au plant, non content de passer pour un lys
( du moins au flair de qui en ignorait l’arôme ),
il se mit à couiner... aux heures de grande écoute,
convaincu que les dieux boiraient à son calice ;
quand un chacal à portée d’ouie mais qui n’y voyait goutte
le prit pour un coucou en rut et lui fila la syphilis.
On admettra qu’ainsi sauté notre légume
en ait conçu son... amertume.
( On laissera pourtant croire aux commères
que leur endive est née amère. )
Mais quoique cette chute siée à ce conte
et que l’envie de le publier monte,
je n’ai en rien le droit de le déclarer clos
puisque c’est au lecteur d’avoir le dernier mot.
* situé dans le quartier Saint-Louis...
** fleuriste réputé sur la place de Paris
Philippe Inégalité- Intervenant
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Re: L'Endive et le Chacal (fable)
Décidément le sujet est inépuisable
Je précise que je vois très bien et que je n'ai pas la syphilis, non mais!
Je précise que je vois très bien et que je n'ai pas la syphilis, non mais!
Re: L'Endive et le Chacal (fable)
Excellente initiative de PI que ce concours de poésie d'été qui nous ramène aux origines littéraires du FL!
Conformément à la tradition, ma très humble petite contre-attaque est dédiée à mes muses BM et Ganada
"Le Chicon et le Chacal"
Un flétri chicon versaillais
Pour régner sur des fruits et des navets
Voulut un matin du potager
Devenir le roitelet.
Maître Chacal
Pressentant le scandale
Du plateau de Satory
Descendit.
Le canidé hargneux
Rappela au monde que le légume avait usurpé
Qu’il n’avait point de talent
Que ce n’était pas là sa place
Que du potager il voulait changer l’objet
Qu’il était bien trop vieux
Qu’il était une fin de race
Qu’il avait trompé son monde par ses boniments.
Vicomte Chicon crut pouvoir l’ignorer.
Puis se sentant découvert
Appela la maréchaussée,
Criant à tort et à travers
Devant la foule médusée
Qu’à sa vie on voulait attenter !
L’opiniâtre canidé en appela au Jardinier bandé
Exigea que l’irresponsable légumineuse fût sous tutelle placée.
L’un convoqua.
L’autre assigna.
Lâchement le chicon par les ondes offensa.
Une association des Phénix du Jardin exilés on créa.
On exigea des titres.
On eut des libelles de pitres.
On réclama les comptes
On eut une fable dont on rit encore.
On exhuma le testament et les dernières volontés d’un mort !
On produisit les certificats médicaux d’un grabataire, sans honte!
La saison passa, rien n’arrêtait le carnage.
Mais le temps, cruel, fit sur le frêle légume son ravage.
Il jouait en faveur du tenace Animal.
A la fin pauvre Chicon perdit sa cassette, ses valets, la tête et les municipales!
Moralité :
Quand petit chicon on est
Point ne faut pour grosse légume se présumer
Et la terre entière mépriser.
Lancez-vous, vous aussi!
Conformément à la tradition, ma très humble petite contre-attaque est dédiée à mes muses BM et Ganada
"Le Chicon et le Chacal"
Un flétri chicon versaillais
Pour régner sur des fruits et des navets
Voulut un matin du potager
Devenir le roitelet.
Maître Chacal
Pressentant le scandale
Du plateau de Satory
Descendit.
Le canidé hargneux
Rappela au monde que le légume avait usurpé
Qu’il n’avait point de talent
Que ce n’était pas là sa place
Que du potager il voulait changer l’objet
Qu’il était bien trop vieux
Qu’il était une fin de race
Qu’il avait trompé son monde par ses boniments.
Vicomte Chicon crut pouvoir l’ignorer.
Puis se sentant découvert
Appela la maréchaussée,
Criant à tort et à travers
Devant la foule médusée
Qu’à sa vie on voulait attenter !
L’opiniâtre canidé en appela au Jardinier bandé
Exigea que l’irresponsable légumineuse fût sous tutelle placée.
L’un convoqua.
L’autre assigna.
