Enjeux énergétiques de la campagne présidentielle US

Bonsoir à tous les forumeurs !

A signaler un éditorial intéressant dans le NY Times :

http://www.nytimes.com/2008/09/03/opinion/03friedman.html?th&emc=th

N'ayez crainte, chers amis. Le Pierrot, il s'y est collé à la traduction !

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3 septembre 2008
Op-Ed Columnist
Et finalement, il n'en est resté qu'un*
(titre original : "And then there was one"* ; allusion au titre d'un disque du groupe Genesis "And then there were three", N.d.T.)
par THOMAS L. FRIEDMAN

Alors que nous sortons à peine de la Fête du Travail (fêtée aux Etats-Unis le premier lundi du mois de septembre, N.d.T.), les étudiants à l'université retrouvent le chemin des campus, non seulement pour entamer le premier semestre universitaire, mais également, pour certains d'entre eux, pour voter pour la première fois à une élection présidentielle. Il n'y a pas de sujet plus important sur les campus ces jours-ci que l'environnement/l'énergie. En se rendant à cette élection, j'ai pensé que, pour la première fois, nous aurions le choix entre deux candidats "verts". Cette opinion n'est plus d'actualité ; les étudiants à l'université (et tous les autres) doivent bien comprendre cela.

En choisissant comme candidate à la vice-présidence Sarah Palin, gouverneur de l'Alaska (qui a défendu les forages dans le Parc Naturel National Arctique et ne pense pas que l'humanité y soit pour quoi que ce soit dans le changement climatique), John McCain a parachevé son changement de look, troquant sa tenue de "Républicain le plus vert à se présenter à l'élection présidentielle" pour le costume de nouveau représentant du lobby des compagnies pétrolières.

Le sénateur McCain s'étant ostensiblement abstenu lors des huit tentatives de faire adopter un projet de loi étendant les crédits d'impôts et subventions au développement des industries éoliennes et solaires, et s'étant prononcé pour la réduction des taxes sur l'essence, cadeau promotionnel irresponsable qui ne ferait que favoriser la consommation d'essence et accentuerait notre dépendance envers le pétrole, et étant donné son désir de favoriser les forages pétroliers plutôt que l'innovation dans le domaine des énergies renouvelables, point central de sa politique énergétique (induisant ainsi en erreur les électeurs sur le fait que multiplier les forages aujourd'hui se traduirait immédiatement par des baisses de prix à la pompe), McCain a tout simplement trahi sa prétention à se présenter en candidat de l'écologie.

Alors, s'il vous plaît, étudiants, quand McCain se rendra sur votre campus et jettera un regard sur quelques affiches représentant des éoliennes et des panneaux solaires, demandez-lui pourquoi il a disparu de la circulation lorsqu'il s'est agi de soutenir ces nouvelles technologies au Congrès (= le Parlement américain, N.d.T.).

"Au mois de juin, le Parti Républicain a organisé un tour d'horizon", a déclaré Carl Pope, directeur exécutif du Sierra Club. "L'un des taureaux non marqués au fer (un nom de vieil indépendant John McCain) a été enfin attrapé au lasso. Ils l'ont alors marqué d'un énorme 'Lazy O', la marque de George Bush, le "O" signifiant "oil", c'est-à-dire "pétrole". Exit l'indépendant."

"Une des dernières positions politiques indépendantes de McCain qui l'a brouillé avec Bush, c'était son opposition aux forages dans le Parc Naturel National Arctique", a ajouté Pope, "mais voilà maintenant qu'il se choisit une colistière qui a voté contre le fait de déclarer responsables les grandes compagnies pétrolières et a montré son dédain envers les énergies alternatives en se prononçant en faveur de l'augmentation des forages pétroliers dans un parc naturel et au large de nos côtes. Alors que le côté nord de son Etat plonge littéralement dans l'Océan Arctique (dont les eaux montent), Sarah Palin déclare : 'La question du réchauffement de la planète fait toujours l'objet d'un débat'. En fait, elle recale par avance le jury... et c'est à elle que John McCain va donner carte blanche."

