Aux passants de la rue d'Isly (Alger - 26 mars 1962)
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Aux passants de la rue d'Isly (Alger - 26 mars 1962)
Passants,
ne passez pas par la rue d’Isly,
car on y convaincrait votre sang
de cosigner les accords d’Évian.
Car on a donné des ordres tels
que les tirailleurs en faction
n’aient de français que l’uniforme.
Des ordres tels
qu’ils n’ont pu tomber que de très haut,
comme tombe à présent sur le pavé de la rue d’Isly
tout ce qui y passe, à portée de tir ou de crosse ;
et qu’importe au fusil mitrailleur
que vous soyez adultes ou gosses,
car seul l’émeut de compter les victimes,
les premières du grand lessivage de printemps...
Victimes ?
coupables surtout.
Victimes, car coupables,
coupables aux yeux du prince,
puisque aucune de ses ombres,
aucune !
ne viendra compatir auprès des éplorés,
s’incliner au bord de votre fosse commune,
aucune...
Et d’autant plus coupables
que tant d’entre vous aviez − et sans passer par Londres −
repris Rome au Reich
et versé votre sang jusqu’aux Rhin et Danube ;
alors que lui, le prince,
était resté au fond de son képi et de son porte-voix,
laissant le devancer la division Leclerc
– comme pour en mieux s’annexer les traces.
Ce prince, dont les plus hauts faits d’arme
n’ont guère été que d’avoir coffré un maréchal
et vaincu l’Algérie française.
Votre Algérie justement,
ce foutu bled qui n’est qu’obstacle
à une certaine idée qu’il se fait de la France
et au noble destin qu’il entend partager avec elle.
Mais que pourrait-il, ce prince,
sans la cour qui le porte ?
et qui vous grime tous en essoreurs de burnous, tous !
– quitte à vous le marquer au fer rouge en cas d’objection –
et qui vous bâillonne avec des muselières,
car quand on veut tuer son frère on dit que c’est un chien.
Et à ceux qui plus tard
n’auront de cesse que d’apposer rue d’Isly
une plaque en mémoire de vous,
– ne serait-ce que pour panser quelques plaies aux façades –
on répondra sans s’arrêter
qu’il n’existe guère à Alger de rue à ce nom.
Et que mieux vaut apposer votre plaque à Paris,
en plein cœur de la place... Charles-de-Gaulle,
au flanc de l’Arc de Triomphe :
ne serait-ce que pour y clore en beauté la liste des victoires,
puisque la rue d’Isly fut le lieu de la plus méritoire...
ne passez pas par la rue d’Isly,
car on y convaincrait votre sang
de cosigner les accords d’Évian.
Car on a donné des ordres tels
que les tirailleurs en faction
n’aient de français que l’uniforme.
Des ordres tels
qu’ils n’ont pu tomber que de très haut,
comme tombe à présent sur le pavé de la rue d’Isly
tout ce qui y passe, à portée de tir ou de crosse ;
et qu’importe au fusil mitrailleur
que vous soyez adultes ou gosses,
car seul l’émeut de compter les victimes,
les premières du grand lessivage de printemps...
Victimes ?
coupables surtout.
Victimes, car coupables,
coupables aux yeux du prince,
puisque aucune de ses ombres,
aucune !
ne viendra compatir auprès des éplorés,
s’incliner au bord de votre fosse commune,
aucune...
Et d’autant plus coupables
que tant d’entre vous aviez − et sans passer par Londres −
repris Rome au Reich
et versé votre sang jusqu’aux Rhin et Danube ;
alors que lui, le prince,
était resté au fond de son képi et de son porte-voix,
laissant le devancer la division Leclerc
– comme pour en mieux s’annexer les traces.
Ce prince, dont les plus hauts faits d’arme
n’ont guère été que d’avoir coffré un maréchal
et vaincu l’Algérie française.
Votre Algérie justement,
ce foutu bled qui n’est qu’obstacle
à une certaine idée qu’il se fait de la France
et au noble destin qu’il entend partager avec elle.
Mais que pourrait-il, ce prince,
sans la cour qui le porte ?
et qui vous grime tous en essoreurs de burnous, tous !
– quitte à vous le marquer au fer rouge en cas d’objection –
et qui vous bâillonne avec des muselières,
car quand on veut tuer son frère on dit que c’est un chien.
Et à ceux qui plus tard
n’auront de cesse que d’apposer rue d’Isly
une plaque en mémoire de vous,
– ne serait-ce que pour panser quelques plaies aux façades –
on répondra sans s’arrêter
qu’il n’existe guère à Alger de rue à ce nom.
Et que mieux vaut apposer votre plaque à Paris,
en plein cœur de la place... Charles-de-Gaulle,
au flanc de l’Arc de Triomphe :
ne serait-ce que pour y clore en beauté la liste des victoires,
puisque la rue d’Isly fut le lieu de la plus méritoire...
Philippe Inégalité- Intervenant
- Nombre de messages : 99
Age : 34
Localisation : rue d'Isly
Réputation : 3
Date d'inscription : 25/03/2007
Re: Aux passants de la rue d'Isly (Alger - 26 mars 1962)
Pardon,
l'auteur de ce texte est Philippe Martineau.
Il en existe une interprétation sur Google Video.
l'auteur de ce texte est Philippe Martineau.
Il en existe une interprétation sur Google Video.
Philippe Inégalité- Intervenant
- Nombre de messages : 99
Age : 34
Localisation : rue d'Isly
Réputation : 3
Date d'inscription : 25/03/2007
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