Lâchement le chicon par les ondes offensa.
Une association des Phénix du Jardin exilés on créa.
On exigea des titres.
On eut des libelles de pitres.
On réclama les comptes
On eut une fable dont on rit encore.
On exhuma le testament et les dernières volontés d’un mort !
On produisit les certificats médicaux d’un grabataire, sans honte!
La saison passa, rien n’arrêtait le carnage.
Mais le temps, cruel, fit sur le frêle légume son ravage.
Il jouait en faveur du tenace Animal.
A la fin pauvre Chicon perdit sa cassette, ses valets, la tête et les municipales!
Moralité :
Quand petit chicon on est
Point ne faut pour grosse légume se présumer
Et la terre entière mépriser.
Lancez-vous, vous aussi!
Re: L'Endive et le Chacal (fable)
Maître Victor a écrit
dans la chilicon Valet ?Maître Chacal
Pressentant le scandale
Du plateau de Satory
Descendit...
Philippe Inégalité- Intervenant
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Rantanplan- Bavard
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Re: L'Endive et le Chacal (fable)
Puisqu'on en est aux pastiches :
L'abomination du boulevard Murat.
Gardez bien présent à l'esprit que personne d'autre que moi ne vit jamais dans ce que je vais décrire du fond de l'angoisse où je suis maintenant irrémédiablement muré autre chose qu'une banale usurpation d'association. Seule peut-être la chatte Praline, qu'on la dise nantie de cette sensibilité accordée par certains aux animaux ou simplement qu'elle ait été l'unique témoin de certaines nuits où la lune était gibbeuse sur le seizième arrondissement, seule la chatte Praline pourrait peut-être attester des terribles abominations qui ont accompagné l'arrivée du vicomte Henry de Mesquin boulevard Murat. Sinon personne n'aurait jamais eu l'idée qui m'apparaît terrible de le surnommer par dérision le vampire blafard.
La famille des Mesquins du Plessis-Malo a toujours évoqué en Bretagne de troubles légendes : la terre alentour du caveau familial est réputée manger son mort bien plus vite que n'importe quel autre cimetière de la province. Le dernier fossoyeur attitré du cimetière, interrogé en 1967 par le docteur Vaquette de Gribeauval à l'occasion de son enquête sur les survivances des cultes maritimes océaniens dans l'ouest de la France, avouait une répugnance instinctive à creuser dans la terre spongieuse qui sent étonnamment la marée et les algues autour des tombes des Mesquins. La tradition est encore vive d'un passage dissimulé qui relierait ces caveaux à la mer. Au quinzième siècle la stèle la plus ancienne aurait été brisée sur l'ordre des États de Bretagne et l'on n'y discerne plus que le bas d'un corps grotesque, accroupi, environné de quelques appendices qui évoquent à l'observateur des tentacules gravés dans une pierre noire et comme savonneuse. Dans une langue que l'on affirme ne pouvoir être du breton, même très déformé ou très ancien, s'y devine encore faiblement le mot fhtagn comme je pus le constater moi-même au cours d'un bref voyage.
J'appris en 2003 qu'un Mesquin du Plessis-Malo animait une émission sur Radio Courtoisie, sympathique radio culturelle associative de droite et parisienne, encore qu'un peu folklorique, fondée quinze ans plus tôt par Jean Ferré, un journaliste et historien de l'art estimé.
Me revinrent alors à la mémoire les détails que je vous ai rapportés et les lignes entrevues quelques années plus tard dans une bibliothèque universitaire, parmi le fonds légué à un département de la Sorbonne par un philologue qui n'avait pas cru devoir se dispenser, au milieu de ses traduction érudites et précises, d'étudier les textes abscons et fragmentaires de la magie néo-platonicienne.
Il était question, dans un grec tardif où l'influence syriaque était manifeste, de ce mot fhatgn que j'avais été surpris de retrouver si loin de la Bretagne : il y était identifié comme le dernier mot d'une invocation décrite avec horreur comme prononcée rituellement par des êtres demi-disgraciés rampant dans la boue marine et la corruption des cadavres abandonnés à la côte, invocation dont ils saluaient l'imminent retour de leur divinité à laquelle le texte attribuait la forme répugnante d'un batracien ridicule et immense par la taille, féroce et néanmoins risible, la tête se résumant à une bouche avide ornée de nombreux tentacules.