Il est vrai que les confrontations de Palin avec les pétroliers, considérées par beaucoup comme des balivernes, se sont toutes limitées à se demander qui devrait recevoir sa part des bénéfices exceptionnels engrangés, et non à se demander comment mettre fin à notre dépendance.

Barack Obama devrait mettre davantage l'accent sur le côté écologique de son programme, mais il a eu au moins le courage, dans le feu d'une primaire démocrate, de ne pas flatter les électeurs en s'engageant clairement pour une augmentation des taxes sur l'essence. Et alors qu'il s'est prononcé pour une extension limitée des forages en mer, il s'est abstenu de flatter les électeurs en prétendant que c'était la solution à nos problèmes énergétiques.

Je ne suis pas contre une extension limitée des forages en mer maintenant. Mais c'est un détail. En martelant constamment devant les électeurs que sa priorité en matière d'énergie est de toujours "forer, forer, forer", McCain détourne l'attention de ce qui devrait être l'une des questions centrales de cette élection : qui a le meilleur projet pour promouvoir une grande innovation dans les technologies des énergies propres et le rendement énergétique ?

Pourquoi ? Parce que les technologies des énergies renouvelables (que j'appelle les "E.T.") vont constituer le tout prochain grand secteur industriel de la planète. Elles égaleront et probablement surpasseront les "I.T." (les technologies de l'information). Le pays qui créera le plus d'entreprises dans les E.T. sera celui qui aura le plus de puissance économique, le plus gros atout stratégique et un niveau de vie en hausse. Nous devons faire en sorte que ce soit l'Amérique. Les grandes compagnies pétrolières et les pays de l'OPEP cherchent à tout faire pour que ce ne soit pas l'Amérique.

La désignation de Palin comme candidate à la vice-présidence et son désir d'autoriser le forage dans les étendues sauvages de l'Alaska "m'ont rappelé un déjeuner que j'ai eu il y a trois ans et demi avec un des attachés commerciaux russes", m'a déclaré le consultant en commerce mondial Edward Goldberg. "Après un certain nombre de verres de vin, ce monsieur m'a dit que son pays était très heureux que l'administration Bush cherche à forer dans les étendues sauvages de l'Alaska. Pour lui, la quantité de produit qu'on pourrait vraiment extraire de cette région est négligeable en regard des besoins. En revanche, cela signifie que l'administration Bush envisage de ne rien faire pour chercher une énergie alternative, chose qui évidemment menacerait la croissance économique de la Russie".

Alors, chers étudiants, ne laissez personne dire que, sur la question de l'écologie, cette élection n'a aucune importance. Elle est d'une importance vitale, et les choix ne pouvaient pas être davantage entre blanc ou noir.
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Commentaire intéressant de l'ami qui m'a adressé cet article :
"Et plus largement, il est intéressant de voir que derrière quasiment tous les événements géopolitiques, il y a des histoires de contrôle des ressources/de l'énergie."

Bien à vous,


Pierrot

Pierrot de la Luna a écrit:Bonsoir à tous les forumeurs !

A signaler un éditorial intéressant dans le NY Times :

http://www.nytimes.com/2008/09/03/opinion/03friedman.html?th&emc=th

N'ayez crainte, chers amis. Le Pierrot, il s'y est collé à la traduction !

Merci pour les francophones, mon cher. Vos interventions dans cette rubrique sont remarquables. Voilà qui donne un point de vue un peu plus éclairé sur la campagne américaine et qui nous change des poncifs de HDL FM ou même des médias du système sur le sujet.

Bav.

Victor le chacal a écrit:

Pierrot de la Luna a écrit:Bonsoir à tous les forumeurs !

A signaler un éditorial intéressant dans le NY Times :

http://www.nytimes.com/2008/09/03/opinion/03friedman.html?th&emc=th

N'ayez crainte, chers amis. Le Pierrot, il s'y est collé à la traduction !

Merci pour les francophones, mon cher. Vos interventions dans cette rubrique sont remarquables. Voilà qui donne un point de vue un peu plus éclairé sur la campagne américaine et qui nous change des poncifs de HDL FM ou même des médias du système sur le sujet.

Bav.

Merci de vos encouragements, cher Victor !
Une question, toutefois : Qu'appelez-vous le "système" ?
bav


Pierrot