Pendant quelques temps je cherchai à me procurer les ouvrages postérieurs dont la notice, scrupuleuse, conjecturait qu'ils pouvaient procéder de la même tradition. Le Necronomicon de l'arabe fou Abdul Alhazred ? « Détruit, brûlé, introuvable… » Le Culte des goules du comte d'Erlette ? « Détruit, brûlé, introuvable… » De toutes les bibliothèques où je m'adressai, la même réponse m'arriva. L'Unaussprechlichen Kulten de Von Juntz ? « Détruit, brûlé, introuvable… » De Vermis Mysteriis de Ludwig Prinn ? « Détruit, brûlé, introuvable… » Les Monuments du culte secret des manchettes, par Chiriguez d'Olmette ? « Détruit, brûlé, introuvable… » La symbolique hermétique nazional-bolchevik, de Patrick Gouffmanoff ? « Détruit, brûlé, introuvable… » Les Humeurs d'amours de Lydvine Éliphas ? « Détruit, brûlé, introuvable… » Je me lassai bientôt de ces invariables réponses et oubliai tout cela jusqu'à réentendre un Libre journal des idées politiques présenté par un certain Henry de Mesquin.
Quelques mois plus tard, j'ai cherché sa photo sur l'internet et j'ai pu constater en frémissant, me souvenant des ressemblances étranges entre d'anciennes légendes de Ponape et de Saint-Cast, qu'il avait cet aspect de têtard, encore accentué par le port de lunettes étrangement démodées, qui fait se signer d'un océan à l'autre les femmes des bas-fonds de Valparaiso comme celles de la faussement paisible Innsmouth.
Lorsque j'appris les théories socio-raciales professées par le vicomte de Mesquin, comme gauchies à l'aune de visions impossibles et d'ascendances répugnantes, et également qu'on allait le charger de remettre les statuts du CDARS en ordre j'adressai une lettre à Jean Ferré pour lui faire part de mes doutes. Soit qu'il eût été déjà bien bas du fait de sa maladie, soit qu'il eût été sous la coupe de ces êtres dont on ne peut dire qu'ils ne sont pas humains — l'horreur de notre situation en serait amoindrie cependant, mais ils sont indubitablement en partie des hommes, des hommes où se mêlent quelles généalogies monstrueuses et oubliées ! — Jean Ferré ne réagit pas.
Je parvins seulement à lui faire tenir quelques temps après, par l'un de ses vieux amis, un dossier sommaire où j'avais rassemblé les références qui me semblaient avoir le plus d'autorité. On apprenait peu après, au cours d'une émission que je ne peux oublier, où des voix grimaçantes et étrangement coassantes envahirent les ondes, que Jean Ferré était "tombé". Quelques semaines plus tard il était mort. Chacun sait la suite triviale des événements qui ont permis à Henry de Mesquin du Plessis-Malo de s'emparer de Radio Courtoisie. Mais chacun s'interroge encore : aucune direction ne semble présider à la radio et même les ambitions électorales affichées par Henry de Mesquin à Versailles semblent une explication dérisoire.
Je suis le seul à savoir et la conscience de cette solitude m'emplirait d'une horreur plus grande encore si la chose était possible. Un soir que j'avais pénétré boulevard Murat à la faveur du passage d'un ami chez Serge de Beketch, je réussis, sacrifiant une choucroute d'après émission chez l'Alsaco, à pénétrer dans la cave, où les cartons d'archives avaient été quelque peu poussés pour dégager de l'espace au centre, si bien que je parvins à me cacher. Peu après minuit arrivèrent deux hommes emmitouflés dans de grands voiles, aux doigts étrangement palmés et qui parlaient un idiome ponctué de ricanements. Ils déplacèrent divers cartons d'archives dans un ordre méticuleux mais qui m'était incompréhensible.
Alors j'entendis dans toute son horreur l'invocation : Phnglui Mglwnafh Cthulhu Rlyeh Wgahnagl Fhtagn ; aucune langue ne saurait rendre exactement l'horreur de ces sons qui m'emplirent d'une indicible frayeur, et ce n'est qu'une transcription fautive sans doute que je vous livre. Si elle était juste vous fermeriez immédiatement votre ordinateur et sa seule lecture sur votre écran ternirait à jamais toute joie en vous comme elle l'est à présent en moi.
Alors, selon une géométrie impossible dans un endroit si exigu, une procession entra, chantant toujours cette abomination ; j'y reconnus quelques patrons d'émission de Radio Courtoisie au milieu d'une foule assez nombreuse d'êtres qui tenaient plus du batracien apte à ramper dans le limon, claudiquants et maladroits. Osant à peine me déplacer, je parvins à voir, sous un angle impossible dans notre optique euclidienne, cette foule qui défilait devant une cathèdre où Mesquin avait pris place à rebours et quelques uns, encore francophones militants dans leur délire, traduisaient leur repoussante invocation :
C'est lui le messager de Cthulhu
Baisons-lui le cul.
Je n'ai osé sortir de ma cachette que plusieurs heures après ; sur le boulevard Murat, marchant à pas précipités vers le Parc des Princes, il me semblait déjà que me poursuivait un ricanement dont j'envie ceux qui ne l'entendent que le lundi soir car il me semble moi l'entendre toujours à mes oreilles.
Dernière édition par le Lun 6 Aoû 2007 - 11:36, édité 2 fois
Invité- Invité
Rantanplan- Bavard
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Le coucou discourtois (complet)
Un coucou volettait
Sous les basses branches de la forêt
Quand tout en haut d'un chêne,
Il entendit des vers.
Tout en haut de cet arbre,
Sur un nid en hauteur
Discouraient de vieux sages
Sur l'esprit des nuages.
Des vautours, des hirondelles
Des faucons et des aigles
La-haut faisaient la paix
Et devenaient poètes.
L'avide volatile, aussitôt perché
Chercha des yeux ces vers que sa panse réclamait
On lui tendit une plume, il ne sut quoi penser
Et le ventre grouillant manqua de s'en aller.
Puis il vit, sur son trône, le vieux roi déplumé
Courtois et silencieux, écouter les hiboux.
Ce pouvoir, ce talent, le coucou les voulait.
Roi-coucou, c'est certain, on lui apporterait
Vermisseaux et lombrics à gober.
Parmi l'aréopage, il vit de vieilles chouettes
Qui racontaient la vie de plus vieilles chouettes encor'
L'assistance s'endormait, un gros Grand-Duc ronflait,
Notre oiseau entreprit de s'emparer du nid.
L'affreux coucou n'avait, en guise de pensée
Que de lourds calembours et un cri haut-perché.
Aussi ne savait-il que couper la parole
Et s'esclaffer tout seul de piètres fariboles :
Au héron il criait : "Petit patapon !"
Aux moineaux il confiait comme son âme était pure.
Au milieu des bécasses, il savait jacasser
Parmi les étourneaux il faisait l'inspiré.
Et quand un jour faiblit le hibou si courtois
Le coucou discourtois avait su roucouler.
Certains crurent voir en lui un digne successeur
D'autres y virent le cygne d'un futur grand malheur.
Coucou ne jurait plus que par huppes et aigrettes
Et avait expulsé tous les ronchons poètes.
Aux pigeons qui gloussaient, il demandait des sous
Aux rouges-gorges ennemis, il lançait son courroux.
Un soir pourtant, le coucou se trouva seul
Au milieu de son nid vide.
La-haut, plus haut encore, il entendit corneille
Et prit un air livide.
Le nid était tombé, et notre roitelet
Ne vis pas le vieux chat dans son dos arriver.
Moralité :
Un coucou butor lançant des noms d'oiseaux
Effraie les auditeurs et rend la radio mouette.
Sous les basses branches de la forêt
Quand tout en haut d'un chêne,
Il entendit des vers.
Tout en haut de cet arbre,
Sur un nid en hauteur
Discouraient de vieux sages
Sur l'esprit des nuages.
Des vautours, des hirondelles
Des faucons et des aigles
La-haut faisaient la paix
Et devenaient poètes.
L'avide volatile, aussitôt perché
Chercha des yeux ces vers que sa panse réclamait
On lui tendit une plume, il ne sut quoi penser
Et le ventre grouillant manqua de s'en aller.
Puis il vit, sur son trône, le vieux roi déplumé
Courtois et silencieux, écouter les hiboux.
Ce pouvoir, ce talent, le coucou les voulait.
Roi-coucou, c'est certain, on lui apporterait
Vermisseaux et lombrics à gober.
Parmi l'aréopage, il vit de vieilles chouettes
Qui racontaient la vie de plus vieilles chouettes encor'
L'assistance s'endormait, un gros Grand-Duc ronflait,
Notre oiseau entreprit de s'emparer du nid.
L'affreux coucou n'avait, en guise de pensée
Que de lourds calembours et un cri haut-perché.
Aussi ne savait-il que couper la parole
Et s'esclaffer tout seul de piètres fariboles :
Au héron il criait : "Petit patapon !"
Aux moineaux il confiait comme son âme était pure.
Au milieu des bécasses, il savait jacasser
Parmi les étourneaux il faisait l'inspiré.
Et quand un jour faiblit le hibou si courtois
Le coucou discourtois avait su roucouler.
Certains crurent voir en lui un digne successeur
D'autres y virent le cygne d'un futur grand malheur.
Coucou ne jurait plus que par huppes et aigrettes
Et avait expulsé tous les ronchons poètes.
Aux pigeons qui gloussaient, il demandait des sous
Aux rouges-gorges ennemis, il lançait son courroux.
Un soir pourtant, le coucou se trouva seul
Au milieu de son nid vide.
La-haut, plus haut encore, il entendit corneille
Et prit un air livide.
Le nid était tombé, et notre roitelet
Ne vis pas le vieux chat dans son dos arriver.
Moralité :
Un coucou butor lançant des noms d'oiseaux
Effraie les auditeurs et rend la radio mouette.
Ksorp- Intervenant
- Nombre de messages : 47
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Date d'inscription : 27/03/2007
Re: L'Endive et le Chacal (fable)
Bravi! Ceci est délicieux. Ceci dit la figure est imposée, mon cher. Maître Chacal n'apparaît point dans votre fable.
D'autres candidats?
Bav.
D'autres candidats?
Bav.
Re: L'Endive et le Chacal (fable)
Ah, cher maître, ce prérequis ne m'était pas apparu. Je m'en vais travailler au récit de vos exploits
Ksorp- Intervenant
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Date d'inscription : 27/03/2007
Re: L'Endive et le Chacal (fable)
Mon cher,Ksorp a écrit:Ah, cher maître, ce prérequis ne m'était pas apparu. Je m'en vais travailler au récit de vos exploits
Ce n'est pas que l'on parle de Victor qui m'importe. Je suggérais seulement que vous vous étiez écarté du sujet . Surtout ne changer rien à cette première version (faites-en une autre).
Bav.
Re: L'Endive et le Chacal (fable)
Le Chacal et le Coucou
Maître Coucou, sur l’antenne perché,
tenait en son bec un micro.
( Puisque les Pies qui le lui tiennent
étaient à cette heure au marché. )
Maître Chacal, qu’il regardait de haut,
lui tint à peu près cet argot :
− Eh bonjour, monsieur le vicomte,
que vous êtes courtois ! que votre audience monte !
Sans mentir, si votre éloquence
se rapporte à votre prescience,
vous êtes le Phénix des hôtes de ce conte.
Mais le Coucou, qui avait lu la fable,
n’entonna cette fois ni chanson, ni harangue.
− Un seul mot, pensa-t-il, et je perds mon magot.
Ce chacal n’aura rien, sa ruse est trop minable,
faisons-le lui savoir en lui tirant ma langue !
Mais la tirer ainsi fit tomber le micro !
le chacal s’en saisit, s’en servant aussitôt
tant est si bien que les auditeurs l’entendirent :
− Ne le regrettez point, sire Coucou,
ce résultat est mieux pour vous,
car rien n’est pire
que d’avoir un micro quand on n’a rien à dire.
Maître Coucou, sur l’antenne perché,
tenait en son bec un micro.
( Puisque les Pies qui le lui tiennent
étaient à cette heure au marché. )
Maître Chacal, qu’il regardait de haut,
lui tint à peu près cet argot :
− Eh bonjour, monsieur le vicomte,
que vous êtes courtois ! que votre audience monte !
Sans mentir, si votre éloquence
se rapporte à votre prescience,
vous êtes le Phénix des hôtes de ce conte.
Mais le Coucou, qui avait lu la fable,
n’entonna cette fois ni chanson, ni harangue.
− Un seul mot, pensa-t-il, et je perds mon magot.
Ce chacal n’aura rien, sa ruse est trop minable,
faisons-le lui savoir en lui tirant ma langue !
Mais la tirer ainsi fit tomber le micro !
le chacal s’en saisit, s’en servant aussitôt
tant est si bien que les auditeurs l’entendirent :
− Ne le regrettez point, sire Coucou,
ce résultat est mieux pour vous,
car rien n’est pire
que d’avoir un micro quand on n’a rien à dire.
Philippe Inégalité- Intervenant
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Date d'inscription : 25/03/2007
Re: L'Endive et le Chacal (fable)
Elle est où la rime là?Philippe Inégalité a écrit:( Puisque les Pies qui le lui tiennent
étaient à cette heure au marché. )
Re: L'Endive et le Chacal (fable)
victor se demande
Maître Coucou, sur l’antenne
perché,
tenait en son bec un micro.
( Puisque les Pies qui le lui tiennent
étaient à cette heure au marché. )
Ce qui aboutit à des vers encore plus inégaux, mais pourquoi pas puisque ça justifie mon nom.
"tiennent" faisant écho à "antenne" on pourrait redécouper la strophe pour la faire apparaître :Elle est où la rime là?
Maître Coucou, sur l’antenne
perché,
tenait en son bec un micro.
( Puisque les Pies qui le lui tiennent
étaient à cette heure au marché. )
Ce qui aboutit à des vers encore plus inégaux, mais pourquoi pas puisque ça justifie mon nom.
Philippe Inégalité- Intervenant
- Nombre de messages : 99
Age : 35
Localisation : rue d'Isly
Réputation : 3
Date d'inscription : 25/03/2007
Re: L'Endive et le Chacal (fable)
Victor a écrit :
Le Chacal et le Coucou (version 13 août)
Maître Coucou, sur l’antenne perché,
tenait en son bec un micro,
et attendait – pour y prêcher –
que la Dinde ou la Pie le lui tînt à nouveau.
Quand le Chacal, qu’il regardait de haut,
lui tint à peu près ce propos :
− Eh bonjour, monsieur le vicomte,
que vous êtes courtois ! que votre audience monte !
Sans mentir, si votre éloquence
se rapporte à votre prescience,
vous êtes le Phénix des hôtes de ce conte.
Mais le Coucou, qui avait lu la fable,
n’entonna cette fois ni chanson, ni harangue.
− Un seul mot, pensa-t-il, et je perds mon magot.
Cet envieux n’aura rien, sa ruse est trop minable,
faisons-le lui savoir en lui tirant ma langue !
Mais la tirer ainsi fit tomber le micro !
le rusé s’en saisit, s’en servant aussitôt
tant est si bien que les auditeurs l’entendirent :
− Ne le regrettez point, sire Coucou,
ce résultat est mieux pour vous,
car rien n’est pire
que d’avoir un micro quand on n’a rien à dire.
Soyons en effet exigeant (on est pas sur R(ex)C, que diable !). Voici une version qui devrait satisfaire Maître Chacal, et qui en outre présente l'avantage d'introduire (si j'ose dire) la... Dinde !Trop facile.
Le Chacal et le Coucou (version 13 août)
Maître Coucou, sur l’antenne perché,
tenait en son bec un micro,
et attendait – pour y prêcher –
que la Dinde ou la Pie le lui tînt à nouveau.
Quand le Chacal, qu’il regardait de haut,
lui tint à peu près ce propos :
− Eh bonjour, monsieur le vicomte,
que vous êtes courtois ! que votre audience monte !
Sans mentir, si votre éloquence
se rapporte à votre prescience,
vous êtes le Phénix des hôtes de ce conte.
Mais le Coucou, qui avait lu la fable,
n’entonna cette fois ni chanson, ni harangue.
− Un seul mot, pensa-t-il, et je perds mon magot.
Cet envieux n’aura rien, sa ruse est trop minable,
faisons-le lui savoir en lui tirant ma langue !
Mais la tirer ainsi fit tomber le micro !
le rusé s’en saisit, s’en servant aussitôt
tant est si bien que les auditeurs l’entendirent :
− Ne le regrettez point, sire Coucou,
ce résultat est mieux pour vous,
car rien n’est pire
que d’avoir un micro quand on n’a rien à dire.
Philippe Inégalité- Intervenant
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Localisation : rue d'Isly
Réputation : 3
Date d'inscription : 25/03/2007
Re: L'Endive et le Chacal (fable)
Et hop ! une petite chiconnerie pour la forme :
Chiconnerie
– Moi, chicon de haut rang,
je pousse partout...
pour marquer mon territoire.
– Faut quand même pas pousser ! dit le Chacal.
– Si, je suis partout :
à Bercy, au club, au micro...
– Et pas aux abois ?
– Et je sais faire le coucou
qui sonne tout :
les heures, les minutes et même les secondes.
– Et bientôt la retraite.
Philippe Inégalité- Intervenant
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Re: L'Endive et le Chacal (fable)
Je ne sais mon cher si j'ai vraiment un tel sens de la réparti.
Cependant, je souhaiterais que dorénavant vous respectiez le nombre de pieds et que vous n'usiez que de rimes riches
Cependant, je souhaiterais que dorénavant vous respectiez le nombre de pieds et que vous n'usiez que de rimes riches
Re: L'Endive et le Chacal (fable)
Victor le chacal a écrit:Cependant, je souhaiterais que dorénavant vous respectiez le nombre de pieds et que vous n'usiez que de rimes riches
Vous êtes petit joueur, cher maître. Allons encore plus loin et faisons-lui faire des rimes complètes comme le préconisait Alphonse Allais !
Et le chacal mangea le faquin
Hais-le, chaque allemand j'hâle fât qu'un !
Fit l'SdB tout éméché
File ! est-ce des baies toutes et mâchées ?
Ksorp- Intervenant
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Re: L'Endive et le Chacal (fable)
Ksorp a écrit :
qui dit Forum libéré
Victor le chacal a écrit:
Cependant, je souhaiterais que dorénavant vous respectiez le nombre de pieds et que vous n'usiez que de rimes riches
Vous êtes petit joueur, cher maître. Allons encore plus loin et faisons-lui faire des rimes complètes comme le préconisait Alphonse Allais !
dit vers libéré
Philippe Inégalité- Intervenant
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Re: L'Endive et le Chacal (fable)
Voici une variante de "L'endive et le Chacal"
mais où le rôle vengeur du chacal est tenu par un... "vicomte en manque de comtesse"
L'endive qui voulait être un lys
Il était une fois
un chicon ordinaire,
qu’on appelait endive à la table du roi,
et qui poussait le vice
à pousser au grand jour,
ce qui le rendait vert.
Mais voulant de son sort améliorer le cours
il se mêla de passer pour une fleur de lys !
( qui ressemble pas mal
à ce qui chez l’amante est pour l’homme une entrée idéale ).
Et pour en prendre le teint pâle
– et changer de la sorte sa feuille en corolle –
il se mit à pousser loin du jour
en sous-sol.
Puis lorsqu’il eut
l’aspect voulu
il surgit à la cour,
s’y déclarant fleur de naissance
ayant le droit de décorer les pairs de France.
L’intrus avait bien fait les choses,
puisque nul ne vit
– ou ne fit remarquer –
qu’il n’était guère qu’un chicon masqué, car même aux yeux des roses
il parut davantage une sœur qu’on envie
qu’un neveu de navet .
Tout alla de façon que lui-même oublia
son sol et ses racines
( il avait bien pris soin de s’essuyer le bas )
et qu’il prit ce séjour pour nouvelle origine !
Le bal étant ouvert il entra dans la danse
et bien qu’il fût en pot ne manqua point d’aisance.
C’est alors que l’ivresse,
étant plus que de mise,
fit qu’un vicomte en manque de comtesse
le prit pour une vulve de marquise,
et s’en crut invité...
On admettra qu’ainsi sauté
notre légume
en ait conçu son... amertume.
( On laissera pourtant croire aux commères
que leur endive est née amère. )
Mais quoique cette chute siée à ce conte
et que l’envie de le publier monte,
je n’ai en rien le droit de le déclarer clos
puisque c’est au lecteur d’avoir le dernier mot.
mais où le rôle vengeur du chacal est tenu par un... "vicomte en manque de comtesse"
L'endive qui voulait être un lys
Il était une fois
un chicon ordinaire,
qu’on appelait endive à la table du roi,
et qui poussait le vice
à pousser au grand jour,
ce qui le rendait vert.
Mais voulant de son sort améliorer le cours
il se mêla de passer pour une fleur de lys !
( qui ressemble pas mal
à ce qui chez l’amante est pour l’homme une entrée idéale ).
Et pour en prendre le teint pâle
– et changer de la sorte sa feuille en corolle –
il se mit à pousser loin du jour
en sous-sol.
Puis lorsqu’il eut
l’aspect voulu
il surgit à la cour,
s’y déclarant fleur de naissance
ayant le droit de décorer les pairs de France.
L’intrus avait bien fait les choses,
puisque nul ne vit
– ou ne fit remarquer –
qu’il n’était guère qu’un chicon masqué, car même aux yeux des roses
il parut davantage une sœur qu’on envie
qu’un neveu de navet .
Tout alla de façon que lui-même oublia
son sol et ses racines
( il avait bien pris soin de s’essuyer le bas )
et qu’il prit ce séjour pour nouvelle origine !
Le bal étant ouvert il entra dans la danse
et bien qu’il fût en pot ne manqua point d’aisance.
C’est alors que l’ivresse,
étant plus que de mise,
fit qu’un vicomte en manque de comtesse
le prit pour une vulve de marquise,
et s’en crut invité...
On admettra qu’ainsi sauté
notre légume
en ait conçu son... amertume.
( On laissera pourtant croire aux commères
que leur endive est née amère. )
Mais quoique cette chute siée à ce conte
et que l’envie de le publier monte,
je n’ai en rien le droit de le déclarer clos
puisque c’est au lecteur d’avoir le dernier mot.
Philippe Inégalité- Intervenant
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Re: L'Endive et le Chacal (fable)
Je vois que certains sont en verve.
Sans vouloir jouer les puristes je ne suis pas sûr d'apprécier le panachage poésie en prose/ poésie en vers.
Je trouve aussi qu'il y a bcp de coprolalie (comme dirait notre estimé membre SdB) dans votre littérature mon cher.
Bav.
Sans vouloir jouer les puristes je ne suis pas sûr d'apprécier le panachage poésie en prose/ poésie en vers.
Je trouve aussi qu'il y a bcp de coprolalie (comme dirait notre estimé membre SdB) dans votre littérature mon cher.
Bav.
Re: L'Endive et le Chacal (fable)
Victor a écrit
Je ferai part à ma muse, cher Victor, de vos critiques
C'est que l'endive est un sujet d'inspiration fort coprolalique !Je trouve aussi qu'il y a bcp de coprolalie (comme dirait notre estimé membre SdB) dans votre littérature
Je ferai part à ma muse, cher Victor, de vos critiques
Philippe Inégalité- Intervenant
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